Les seniors : une répartition entre emplois dont ceux de non-salariés, retraite, inactivité.


"Les seniors, l’emploi et la retraite", France Stratégie, rapport octobre 2018

Hors une approche globale des seniors au regard du travail, brièvement esquissée, il m’a paru intéressant d’observer les non-salariés, les seniors au chômage ou en recherche d’activité, éventuels candidats à la création d’entreprise.

 

Malgré une nette hausse du taux d’emploi des seniors depuis une vingtaine d’années, la France se caractérise encore par un faible taux d’emploi des 60-64 ans (29,4%, 42,5% en moyenne dans l’Union européenne).

 

⇒ Les seniors sur le marché du travail

 

82,7% des 55-64 ans sont en CDI et 5,6% en CDD, vs 89,5% et 9,5% pour les 25-49 ans. 17,3% sont des non-salariés (16,9% pour les 50 ans et plus) vs 10,5% pour les 25-49 ans.

 

S’agissant des seniors présents sur le marché du travail, la France n’apparaît pas dans une position très singulière : leur moindre accès à la formation, leur surrémunération apparente comparée aux moins âgés ou leurs conditions d’assurance chômage sont des caractéristiques que l’on retrouve dans certains pays européens à haut taux d’emploi des seniors. Il en va de même des difficultés de retour à l’emploi pour les seniors qui perdent leur poste, avec un risque accru de chômage de longue durée.”

En France, comme ailleurs, la proportion de seniors en emploi s’accroît avec le niveau de diplôme; en 2017, le taux d’emploi des 55-64 ans dotés d’un diplôme supérieur à Bac+2 s’établissait à 70,3% contre 39,8% pour les seniors sans diplôme ou seulement titulaires du certificat d’études primaires.

 

les 55-64 ans sont davantage touchés par l’emploi temporaire que leurs homologues étrangers (8,4% vs 6,7).

La croissance du recours au temps partiel avec l’âge n’est pas propre à la France, avec dans l’UE en 2017 une part de 22% pour les 55-64 ans contre 19,4% pour l’ensemble des 15-64 ans.
Mais le temps partiel des 55-64 ans n’est en France « choisi » que dans 62% des cas, chiffre très inférieur aux moyennes UE (79%) et OCDE (85%) pour les seniors.

Le temps partiel subi concernerait ainsi près de 10% des 55-64 ans en emploi (23% d’emploi à temps partiel dans cette tranche d’âge).

 

⇒ Les non-salariés de 55 à 64 ans  sont 19% (25,6% des hommes et 12,2% des femmes), soit 11,6% des actifs occupés, avec une hausse particulièrement prononcée après 60 ans. 

Les non-salariés restent plus longtemps en emploi, particulièrement les professions libérales. En 2016, en moyenne seuls 21% des assurés liquidant un droit direct dans un régime de base avaient 65 ans ou plus au 31 décembre, vs 55% pour les professions libérales, 30% pour les commerçants et artisans du RSI, et 24% pour les agriculteurs (MSA non-salariés).

Au-delà du maintien dans l’emploi, le travail indépendant peut aussi constituer une modalité de retour à l’emploi : 6% des reprises d’emploi des chômeurs de 50 ans et plus en 2016, vs pour les 25-49 ans (7%). Les réticences face au statut d’indépendant sont toutefois nombreuses, comme le confirme une étude de l’APEC : difficultés à séparer la vie privée de la vie professionnelle, risques financiers en cas de faillite, pression, solitude… Les 55 ans et plus ne représentent que 5% des bénéficiaires de l’aide aux chômeurs créateurs d’entreprise, selon la base de données Eurostat « politiques du marché du travail ».

Noter que l’effet « travail indépendant » chez les seniors est plutôt moins prononcé en France.  

 

Inversement on observe des flux non négligeables de passage au salariat chez les seniors, parmi les anciens indépendants au chômage (4%).

 

⇒ Le cumul emploi-retraite

 

En 2016, selon l’enquête Emploi, 463 000 personnes sont en situation de cumul emploi-retraite, dont 42 % de femmes.

 

La CNAV décrit une population assez hétérogène, avec trois grandes catégories-types :

-celle d’hommes avec des carrières longues et pleines, souvent partis au titre de retraites anticipées pour carrière longue (24%),

-celle de cadres, majoritairement des hommes avec des salaires plus élevés (45%)

-et une dernière catégorie majoritairement féminine avec des carrières marquées par des aléas (31%).

 

⇒ Les 55-64 ans qui ne sont plus en emploi

 

Le chômage des 55-64 ans ne s’élève en 2017 qu’à 6,5 % (9,1% pour l’ensemble des 20-64 ans), à peine plus que la moyenne européenne pour les 55-64 ans.

 

En moyenne sur les années 2015 à 2017, à l’âge de 60 ans, 29% des seniors ne sont ni en emploi ni en retraite (7% au chômage ou dans son halo, 12% inactives depuis une date postérieure à leurs 50 ans et, enfin, 10% inactives depuis une date antérieure à leurs 50 ans). 

Si on examine la nature des revenus des 54-69 ans qui ne sont ni en emploi, ni à la retraite ou en préretraite, plusieurs groupes sont observés :  26% ont des allocations chômage, 26%  n’ont aucun revenu personnel ou un minimum social mais avec un conjoint ayant des revenus, 25% une pension (dont 15% d’invalidité), 19% un minimum social.

Ces seniors ni en emploi ni à la retraite, comparés à l’ensemble de la tranche d’âge sont plus souvent des femmes, en moins bonne santé (avec 29% se déclarant en mauvais ou très mauvais état de santé et 30% ayant une reconnaissance administrative de handicap). Leur niveau de vie médian s’élève à 1 270€ par mois en 2015, ce qui est inférieur tant à celui des seniors en emploi (2 090€) qu’à celui des retraités (1 860€).

 

Les 55-64 ans en retraite

 

La part des 55-64 ans à la retraite s’avère importante en France, supérieure de 10 points de pourcentage à la moyenne de l’UE.

 

Le rapport examine aussi “QUELS FREINS ET LEVIERS À L’ACTIVITÉ ASSOCIÉS AU MARCHÉ DU TRAVAIL ? (salaires, formation, indemnisation du chômage, impact des conditions de travail, santé, prise en charge des proches, questions conjugales et patrimoniales…).