Méthodologie : l’étude se concentre sur les 65 pôles de compétitivité labellisés dès le début du dispositif. Elle analyse leur impact entre 2007 et 2013 pour la première partie concentrée sur les effets microéconomiques et entre 2007 et 2015, centrée sur les effets territoriaux.
Lancée en 2004, la politique des pôles de compétitivité vise à favoriser l’innovation et l’excellence au sein de l’industrie française par la mise en réseau d’entreprises, de centres de formation et d’unités de recherche, publics ou privés sur un même territoire (généralement la région, bien que certains pôles soient interrégionaux). Ces acteurs ont vocation à travailler en synergie sur une thématique spécifique pour mettre en œuvre des projets innovants.
La lecture du document est difficile, développant des considérations méthodologiques dont on ne mesure guère l’apport en termes de résultats “opérationnels” ; l’analyse prudente (incertitudes de la disponibilité de données indispensables) semble plutôt justifier une phase 4, sans se repositionner sur l’objectif initial (favoriser l’innovation industrielle sur les territoires, notamment via les PME).
Il faut attendre la phase 3 du programme d’action pour obtenir des résultats en termes d’emploi, alors que le phase 2 constate un déploiement de la R&D.
Un bilan mitigé pour les 2 premières phases
⇒ Phase 1 : la labellisation et la structuration des pôles (2005-2008)
Le principal résultat est la valorisation de la R & D, de l’innovation et de la mise en commun des compétences que favorisent les projets coopératifs, mais cela prend du temps. Les subventions reçues par les entreprises ont été entièrement dépensées dans des projets de R & D, sans cependant les inciter à investir davantage sur leurs fonds propres.
⇒ Phase 2 : renforcement de l’animation et du pilotage stratégique des pôles (2009-2012).
Les firmes des pôles ont accru leurs activités de R & D au-delà des aides publiques perçues (directes et indirectes) : un effet de levier est constaté sur les dépenses de R & D des PME (2,5€ supplémentaires dépensés pour un € de subvention); mais il est en grande partie dû à un recours plus important au CIR par ces entreprises. On ne constate pas d’effet significatif sur les variables dites de marché (emploi, chiffre d’affaires, export, etc.).
⇒ Phase 3 : accompagnement des projets innovants jusqu’à la mise sur le marché 2013-2018
Un impact sur l’emploi dans les PME : les PME membres ont recruté (ou sauvegardé) sur la période 2008-2013, de l’ordre de 1,5 salarié supplémentaire par rapport à une PME non membre des pôles (notamment des cadres et professions intermédiaires). Il s’agit ici de la première fois où un effet positif est trouvé sur l’emploi total. Concernant les ETI et les grandes entreprises, la politique des pôles n’a pas incité ces entreprises à embaucher davantage. Ce résultat n’est pas surprenant dans la mesure où les performances des entreprises de grande taille sont davantage impactées par les stratégies globales développées à l’échelle de l’entreprise que par des actions spécifiques aux pôles (collaborations, réseaux, etc.).
⇒ Quel impact territorial ?
Plus la part des entreprises d’un département français qui adhèrent à un pôle est importante, plus les dépenses de R & D dans le département sont fortes (une augmentation de 10% du nombre d’adhérents se traduirait par une hausse de 3% des dépenses privées en R & D du département), sans que cela se traduise par davantage de brevets ; on constate par ailleurs l’absence d’effet d’entraînement des dépenses de R & D avec les départements voisins.
Les pôles de compétitivité affichent un niveau de maturité stable dans le temps, des relations de plus en plus diversifiées et une amélioration de leur cohésion d’ensemble; en revanche, on constate une tendance à la baisse du nombre de collaborations des entités actives au sein des pôles, du fait de la place de plus en plus importante occupée par les PME, et d’une collaboration plus importante entre des organisations appartenant à des pôles différents.
⇒ Ces conclusions ont sans doute conduit à la phase 4 (2019-2022),
Priorisant une exigence d’excellence et une ambition européenne renforcées, dans des secteurs d’avenir ; cette phase encourage la fusion des pôles et le rapprochement avec d’autres structures telles que les Instituts de recherche technologique (IRT) et les Instituts pour la transition énergétique (ITE); elle confère aux grandes entreprises une place déterminante au sein des pôles. L’action se focalise sur 56 pôles.
Pour en savoir davantage : https://www.strategie.gouv.fr/publications/poles-de-competitivite-resultats-2005