36% des Français ont envie de créer/reprendre une entreprise, alors que 21% l’ont fait.


"Le regard des Français sur la création d’entreprise", Ifop, le parisien Week-end et UbiSolutions, novembre 2018

Méthodologie : échantillon de 1 003 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus,comprenant donc les dirigeants d’entreprise (en cours 7%) et les ex dirigeants (14%); la représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération.
Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 30 au 31 octobre 2018. 

Rappelons que les marges d’erreur pour un échantillon de 1 000 personnes interrogées se situe entre 1,4 et 3,1 points.

 

A nouveau un sondage sur les intentions de créer/reprendre confortant ce que nous savons déjà, ajoutant une interrogation sur ceux qui ont créé et une interrogation de la connaissance de mesures en faveur de la création/reprise.

 

♦ L’expérience de l’entrepreneuriat des répondants : 7% sont actuellement chefs d’entreprise et 14% l’ont été :

 

⇒ Profil

*27% (dont 9 actuellement) sont des hommes vs 15 (dont 5) des femmes.

*Les âges se répartissent ainsi : 39% moins de 35 ans (dont 15 en activité et 24 ex chefs d’entreprise), 22% de 35 à 49 ans (dont 11 et 11), 24% des 50 à 64 ans (dont 7 et 17) et les 65 ans et plus (16% ont été chef d’entreprise).

*24% résident en région parisienne, 20% dans d’autres communes urbaines et 18% en milieu rural.

 

⇒ Un positionnement au regard de l’envie de créer/reprendre, qui permet de prendre recul avec la difficulté du vécu de chef d’entreprise :

 

*Si 59% ont à nouveau envie de créer/reprendre (dont 33 certainement), vs ceux qui n’ont pas connu cette expérience de l’entrepreneuriat ne sont que 29% à le souhaiter dont certainement 7%,

Mais 37% de ceux qui ont une expérience de l’entrepreneuriat ne le souhaitent pas (dont 21% certainement pas), indiquant que le vécu a été vraisemblablement difficile.

31% auraient envie de créer une start-up (certainement 9) vs 11% pour les autres (dont certainement 3).

 

*42% de ceux qui ont l’expérience de l’entrepreneuriat pensent que créer/reprendre est facile (très 8) vs 19 pour les autres.

 

*Ce qui différencie ceux qui ont une expérience dans l’entrepreneuriat des non expérimentés est une crainte plus modérée des risques (28 vs 43%), mais aussi le fait que bénéfices retirés exige une forte quantité de travail (21 vs 14%), alors que les autres items manifestent peu de différences : le poids des charges (47 vs 41%), la complexité des démarches administratives (31 vs 33%), ou encore la difficulté pour obtenir un prêt (28 vs 26%), le manque d’aides financières publiques (13 vs 14%), le manque de maitrise en gestion (14 vs 14%), la difficulté pour trouver les renseignements nécessaires (10 vs 7%).

 

*En matière de connaissances des aides, les expérimentés en entrepreneuriat sont plus avertis que leurs autres collègues.

 

♦ Pour l’ensemble des répondants

 

⇒ L’envie des Français pour créer, reprendre une entreprise ou se mettre à leur compte ? 36% en octobre 2018, un chiffre qui oscille depuis décembre 1999 (entre 20-25% entre 2004 et 2006) alors que le taux le plus élevé se situe en octobre 2018 et les taux moyens de 30-31% en janvier 2013, janvier 2014 et juillet 2015. Il est difficile d’analyser le pourquoi de ces écarts de chiffres; tenons-nous à une moyenne fréquemment citée de 30%.

Mais ceux qui affirment vouloir le faire certainement ne sont que 13% (entre 9 et 14% entre 2008 et 2015); ils n’étaient que 8% entre 2004 et 2006.

 

Les moins de 35 ans sont les plus demandeurs (59% vs 27 pour les plus de 35 ans), mais l’écart chute si l’on pose la question avec l’item “très certainement” (18% vs 11); par contre la réponse “certainement pas” concerne 46% des 35 ans et plus vs 15 pour les moins de 35 ans.

Noter que les 35-49 ans sont 44% à l’envisager vs 12 les 50-64 ans (question d’âge !); par contre la réponse à “très certainement” est proche avec 14% vs 12.

 

Les chefs d’entreprise (ex ou en fonction) sont 61% à avoir très certainement l’intention de créer à nouveau une entreprise.

42% des salariés du privé le feraient (dont très certainement 11%), et 34% ceux du public (dont très certainement 11%); le poids de ceux qui sont déterminés est proche.

Les cadres et les libéraux le feraient pour 48% (dont 20% très certainement), alors que les employés et les ouvriers y sont moins attachés (38-40 mais 11 à14 pour très certainement). Noter que les inactifs non retraités y sont assez favorables (43% mais très certainement 8%).

 

Les résidents en Ile-de-France sont les plus demandeurs (40% vs 33-35, et très 15 vs 12-13).

 

En définitive ceux qui envisagent de le faire très certainement ont des taux assez proches, si l’on exclut les dirigeants et les retraités (entre 11 et 16% avec une exception pour les moins de 35 ans avec 18%).

Ceux qui ne le feraient certainement pas sont les 50-64 ans avec 44%, alors que pour les autres items les taux oscillent entre 27 et 38%.

 

La question leur était posée de l’envie de créer une start-up (sans qu’une définition de ce terme leur ai été donnée) : 15% y adhérent dont 4% très certainement. Ce sont sans surprise les jeunes (33% pour les 18-24 ans, 23 pour les 25-34 ans, mais très certainement 9 et 7%). Ils sont 39% de ceux qui ont envie de créer une entreprise, dont 11 très certainement.

 

⇒ La facilité à créer/reprendre et les freins

 

       La facilité à créer/reprendre

 

24% estiment qu’il est facile de créer/reprendre (dont très 3), mais 59% (dont très 33) pour ceux qui ont déjà été entrepreneur.

Ceux qui estiment que créer/reprendre est difficile sont d’abord les ouvriers (74% vs 55 les cadres), et les femmes (73% vs 63 les hommes). Pour les autres items, les % sont proches (66-73%).

 

Ceux qui estiment que cela est facile sont davantage les dirigeants d’entreprise (45%), les cadres (41%), ceux qui ont envie de créer/reprendre (33%), les hommes (30%).

 

       Les freins

 

4 freins apparaissent dans l’ensemble des citations, mais sont aussi ceux cités en premier :

* Le poids des charges et des impôts pesant sur les entreprises (42% dont 24 cité en premier); ceux qui y sont les plus sensibles sont les chefs d’entreprise (61%) et les ruraux (50%), alors qui y sont les moins sensibles, sont les 18-24 ans (36%), les cadres (37%) et les inactifs non retraités (34%).

 

* La peur du risque financier et juridique en cas d’échec (40% dont 21); y sont plus sensibles les moins de 35 ans (les 18-24 ans avec 53% et les 25-34 ans avec 46), alors que les dirigeants d’entreprise sont les moins inquiets (32%).

 

* La complexité des démarches administratives (33% dont 15); sont un peu plus inquiets que la moyenne les hommes (36%), les ouvriers (36%), les résidents en commune rurales (36%); par contre nettement moins les chefs d’entreprises (26%) et les inactifs autres que les retraités (28%).

 

* La difficulté pour obtenir un prêt ou les capitaux nécessaires auprès des banques (26% dont 13); ceux qui le craignent le plus sont les inactifs autres que retraités (34%), les résidents en Région parisienne (32%) les 50-64 ans (31%), les chefs d’entreprise (30%); à l’inverse, les moins de 35 ans le craignent le moins (21-23%), tout comme les cadres (21%) et même les ouvriers (22%).

 

Viennent ensuite

 

*  La quantité de travail que cela exige par rapport aux bénéfices retirés (15 dont 6); assez peu d’écarts entre les différents items.

 

* Le manque de maitrise de la gestion d’une entreprise (14 dont 7); paradoxalement, ce sont les plus avertis qui sont les plus inquiets, à savoir les cadres (18%) et les 25-34 ans (18%), alors que ceux qui le sont peu, n’y voient pas difficulté (les ouvriers 8% et les résidents en milieu rural 9%).

 

* Le manque d’aides financières de la part des pouvoirs publics (14 dont 6); ceux qui sont le plus en demande sont les chômeurs (25%), les 18-24 ans (22%), voire les 25-34 ans (18%),et par ailleurs les salariés du secteur public (20%), les inactifs hors retraités (19%), les résidents en région parisienne. 

 

* La difficulté pour trouver les renseignements et les informations nécessaires (8 dont 3)

 

⇒ La connaissance des dispositifs d’aides “publiques” :

 

* En direction des chômeurs :

– L’allocation d’Aide au Retour à l’Emploi (ARE) qui permet le maintien du versement de ses allocations chômage lorsque sa rémunération en tant que dirigeant d’entreprise est nulle ou faible (42%) ; sont les plus au fait les chefs d’entreprise (66%), les chômeurs ( 56%), ceux qui ont envie de créer/reprendre une entreprise (53%), alors que le sont moins  les 18-24 ans (36%), les ouvriers (37%) et les salariés du public (38%).

– L’Aide aux Chômeurs Créateurs ou Repreneurs d’Entreprise (ACCRE) exonérant largement le dirigeant des cotisations sociales pour la première année d’activité (35%); les 18-24 ans connaissent moins cette aide, tout comme les ouvriers (28%), les salariés du public (30%), alors que les chefs d’entreprise (64%), les chômeurs (55%), les cadres (41%) la connaissent.

– L’Aide à la Reprise ou à la Création d’Entreprise (ARCE) permettant de toucher ses allocations chômage sous forme de capital (24%); là encore les cadres (36%), les chefs d’entreprise (42%) et les chômeurs (45%) la connaissent vs les 18-24 ans (18%) et les inactifs hors retraités (18%).

 

*En direction du financement des entreprises (hors ceux proposés aux chômeurs) :

– La réduction d’impôt sur le revenu pour la souscription au capital d’une PME (27%), une aide mieux connue des dirigeants (35%), des cadres (34%), des 25-34 ans (33%), mais nettement moins des ouvriers (18%), des ruraux (24%), des chômeurs (24%), et des inactifs hors retraités (23%).

Les aides de la Banque publique d’investissement (23%), mieux connue par les cadres (36%), les chefs d’entreprise (33%) et moins des femmes (18%), des ouvriers (18%), et des ruraux (17%).

– Le Crédit Impôt Recherche (22%), plutôt connu des chefs d’entreprise (42%), des cadres (40%), des hommes (29%), et peu des inactifs hors retraités (18%), des ouvriers (18%), des ruraux (15%), des employés (13%), des salariés du public (13%)

– La déduction des intérêts d’un emprunt souscrit au titre d’un investissement dans une entreprise de sa rémunération brute imposable (21%), plutôt connue des chefs d’entreprise (30%), des cadres (30%), mais peu des ruraux (14%), des ouvriers (13%), des inactifs hors retraités (12%), des chômeurs (11%).

Le statut Jeune Entreprise Innovante (JEI) permettant de bénéficier d’allégements fiscaux ou d’exonérations de charges sociales pour les dépenses liées à des projets de R&D innovants (21%), davantage connu par les cadres (29%), voire par les moins de 35 ans (26%), mais peu par les ouvriers (13%).

 

*En direction de l’accompagnement

-Le Nouvel accompagnement pour la création ou la reprise d’entreprise (Nacre) fournissant un accompagnement au montage du projet et au démarrage de l’activité (17%) est le plus connu par les chefs d’entreprise (33%), les chômeurs (27%).

 

En résumé, les grandes différences selon les caractéristiques observées et qui émergent sont les suivantes  (voir ci-dessous le tableau récapitulatif) :

 

*Les femmes  comparées aux hommes : si leur intention de créer est comparable aux hommes (une situation nouvelle au regard d’enquêtes précédentes et donc à vérifier la fiabilité), estiment que créer est moins facile; elles sont aussi moins au fait des aides financières, notamment pour le développement des entreprises, et plutôt plus au fait pour les aides aux chômeurs.

 

*Les moins de 35 ans comparés aux plus de 35 ans : ils ont davantage envie de créer y compris des start-up ; pour eux le poids des charges, la difficulté d’obtention d’un prêt comptent moins que pour leurs ainés, alors qu’importent davantage le risque d’échec, la charge de travail au regard du retour de rentabilité, et le manque de soutien financier des Pouvoirs Publics. Les 18-24 ans sont moins informés sur les aides à la création.

 

*Les chefs d’entreprise et les cadres et professions intellectuelles supérieures (catégorie dans laquelle figurent les professions libérales), sont bien sur ceux qui ont le plus envie de créer et trouvent facile de créer; Leur principal frein est celui des charges, alors qu’ils craignent moins l’échec et la complexité administrative; ils connaissent fort bien les appuis proposés aux créateurs.

*Les CSP-, notamment les ouvriers : il leur est moins facile de créer; ils ont pour frein important le poids des charges; ils connaissent moins bien les aides proposées aux créateurs.

*Les inactifs hors retraités : S’ils ont plus envie que la moyenne de créer, c’est une utopie parce qu’ils sont aussi parmi ceux qui le feraient certainement le moins ; créer est pour eux très difficile, non à cause des charges (moins que les autres) mais pour l’obtention du prêt et le temps important de travail pour une rentabilité incertaine. Ils sont aussi plutôt moins informés que les autres en ce qui concerne les aides à la création.

 

*Les chômeurs : Il leur parait plus difficile de créer que les autres; par contre, ils ont une bonne connaissance des appuis proposés aux chômeurs pour créer, mais une moins bonne connaissance en ce qui concerne les autres aides financières.

 

*Les résidents de l’agglomération parisienne : plus que les autres, ils envisagent de créer une start-up; la création leur parait aussi plus facile que les autres.

Par contre les résidents en milieu rural affichent plus souvent que les autres le poids des charges comme frein, alors qu’ils estiment moins que les autres manquer de maitrise pour gérer leur entreprise ou trouver l’info nécessaire; moins que les autres, ils connaissent les aides financières hors celles liées au chômage.