Ceci étant, les données demeurent assez générales et redondantes.
⇒ En ce qui concerne leurs modalités de gestion et la satisfaction de leurs salariés.
♦ Leur stratégie : les actionnaires familiaux sont susceptibles d’adopter des stratégies moins risquées et de faire des acquisitions de diversification, choix qui réduisent le risque de faillite. De fait, l’actionnariat familial est un actionnariat de long-terme caractérisé par la volonté de transmettre l’entreprise aux générations ultérieures.
♦ Les modalités de gestion.
Une structure organisationnelle avec moins de niveaux hiérarchiques : les entreprises dirigées par leur fondateur sont très centralisées, près de la moitié d’entre elles ont moins de cinq managers qui rapportent directement au CEO, tandis que dans les entreprises non familiales de caractéristiques comparables, 80% des dirigeants ont plus de cinq managers en contact direct avec eux. Le fait d’avoir moins de niveaux hiérarchiques implique une plus grande agilité et des décisions plus rapides, mais peut également induire des fragilités en cas de disparition du dirigeant familial.
Les entreprises familiales recourant à un management moins formalisé, ce sont moins de reporting.
♦ Le positionnement de leurs salariés : l’hypothèse d’un profil sécurité de l’emploi/salaires est différent dans les entreprises familiales, où les salariés seraient plus favorables à des concessions salariales en échange d’une assurance contre les licenciements.
Et puis, le risque de renégociation qu’impliquerait un changement d’actionnariat est limité car la firme familiale est généralement à l’abri des prises de contrôle hostiles.
Par ailleurs, on y constate une plus grande satisfaction au travail des salariés :
– les salariés perçoivent une plus grande bienveillance de l’organisation, d’autant plus qu’ils se trouvent à un niveau hiérarchique peu élevé, ce qui conduit à une amélioration de la productivité,
– La satisfaction que tirent les salariés des avantages non salariaux est plus grande, tout comme les opportunités de carrière,
– Et moins d’absentéisme et moins de grève.
♦ Une gestion des ressource humaine différente :
– Le contrôle familial diminue de 27% la probabilité d’une réduction d’effectif,
– La part des CDI est de 7,7% plus importante dans les entreprises familiales,
– Les transitions dynastiques se traduisent par un taux de séparation des salariés de 3.3% inférieur à celui observé lorsqu’un dirigeant familial est remplacé par un dirigeant professionnel,
– Si un secteur d’activité est touché par une récession se traduisant par une diminution de ses ventes de 10%, l’emploi dans une entreprise non familiale diminuera de 2% et seulement de 0.2% pour les entreprises familiales,
– Par contre, écart de rémunération de10% au désavantage des salariés des firmes familiales.
Pour en savoir davantage: https://dauphine.psl.eu/fileadmin/user_upload/Chaire_entreprises_familiales_lettres_WP/Lettre_recherche_3_Septembre2024.pdf
⇒ Quelques données de cadrage sur leur nombre :
La définition européenne de l’entreprise familiale requière la détention d’une majorité des droits de vote, directement ou indirectement ET l’implication d’un membre au moins de la famille dans la gouvernance. Par exception, pour les sociétés cotées, une condition unique est fixée, la détention par la famille de 25% des droits de vote.
En Europe, 43% des entreprises cotées sont familiales, proportion variant de 59,1% en Italie, à 54,1% en France et 51,5% en Allemagne. Des proportions similaires sont observées parmi les entreprises non cotées en France avec une définition plus restrictive (contrôle majoritaire et implication de la famille dans la gouvernance de l’entreprise) : une étude de BPI (2023) estime que 48% des PME et entreprises de taille intermédiaire françaises sont familiales.
Les entreprises familiales cotées sont présentes dans la plupart des secteurs, en particulier dans le secteur des biens de consommation, favorisées par des barrières à l’entrée plus faibles et des opportunités d’engagement direct avec les consommateurs, renforçant les liens entre identité de marque et valeurs familiales. Elles sont également très visibles dans les secteurs informatiques et les médias, et dans les secteurs industriels avec des bases manufacturières solides.
En 2020, les entreprises familiales (détenues au seuil de 25% du capital) comptaient pour environ un quart des actifs totaux (23,8%), des ventes totales (24,7%), des employés (26.2%) et de la capitalisation boursière (23,5%) des sociétés cotées européennes. Ces proportions ne tiennent pas compte des entreprises non cotées, dont une majorité sont des entreprises familiales.
En France selon l’Insee, les entreprises familiales représenteraient plus de 50% du chiffre d’affaires, et autour de 45% des actifs totaux.
Pour en savoir davantage : https://dauphine.psl.eu/eclairages/article/les-entreprises-familiales-dans-le-monde