Méthodologie : l’enquête longitudinale sur l’intégration des primo-arrivants (Elipa) est réalisée en France auprès des bénéficiaires d’un premier titre de séjour d’au moins un an souhaitant s’installer en France de manière durable. Sont interrogées les personnes ayant obtenu un titre de séjour à la fin de l’année 2009, âgées de 18 ans ou plus et originaires des « pays tiers », c’est-à-dire hors de l’Espace économique européen et de la Suisse.
Les personnes interrogées sont représentatives des 97 736 signataires du contrat d’accueil et d’intégration (CAI) en 2009. Ne sont pas pris en compte les étudiants, les travailleurs temporaires et les stagiaires, les salariés en mission, les titulaires d’une carte « compétences et talents », «scientifique » ou « commerçant », les cadres de haut niveau ainsi que leur famille accompagnante et les titulaires d’une carte « visiteur », « profession artistique et culturelle », les anciens combattants et les étrangers malades.
13% des immigrés (les personnes qui ont obtenu une réponse positive à leur demande d’asile) ayant obtenu un premier titre de séjour d’au moins un an en 2009 sont des réfugiés. Les autres motifs d’obtention d’un titre de séjour sont principalement familiaux (72 %) ou liés au travail (9 %).
⇒ Quel est leur profil ?
37% des réfugiés proviennent d’Afrique hors Maghreb; 37% viennent d’Asie, dont 24% de Sri Lanka; très peu sont nés dans l’un des pays du Maghreb, alors que les détenteurs d’un titre de séjour familial viennent pour 45% du Maghreb et pour 27% de l’Afrique hors Maghreb.
Les réfugiés sont un peu plus fréquemment des hommes (58%), alors que que les détenteurs d’un titre de séjour familial sont plutôt des femmes (59%). 80% des « salariés » sont des hommes.
Les réfugiés ont en moyenne 32 ans (45% moins de 29 ans et 50% entre 30 et 49 ans). Les salariés sont un peu plus âgés (36 ans en moyenne). Les détenteurs d’un titre de séjour familial ont le même âge moyen que les réfugiés.
43% des réfugiés n’ont aucun diplôme ou n’ont jamais été scolarisés (47% les salariés et 34% les titulaires d’un titre de séjour familial); 22% ont le baccalauréat (vs 18% les détenteurs d’un titre de séjour familial et 10% les salariés); 14% ont fait des études supérieures (23% pour les détenteurs d’un titre de séjour familial et les salariés). Notons qu’au moment de l’enquête 17% des réfugiés suivaient des études.
36% des réfugiés ont un niveau de français fluide contre 46% pour les détenteurs d’un titre de séjour pour raisons familiales et 47% des « salariés ».
À la question de savoir pourquoi ils ont dû quitter leur pays d’origine, 73% des réfugiés ont répondu qu’ils voulaient « fuir l’insécurité ou les troubles politiques » et 40% qu’ils le faisaient pour protéger leur vie ou celle de leurs proches.
Lors de leur arrivée, 52% des réfugiés contre 68% des « salariés » et 71% des personnes ayant un titre de séjour familial avaient de la famille vivant déjà en France. 33% des réfugiés contre 70% des salariés et 45% des personnes ayant un titre de séjour familial y avaient des amis, mais peu souvent des Français : 9% des réfugiés contre 33% pour les « salariés » et 32% pour les personnes ayant un titre de séjour familial.
⇒ Au regard de l’emploi
70% des réfugiés exerçaient une activité professionnelle avant de quitter leur pays d’origine, tout comme les bénéficiaires d’un titre de séjour familial, mais nettement inférieur à celui des salariés (81%).
En 2010, 39% des réfugiés sont en emploi, soit 53% des hommes et 19% des femmes. Les réfugiés ont un peu plus de difficultés à trouver un emploi que les autres titulaires d’un titre de séjour.
Les réfugiés travaillent un peu plus souvent que les autres dans les catégories employé et ouvrier (76%, contre 70% pour les détenteurs d’un titre familial et 71% pour les salariés). Les réfugiés occupent en particulier nettement plus souvent que les autres des postes d’employés (35% contre 29% pour les détenteurs d’un titre familial et seulement 23% pour les salariés) et nettement moins souvent des postes de niveau profession intermédiaire ou de cadre. Peu sont artisans ou commerçants (entre 1,2 et 3,8% pour ceux qui sont en emploi).
Noter qu’autour de la moitié sont en CDI et autour de 30% en temps partiel.
Trois ans après la première interrogation, les taux d’emploi s’améliorent nettement : les hommes réfugiés sont 72,6% en emploi vs 52,8% 3 ans plus tôt, et les femmes 42,9% vs 19,4% ; la situation est assez proche pour les immigrés en rapprochement familial (pour les hommes 78% vs 64,4 et pour les femmes 39,5% vs 23,7).
Les réfugiés en emploi déclarent plus souvent que les autres détenteurs d’un titre de séjour, avoir obtenu leur emploi actuel grâce à leurs réseaux de relations (membres de la famille, amis, tierce personne) : 65% contre 51 pour les bénéficiaires d’un titre de séjour familial. Ils déclarent aussi plus souvent avoir obtenu leur emploi grâce aux institutions du marché du travail (Pôle emploi, associations, etc.).
En revanche, ils accèdent plus rarement à l’emploi par des candidatures spontanées ou par la réponse à des annonces.
Les réfugiés ont, par ailleurs, un sentiment de déclassement plus prononcé : 38% d’entre eux considèrent qu’ils occupent une position professionnelle moins favorable que celle qu’ils avaient dans leur pays d’origine contre 26% pour les détenteurs d’un titre de séjour familial et 14% pour les salariés.