Méthodologie : enquête par téléphone et en ligne auprès de 2 814 bénéficiaires d’un microcrédit professionnel de l’Adie, financés pour la 1ére fois par l’association entre le 1er janvier 2021 et le 31 décembre 2022, afin d’avoir un recul suffisant sur le devenir de leur entreprise (2 à 3 ans après le financement). Parmi eux, 539 résidaient en ZFRR. L’étude a été réalisée par l’agence Archipel&Co, spécialisée dans la mesure d’impact.
Le dispositif zone France ruralités revitalisation (ZFRR) concerne les communes de moins de 30 000 habitants. Répondant à des critères définis de densité et de revenus de la population faibles, déterminant de façon objective leur vulnérabilité économique, elles bénéficient pour 6 ans d’exonérations fiscales. Au 1er janvier 2025, la France compte environ 17 700 communes classées en ZFRR, y compris en Outre-Mer ; ce sont 80% des communes, avec seulement 1/3 de la population.
Une des difficultés pour appréhender ces résultats, c’est qu’ils sont surtout fondés sur des opinions, pris comme “vrais” sans prendre le recul nécessaire, rendant une “image” quelque peu “utopique”.
L’impact de l’action de l’Adie est à la fois la pérennité de l’entreprise créée et plus encore l’amélioration de l’insertion sociale, de leur bien-être et de la confiance en eux et dans l’avenir.
⇒ Chiffres clés pour l’ensemble de l’Adie en 2024, afin de comparer avec la sous-population des créateurs en ZRFF :
♦ Les chiffres les plus discriminants :
49% sont sous le seuil de pauvreté (moyenne nationale : 14,5%),
33% percevaient les minima sociaux (vs 7%), 60% en sont sortis,
19% sont sans diplôme (vs 6,5%),
20% habitent en QPV (vs 7%).
♦ Et ceux plutôt proches de la moyenne nationale :
45% sont des femmes (vs 40%)
15% habitent en zones rurales (moyenne nationale population, 16%), mais 20% en ZFRR (vs 11) dont la moitié en outre-mer.
27% ont moins de 30 ans (vs 31%).
Un taux de pérennité à 3 ans des entreprises individuelles de 78% (vs 75),
♦ Par ailleurs,
– 1,2 emploi ont été crée par entreprise encore en activité
– 77% ont une meilleure estime d’eux-mêmes,
– 71% des entrepreneurs encore en activité ont le sentiment d’avoir réussi,
– 64% se sentent mieux intégrés à la société,
– 56% déclarent que leur situation financière s’est améliorée depuis l’obtention du microcrédit.
⇒ Les créateurs accompagnés par l’Adie en ZRFF.
En 2024, 20% des créateurs d’entreprises accompagnés par l’Adie habitent en ZRR (la moitié en outre-mer), alors que 11% des entreprises créées en France se situent dans les ZRR. Plus de 125 000 entreprises y ont vu le jour.
89% sont satisfaits d’avoir créé parce que la création répond à un désir de flexibilité, d’indépendance et de choix dans l’exercice de leur activité professionnelle (7 créateurs sur 10 préfèrent cette option).
60% estiment que l’Adie a été déterminante ou importante pour la réalisation de leur projet de création.
♦ Qui sont-ils ?
Plus que pour les autres créateurs, ils sont sans diplôme (22% vs 9) et davantage allocataires de minima sociaux (32% vs 7). 16% exerçaient une activité informelle.
Par ailleurs 46% sont des femmes, 14% des étrangers ; l’âge moyen est de 41 ans.
Les projets sont surtout tournés vers le secteur des services : les services aux particuliers (31%), le commerce sédentaire (18%), les HCR (12%) et peu dans le transport (3%).
Avec la numérisation de l’économie, 53% utilisent les réseaux sociaux et 21% ont recours à des plateformes pour se mettre en relation et trouver des clients.
♦ Ceux qui ont cessé leur activité évoquent surtout l’incapacité à faire décoller leur entreprise (34%) ou le choix de retourner vers un emploi salarié (21%). Malgré tout, 27% d’entre eux souhaiteraient retenter l’expérience d’une nouvelle création d’entreprise dans les 2 années à venir.
⇒ 75% des créateurs soutenus sont toujours en activité 3 ans après leur création.
Chiffre d’affaires et revenu
♦ 76% de ces entrepreneurs sont optimistes ; 84% se déclarent confiants concernant leur activité au cours des mois à venir. Près de 7 entrepreneurs toujours en activité sur 10 se déclarent satisfaits de leur niveau de vie.
En outre, parmi les bénéficiaires du RSA, de la prime d’activité, de l’AAH, de l’API ou de l’ASS au moment du financement, 54% ne perçoivent plus ces minima aujourd’hui (les 3/4 pour ceux qui percevaient le RSA).
♦ Sur 10 entreprises toujours actives, 7 parviennent à dégager du chiffre d’affaires 2 à 3 ans après le financement. En moyenne, sur 2023, ces entreprises génèrent un chiffre d’affaires annuel de 28 400€, jugé satisfaisant par 74% des créateurs en activité.
♦ La quasi-totalité des entreprises actives dégageant un chiffre d’affaires permettent à leur créateur de percevoir un revenu : dans 59% des cas, ces revenus permettent aux entrepreneurs d’épargner ponctuellement ou régulièrement. Les revenus mensuels « nets » issus de leur activité s’élèvent en moyenne à 1 200€ et sont fréquemment couplés à d’autres sources de revenus (prestations sociales, revenus tirés d’autres activités pour les slasheurs, ou revenus du conjoint). 52% estiment que leur situation financière s’est améliorée, alors que pour 38% elle n’a pas changé.
Dynamique de l’entreprise
♦ 55% ont ouvert un compte bacaire professionnel et 34% ont constaté une amélioration de leur relation avec leur banque depuis l’obtention du prêt de l’Adie. De fait, 47% ont obtenu un prêt bancaire en sus de celui de l’Adie. La part de ceux qui n’osent pas demander un prêt diminue de 12 points après avoir obtenu le microcrédit, passant de 22 à 10%.
♦ 9% ont embauché des salariés ; en moyenne, les entrepreneurs qui ont des salariés en ont embauché 2,4. Concernant le type de contrat, 53% des salariés sont en CDI, dont 66% à temps plein. Interrogés sur leurs perspectives de recrutement à venir, 15% des créateurs en activité déclarent avoir l’intention d’embaucher dans les 12 prochains mois.
♦ 20% ont mis en place des actions concrètes pour réduire l’impact environnemental de leur activité. Parmi les actions menées, citons le choix de fournisseurs locaux ou éco-responsables (85%), la réduction des déchets (49%) et l’investissement dans du matériel plus durable (42%).
Pour 1/4, le microcrédit a servi à financer un véhicule professionnel, principalement une voiture ou un utilitaire (moins polluante ou plus récente).
♦ Par ailleurs, la création d’entreprise permet de renforcer le tissu économique local (46% privilégient les fournisseurs locaux). D’autre part, presque 3 entrepreneurs sur 10 estiment que le lancement de cette activité leur a permis de rester vivre où ils le souhaitaient.
⇒ Au-delà de la pérennité de l’activité, le devenir des créateurs et leur inclusion financière et sociale constituent les indicateurs majeurs de l’impact.
♦ 93% des personnes accompagnées par lʼAdie déclarent être en emploi en 2024, dont 77% à la tête de leur entreprise et 14% en emploi salarié.
Plus des 3/4 des entrepreneurs ayant cessé leur activité entrepreneuriale ont retrouvé un emploi. Parmi ces derniers, 45% estiment que leur expérience de création d’entreprise leur a été utile pour trouver un emploi.
♦ 70% disent avoir une meilleure confiance dans l’avenir (22% pas de changement). Pour 68% leur bien-être s’est amélioré (mais 21% estiment qu’il n’y a pas eu de changement). Pour 57%, le regard des autres sur eux s’est amélioré (mais pour 40%, il est sans changement). Ainsi, 74% ont une meilleure estime d’eux-mêmes : 65% se sentent mieux intégrés à la société.
♦ Dans le cas où l’activité existait sans être formalisée, le microcrédit a permis de débloquer les freins à l’immatriculation dans 8 entreprises sur 10 entreprises, 2 à 3 ans plus tard.
Pour en savoir davantage : https://www.calameo.com/read/00727022715040554de5f?trackersource=library