Méthodologie : créations et suppressions d’emplois par catégorie d’entreprises, une approche dynamique.
S’il est relativement facile de décrire et de comparer, à une date donnée, les grands ensembles d’entreprises, étudier la dynamique de l’emploi par catégorie d’entreprises est beaucoup plus difficile : quand une entreprise change de catégorie, par exemple de microentreprise à PME parce qu’elle a créé de l’emploi, faut-il attribuer l’augmentation de l’emploi aux microentreprises ou aux PME ?
L’approche dynamique consiste à répartir l’évolution de l’emploi entre les catégories d’entreprises en fonction des seuils les définissant. Par exemple, le seuil déterminant la limite entre les microentreprises et les PME est de 9 salariés. Ainsi, si une microentreprise compte 7 salariés en 2021 et devient une PME de 15 salariés en 2022, alors 2 emplois sont attribués aux créations d’emplois des microentreprises et 6 aux créations des PME. En revanche, si cette microentreprise est rachetée par une PME, il n’y a ni création ni suppression d’emploi : il y a un flux de 7 salariés des microentreprises vers les PME.
Il aurait été plus riche encore de disposer des types d’emploi dont l’importance est inégale (je pense aux CDD de trés courte durée) et par ailleurs du flux total des créations d’emploi et de leur destruction et pas seulement de leur solde. Enfin les chefs d’entreprise non salariés ne sont pas pris en compte dans ces calculs, ce qui rend incomplet le regard sur l’emploi.
Les grandes entreprises s’avèrent les moins créatrices d’emplois nouveaux durables, même en intégrant des emplois venus d’autres tailles d’entreprises, contrairement aux TPE et PME.
♦ Un cadrage du nombre d’établissements et de salariés.
En 2022, en France, les 5,2 millions d’entreprises des secteurs marchands hors agriculture emploient 16,8 millions de salariés à travers 1,7 million d’établissements employeurs.
On compte environ 350 GE employant 4,6 millions de salariés, un peu plus de 7 000 ETI employant 4,2 millions de salariés, près de 180 000 PME employant 5millions de salariés et environ 5 millions de microentreprises employant 3,1 millions de salariés.
⇒ L’évolution des emplois pat tranche de taille.
♦ Entre 2012 et 2022, les microentreprises, les PME et les ETI créent dans leurs établissements respectivement 870 000, 654 800 et 346 300 emplois salariés, alors que les grandes entreprises en suppriment 173 400.
♦ Dans leurs établissements pérennes, les TPE ont un solde de 484 400 emplois nouveaux, les PME de 500 500, alors que les ETI affichent 134 200 emplois supplémentaires et les grandes entreprises une perte de 282 500 emplois.
Ce solde est modifié par les transferts d’emploi d’une taille d’entreprise à une autre, dont les grandes entreprises sont les plus bénéficiaires.
Au final, 1,698 million d’emplois ont compété leurs effectifs de 2012.
⇒ Qu’en est-il des emplois générés au sein de la tranche de taille et des transferts d’emploi par taille d’entreprise :
Entre 2012 et 2022, dans le secteur marchand non agricole, le nombre d’emplois salariés a augmenté dans toutes les tailles d’entreprises. Ces évolutions se décomposent en deux effets, les créations nettes d’emplois par catégorie d’entreprises d’une part, et le transfert d’emplois entre catégories d’autre part via des changements de taille des entreprises ou via des opérations de rachats ou de cessions.
♦ Au sein des grandes entreprises :
Si leur solde final en emplois supplémentaires est positif avec 314 257 salariés, c’est grâce aux ETI qui leur ont apporté 483 239 emplois, et plus modérément aux PME avec un apport de 40 385 emplois, alors que le nombre d‘emplois en interne a chuté de 174 000.
♦ Au sein des ETI :
Leur solde final est bien plus conséquent à celui de grands entreprises (+682 848), du fait des apports des PME (+804 708), diminué de leurs apports aux grandes entreprises (483 239 emplois).
♦ Au sein des PME :
Le solde final est proche de celui des ETI (505 324 emplois), du fait des apports des TPE (689 400 emplois), diminué de leur contribution aux ETI (804 708 emplois) et accessoirement aux grands entreprises (40 385 emplois). Le flux d’emplois créés ou supprimés en interne est proche de celui des PME(654 822).
♦ Au sein des TPE :
Les emplois créés ou supprimés en interne fait état du solde le plus élevé avec une progression de 869 965 emplois, mais un glissement d’emplois vers les PME de 689 394 emplois, les conduisant à la variation en emplois la plus faible (177 490).
Les TPE, les PME et les ETI créent dans leurs établissements 1,9 million d’emplois salariés en France sur la période. Les TPE en créent près de la moitié, mais beaucoup d’entre elles changent de catégorie à la suite de leur croissance ou de leur rachat par des entreprises de plus grande taille, si bien que les effectifs salariés de cette catégorie augmentent peu finalement. Dans le même temps, les effectifs salariés dans les grandes entreprises augmentent sur la période bien qu’elles suppriment 173 000 emplois dans leurs établissements : les pertes d’emplois sont plus que compensées par des fusions-acquisitions ou des rachats d’établissements appartenant à de plus petites entreprises.
⇒ L’évolution au fil du temps.
Sur cette décennie, trois périodes se distinguent par leurs dynamiques spécifiques.
♦ En 2013 et 2014, les effets de la crise économique de 2009 se sont prolongés : 110 900 emplois ont été supprimés au total, principalement dans les grandes entreprises (-94 800).
♦ De 2015 à 2019, la reprise a été franche : 867 100 emplois ont été créés, dont 345 300 dans les microentreprises, 337 900 dans les PME, et 205 700 dans les ETI. Pour les grandes entreprises, le solde d’emploi est resté équilibré.
♦ Enfin, malgré une interruption brutale pendant la crise sanitaire, 941 500 emplois ont été créés depuis 2020 : le rythme des créations s’accélère surtout dans les établissements des TPE (+525 200), des PME (+330 500), et dans une moindre mesure dans ceux des ETI (+142 600), alors que les établissements des grandes entreprises suppriment à nouveau des emplois (-56 800).
⇒ Des créations d’emplois dans quatre zones d’emploi sur cinq
Entre 2012 et 2022, des emplois sont créés dans quatre zones d’emploi sur cinq. Les grandes agglomérations connaissent presque toutes une évolution positive. Sur l’ensemble des vingt plus grandes zones d’emploi, toutes les catégories d’entreprises participent aux créations (+458 200 dans les TPE, +384 900 dans les PME, +232 000 dans les ETI), même si la contribution des grandes entreprises est faible (+6 000). Parmi ces vingt plus grandes zones d’emplois, l’emploi salarié stagne uniquement à Versailles‑Saint‑Quentin.
Plus de la moitié du total des créations d’emploi entre 2012 et 2022 est concentrée sur dix zones d’emploi (Paris, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Lille, Montpellier, Rennes, Aix‑en‑Provence, Marseille) avec 918 200 emplois créés, alors qu’elles ne regroupent qu’un peu plus d’un tiers des salariés en fin de période.
Dans chacune de ces zones, l’essentiel des créations provient des TPE (+358 300 au total), des PME (+320 200) et des ETI (+208 100). Les évolutions sont plus contrastées dans les grandes entreprises (+31 600 au total), avec des suppressions d’emplois dans trois de ces dix zones d’emploi.
Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/8641569