Méthodologie : étude réalisée par l’institut SSI (survey sampling institute) auprès de 14 600 personnes dans 34 pays. L’échantillon français est composé de 1000 personnes, consultées entre le 23 octobre et le 8 novembre 2018.
Les Français sont pessimistes sur l’importance de la croissance de la technologie, ne voulant pas se former, à moins que l’employeur ne s’en occupe.
74% des travailleurs interrogés dans les 34 pays estiment que la « technologie » est une chance pour eux; ils sont 64% en France, 81 à 90% dans les pays en fort développement, 93% en Chine, 91% en Inde; au milieu du classement (69-74%) se trouvent les économies à la fois les plus prospères et les plus digitalisées, avec un faible niveau de chômage (États-Unis, Canada, Australie, Pays Nordiques notamment), mais 60 à 80% dans la plupart des pays européens, dont 65% en Allemagne et en UK.
“Et si les pays confiants dans l’avenir technologique étaient tout simplement les gagnants de la mondialisation numérique ? Une étude récente du Boston Consulting Group estime qu’à la différence des économies occidentales plus développées, la croissance économique bénéficie dans les pays d’Asie du Sud-Est à l’ensemble de la population, notamment aux classes moyennes supérieures; dans ces pays, le digital n’est pas seulement un fait urbain.”
L’ « optimisme technologique » pourrait aussi relever d’une stratégie de survie ; Il s’agit d’économies qui ont brutalement décroché faute d’adaptation à ces nouvelles réalités économiques , notamment en Europe la Grèce, l’Espagne, le Portugal; dans ces pays peu digitalisés et confrontés à un chômage endémique, le sentiment d’urgence face aux besoins de formation est le plus fort.
Les férus de technologie seraient donc ceux qui en vivent et ceux qui ont une conscience aiguë des conséquences d’un retard technologique sur l’emploi.
La position médiane des Etats-Unis (73%), ainsi que du Canada (74%) interroge; les fruits de la révolution digitale sont, aux États-Unis plus encore qu’ailleurs, très inéquitablement répartis; parmi les travailleurs peu et moyennement qualifiés de l’industrie et de la construction américaine, le pourcentage de techno-optimistes chute d’ailleurs à 58%; on sait que le niveau de revenu de 90% de la population de la Silicon Valley a baissé depuis les débuts de la révolution numérique…” Et si le résultat décevant des pays les plus « matures » sur le plan numérique, premiers à adopter internet, était aussi la conséquence des promesses non tenues de la révolution digitale ?”
De façon moins surprenante, on note en bas du classement, la présence de pays que l’on appelait hier « industrialisés » et qui s’inquiètent justement d’évolutions peu compatibles avec leur tissu d’emplois actuels. En France, seule la moitié des travailleurs peu et moyennement qualifiés, tous secteurs confondus, voient le numérique d’un bon œil, ce qui place la France parmi les pays les plus pessimistes au monde (juste devant le Japon).
Noter que 68% des travailleurs moyennement et peu qualifiés voient l’impact des technologies sur leur travail comme une opportunité. Noter aussi que les travailleurs des pays les plus techno-optimistes sont aussi ceux qui répondent positivement à la question « je pense que l’automatisation, les robots et l’intelligence artificielle auront un impact positif sur mon travail dans les 5-10 prochaines années ».
Il y a en première analyse une corrélation positive entre performances reconnues du système scolaire à former au numérique et le rapport optimiste à la technologie.
Pourtant le lien entre système éducatif et appétence au changement technologique est loin d’être évident dans un nombre très important de pays : peu importe la qualité du système éducatif, ce dernier s’avèrera de toutes les manières incapables d’anticiper les évolutions du travail de demain.
Si la formation initiale ne peut être d’un véritable secours, la formation continue devrait prendre le relais : 76% des répondants estiment qu’il est de la responsabilité de leur employeur de leur donner accès à des formations sur le numérique; ils sont 87% en France, 79% en Allemagne, 76% en UK. Mais seuls 37% des Français pensent que leur employeur investit en ce domaine vs 44 en Allemagne et 40% en UK.
L’un des enseignements de notre étude : l’entrée dans un cercle vertueux de la formation aux enjeux du numérique ne dépend pas uniquement de la qualité des institutions publiques ou privées qui en sont les spécialistes. L’optimisme et la confiance des travailleurs jouent un rôle déterminant, sans lequel il est peu probable qu’un pays devienne en pointe des évolutions du travail à venir. Les geeks de ce point de vue nous donnent l’exemple : si les écoles de formation aux techniques de Code se multiplient, elles reposent généralement sur des pédagogies qui laissent une place prépondérante à l’autonomie ; surtout, les premiers codeurs n’ont pas attendu l’école ou un employeur pour maîtriser les complexités du langage informatique, et ne cessent jamais, tout au long de leur vie professionnelle, de se former, d’apprendre sur le tas, de partager les bonnes pratiques au sein de leurs communautés.
Pour en savoir plus : http://www.grouperandstad.fr/seul-1-francais-sur-3-ressent-la-necessite-dacquerir-de-nouvelles-competences-numeriques/