Sources : Sine est un dispositif permanent d’observation d’une génération de nouvelles entreprises tous les quatre ans. Le champ de l’enquête couvre l’ensemble des créations d’entreprise du 1er semestre d’une année donnée, hors micro-entrepreneurs (interrogation spécifique), dans l’ensemble des activités économiques marchandes non agricoles. Certaines unités sont classées hors champ de l’enquête, en particulier les entreprises qui ont vécu moins d’un mois, les activités de holding, les loueurs de logements et les sociétés civiles immobilières. 24 000 entreprises sont interrogées. Cette cohorte a été de nouveau enquêtée fin 2021 et fin 2023.
Définitions : une création d’entreprise correspond à la mise en œuvre d’une nouvelle combinaison de facteurs de production avec pour restriction qu’aucune autre entreprise ne soit impliquée dans cet évènement. Ainsi un entrepreneur individuel qui se réorganise en société ne donne pas lieu à une création d’entreprise.
Le taux de pérennité à N ans est le rapport entre le nombre d’entreprises créées au 1er semestre d’une année donnée encore actives N années après leur création et l’ensemble des entreprises créées ce même semestre.
Les taux de pérennité des créations en société sont assez proches quelques soient les profils des dirigeants. Ils différent davantage au regard de l’ambition du projet et du secteur d’activité.
⇒ Comparaison avec le panel 2014-2019 (un taux moyen de 61%).
Le taux est en progression de 8 points au regard des entreprises créées en 2014 et pérennes 5 ans plus tard.
Le changement de composition du champ de l’enquête (élargissement des conditions d’accès au régime du micro-entrepreneur au 1er janvier 2018) explique une partie de cette hausse. Une fois corrigée de l’effet de structure lié au poids plus élevé des sociétés en 2018 (79% contre 61 en 2014), la pérennité à 5 ans des entreprises augmente de 5 points, dont 3 points liés à la hausse de la pérennité des sociétés entre 2014 et 2018 et 2 points à celles des entreprises individuelles.
⇒ L’évolution des effectifs en 5 ans.
Les données publiées concernent l’évolution au sein de tranches de salarié pour les entreprises toujours en activité 5 ans après et pas les taux de pérennité par tranche de taille, dommage.
♦ Fin 2023, 251 000 personnes travaillent dans les entreprises créées au 1er semestre 2018, dont 158 000 salariés hors dirigeants, soit 24 500 salariés de plus que fin 2018, mais 14 100 de moins que fin 2021. Entre 2018 et 2021, l’emploi a augmenté (+38 600). De 2021 à 2023, ce sont 15 100 créations d’emplois et 29 200 suppressions dues à des cessations d’entreprises, dont moitié de postes salariés et moitié de dirigeants.
De leur coté, les entreprises pérennes ont créé 78 200 emplois (salariés et non salariés) tandis que les cessations ont généré 39 600 suppressions ((salariés et non salariés).
♦ L’effectif salarié a fortement progressé pour les créations en société : si 31% des créations en société avaient des salariés au démarrage, elles sont 5 ans plus tard 48% ; cette progression s’est surtout faite au cours des 3 premières années. La tranche des 6 salariés et plus est celle qui a connu la plus forte progression passant de 4% au démarrage à 10% avec 6 salariés 5ans plus tard.
Par contre les créations en entreprise individuelle ont moins développé le salariat, passant au démarrage de 11% à 19 ; celui-ci a davantage progressé dans les tanches de 1 à 5 salariés.
♦ Au sein des entreprises qui avaient déjà des salariés en novembre 2021, 45% emploient le même nombre de salariés 2 ans plus tard ; 29% ont embauché et 26% ont réduit leurs effectifs. salariés. Parmi les entreprises qui prévoyaient fin 2021 d’embaucher, 41% l’ont effectivement fait en 2023, alors que 22% l’ont baissé.
⇒ Les taux de pérennité selon les caractéristiques de l’entreprise : l’ambition mise en œuvre conduit à de meilleurs taux.
♦ Selon les capitaux réunis au démarrage : les créations en société concernent 82 à 91% des créations, avec l’exception de ceux qui ont investi moins de 4 000€ (69%). Ceux qui ont investi au moins 80 000€ ont les taux les plus favorables (77-79% vs 68-74 pour les tranches inférieures d’investissement et 72-74 pour les créations en entreprise individuelle vs 61-65) ; toutefois la tranche de 40 000 à 80 000€ est aussi plutôt favorable en pérennité avec un taux de 73% pour l’une et l’autre situation).
A contrario, la tranche des moins de 4 000€ connait les taux les moins favorables (67% les créations en société et 61 en entreprise individuelle).
♦ Mais le type d’activité influe sur la pérennité : les services ont des taux de pérennité plus favorables que les activités hors services (créations en société 68-80% vs 66-70 et créations en entreprise individuelle 67-80 vs 44-48) ; les taux les moins favorables sont ceux des HCR (société 66% et entreprise individuelle 48) et du commerce (67 et 45).
2 exceptions à noter : l’industrie avec un taux favorable pour les créations en société (77%) vs un faible taux pour celles en entreprise individuelle (44, le fait notamment d’activité de type métiers d’art classés dans cette rubrique). Autre exception l’informatique et communication (création en société 67% vs en entreprise individuelle 34, mais ces créations en entreprise individuelle ne sont que 5% des créations de cette activité).
♦ La reprise d’entreprise en société est plus favorable (74%) que la création (70), mais là encore l’écart est peu important. Par contre en entreprise individuelle, l’écart est plus important (71% vs 62).
♦ La localisation de l’entreprise : s’il y a peu d’écart selon les différentes localisations pour les créations en entreprise individuelle (62 à 69%), ces derniers sont plus importants pour la création en société ; les “communes hors attraction des pôles” connaissent les taux les plus favorables (78%), du fait d’une concurrence restreinte (ce sont notamment des communes rurales et des gros bourgs où le taux de création en société est le plus faible, 68% vs 75-86), comme pour les “communes de la couronne” (75%) vs les “communes centre” (69%).
⇒ La pérennité au regard des caractéristiques du dirigeant :
♦ Selon le niveau de diplôme : curieusement ceux issus de l’enseignement secondaire (44% des pérennes) sont plus souvent en société (85-87%), que ceux issus du supérieur (70-77%) où l’on trouve l’activité santé et éducation et les services aux entreprises plus souvent en entreprise individuelle (obligation pour la santé, les activités juridiques…).
Ceux sans diplôme, et ceux de niveau bac, notamment en entreprise individuelle, ont le taux le plus faible de pérennité (46% et 53 vs 63-69), alors que leur taux en société est plus favorable (63%), et pas trés éloigné des autres niveaux de formation (63 et 70 vs 72).
♦ Selon leur expérience professionnelle : la durée d’expérience longue (au moins 10 ans) dans un métier identique conduit plus souvent à une création en société (81%), tout comme la création dans un métier identique (87), alors que ceux qui ont moins de 3 ans d’expérience dans un métier identique, le sont le moins (55%).
Ceux de 3 ans au moins d’expérience dans un métier identique et créant en société ont les taux de pérennité les plus hauts (73%) vs ceux de moins de 3 ans dans le métier ou en métier différent (66-68%), sans en être trés éloignés.
♦ Selon l’âge : les 30-55 ans en société ont le meilleur taux de pérennité (72%), en fait peu éloigné des autres situations (entre 64 et 69%), sauf les plus de 55 ans en entreprise individuelle (51%). Noter que les moins de 30 ans sont moins souvent en société (65% vs 81-87 les autres tranches d’âge).
♦ Le suivi d’une formation à la création n’est pas probant et parait plus favorable à ceux qui n’ont pas suivi de formation (création en société 68 v 72 ; création en entreprise individuelle 61 vs 64). Pour analyser plus avant, il nous manque de savoir le profil des chefs d’entreprise concernés et le type de formation suivie.
⇒ 4 situations particulières :
– Les sociétés sont plus souvent actives 5 ans après leur création que les entreprises individuelles hors microentrepreneurs (71 contre 63%). Les sociétés sont trés largement dominantes selon les différentes activités (80-95%), à l’exception de l’éducation/santé (24%) et des services aux entreprises (77%), alors que les entreprises individuelles le sont souvent au regard d’obligation légale (santé, activités juridiques).
– Ceux qui projettent de créer une structure qui ne serait active que provisoirement (11% des créateurs d’entreprise) ont une pérennité plus faible (61 vs 73% pour ceux dont l’activité est prévue durable). notamment dans le conseil de gestion et l’informatique (16%), la restauration traditionnelle (14%), le transport (13%).
– Les anciens chefs d’entreprise créateurs à nouveau ont des taux plus élevés (pas de données fournies).
⇒ La crise de Covid‑19 a eu un effet sur la pérennité des jeunes entreprises.
♦ Parmi les entreprises encore actives en novembre 2021, 88% le sont encore 2 ans plus tard. Leur pérennité à cinq ans dépend en effet du niveau de la baisse d’activité liée à la crise. De fait, les entreprises dont l’activité est restée stable ou a augmenté pendant la crise sanitaire ont 1,4 fois plus de chance d’être pérennes à cinq ans (1,3 pour celles dont la baisse de leur CA a été inférieure à 25%) ; celles dont l’activité a dû être arrêtée complètement au plus fort de la crise, ou celles dont le chiffre d’affaires a baissé de plus de 25% ont le plus souvent cessé.
Les plus affectées sont les activités HCR et activités récréatives, avec un taux de 7,5 points supérieurs à 5 ans et les HCR de 2,5 points.
♦ L’allocation d’activité partielle semble avoir amélioré la pérennité des entreprises qui y ont recouru. Ainsi, au sein des entreprises employeuses dont l’activité a baissé pendant la crise et qui étaient encore actives fin 2021, le taux de pérennité est plus élevé pour celles qui ont bénéficié de l’allocation d’activité partielle que pour celles qui n’ont bénéficié d’aucune aide.
⇒ Développement de l’activité de l’entreprise ou recherche de son maintien ?
♦ Fin 2023, 48% des créateurs d’entreprises pérennes déclarent avoir eu entre fin 2021 et fin 2023 pour objectif principal de maintenir le niveau d’activité, 32% de l’accroître et 20% ont cherché à la sauvegarder (5 points de plus qu’entre fin 2018 et fin 2021) ; 7% déclarent devoir redresser une situation difficile dans l’année à venir. Cette situation délicate de sauvegarde est presque deux fois plus fréquente pour les sociétés que pour les entreprises individuelles (22% contre 12).
Les chefs d’entreprise qui déclaraient fin 2021 avoir eu pour principal objectif la sauvegarde de leur entreprise durant les 3 premières années d’activité ont, en définitive, plus souvent cessé leur activité avant cinq ans que ceux qui s’étaient principalement consacrés à accroître leur activité.
⇒ Leur chiffre d’affaires 2023.
♦ 14% ont eu un chiffre d’affaires de moins de 15 000€ lors du dernier exercice comptable (15% pour les sociétés vs 11 pour les entreprises individuelles) ; à l’opposé, 24% déclarent un chiffre d’affaires d’au moins 300 000€ et 12% des sociétés dépassent un chiffre d’affaires de 777 000€ (qui correspond à la limite de passage entre le régime simplifié et le régime réel normal), alors que cette situation est rare parmi les entreprises individuelles (1%).
Noter que celles dont le chiffre d’affaires est inférieur au seuil de franchise TVA (un peu inférieur à 35 000€) sont surreprésentées, ainsi que celles qui exercent dans les secteurs du commerce, du transport, des HCR et des activités immobilières.
♦ 63% sont satisfaits du chiffre d’affaires réalisé lors du dernier exercice comptable dont 51% les dirigeants déclarant moins de 15 000€. Ces personnes perçoivent plus souvent d’autres revenus professionnels comme salarié ou dirigeant d’une autre entreprise (29%) ou des pensions de retraite (10%) ; Ils exercent en premier lieu dans les secteurs des activités financières et d’assurance (gestion de fonds) et des activités spécialisées, scientifiques et techniques aux entreprises.
⇒ 27% déclarent être fortement préoccupés par l’impact environnemental de leur entreprise.
♦ 43% s’en soucient dans la limite de leurs moyens et tant que cela ne met pas en péril leur entreprise,11% se déclarent insensibles à ce sujet et 9% ne se sentent pas concernés du fait de l’activité. Les activités financières et d’assurance et les activités immobilières sont les secteurs où les créateurs se déclarent le plus fréquemment non concernés par ce sujet (25 et 26%).
♦ 64% de ceux qui effectuent des déplacements professionnels (domicile-travail ou autres) sont seuls dans un véhicule motorisé ; cette proportion augmente avec l’éloignement des grands pôles d’emploi (de 56% dans les entreprises implantées dans les communes centrales des pôles à 74% dans les communes situées en couronne ou hors attraction des pôles).
Par ailleurs, 25% exercent leur activité uniquement à domicile.
Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/8634190