Commanditaires : le Monde, Cevipof (sciences Po), Fondation J Jaurès et Institut Montaigne, une enquête conduite par Ipsos : échantillon de 3 000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, interrogé entre le 14 et le 21 novembre 2024 par Internet via l’Access Panel Online d’Ipsos.
Les caractéristiques de la population analysées sont la proximité politique des répondants, l’âge et la CSP. Je ne prends en compte pour chaque question posée, que les caractéristiques en écart avec la moyenne (nettement au-dessus ou au-dessous) pour rendre compte des différences notoires.
Pour simplifier l’écriture, quand il s’agit de personnes plutôt proches d’un parti politique (sans nécessairement y adhérer), je nommerais le parti plutôt que de dire « ceux qui sont plutôt proche de tel ou tel parti ». L’étude ne mentionne pas le % de ceux qui ne se perçoivent pas proches d’un des partis politiques cités.
Je ne commente ici que quelques extraits.
Quelle confiance dans les entreprises et les syndicats, quelle position quant à notre économie, quelles différences selon les CSP des répondants ?
⇒ Ce qui préoccupent le plus à titre personnel :
– Les difficultés en termes de pouvoir d’achat (hausse des prix, salaires, impôts, etc.) 38%
– En second, la protection de l’environnement (réchauffement climatique, biodiversité, pollution, etc.) 23% en moyenne, dont ceux proches des partis écologistes 70%, du PS 34, mais pas des républicains (LR, 14) ou du RN 9.
– Suivent la sécurité des personnes (le niveau de la délinquance, 22), le niveau de l’immigration (21), la santé (l’avenir du système social de santé 19 et les risques d’épidémies 3), et en décalage plus marqué la montée des inégalités sociales (13), le niveau de la dette et des déficits (13), l’avenir des retraites (12), les guerres et le terrorisme (la guerre en Ukraine 11, la guerre au Moyen-Orient 5, la menace terroriste 7), puis l’avenir du système scolaire (6) et enfin le taux de chômage (4).
En ce qui concerne l’insécurité, 27% la ressentent : davantage ceux en agglomération Parisienne (37) et les moins de 35 ans (38).
⇒ Comment vivent-ils au sein de la société ?
♦ 43% se disent très en colère et contestataires: 70% (dont 23 tout à fait d’accord et 47 plutôt d’accord) disent avoir des conditions de vie de moins en moins bonnes. 55% disent avoir du mal à joindre les 2 bouts (dont très difficile 7, difficile 15 et assez difficile 33
♦ 63% (dont tout à fait d’accord 20) estiment ne pas recevoir le respect qu’ils méritent : 77 le RN vs 48 les écologistes et 50 le PS, mais aussi 73 les ouvriers vs 58 les retraités.
♦ Pourtant 65% affirment que le régime démocratique est irremplaçable. Mais 78% ont l’impression que leurs idées ne sont pas bien prises en compte dans ce système démocratique.
⇒ En qui ont-ils confiance ?
Noter que 21% seulement des Français sont peu enclins à faire confiance à la plupart des gens.
La confiance est forte :
– Du coté des entreprises : dans les PME (82, sans grand changement depuis 2014 puisque la moyenne est de 83), puis dans les grandes entreprises (48, en hausse face à la moyenne de 42, avec des écarts entre 34 et 47), la grande distribution (48), les banques (46 vs en moyenne 38) et les syndicats (39 en hausse vs 34 en moyenne),
– Du coté des “politiques” : les maires (70 vs en moyenne 67), les députés (22 vs en moyenne 30 et les partis politique (14 vs 12).
Noter que 83% des Français pensent que les “politiques” agissent principalement pour leurs intérêts personnels.
⇒ Les valeurs.
– Ce qu’ils mettent en avant en tant que « valeurs »: leur nationalité (40), leur génération (38), leurs amis (33), leur passion ou loisir (32), leur milieu social (30), leur métier (28) et moins leur genre (18), leurs opinions politiques ou engagements (18), leurs origines géographiques (16), leur physique ou apparence (14), leurs convictions religieuses ou opinions sur la religion (9).
– 72% s’inspirent plus des valeurs du passé : le RN (94), les républicains (74) et le moins les écologistes (43) et par ailleurs les + de 60 ans (77)
A l’inverse, ceux qui pensent que leur avenir est plein d’opportunités (moyenne 40) : les moins de 35 ans (46).
⇒ 2 autres thèmes.
♦ L’égalité femmes-hommes : pour 47% c’est OK , alors que pour 35% cela ne va pas assez loin et pour 18%, cela va trop loin.
♦ Le changement climatique
78% sont préoccupés par le changement climatique : pour 62% il est dû principalement à l’activité humaine et pour 14% c’est dû principalement à un phénomène naturel (20 le RN).
Comment changer ?
– Pour 36% les changements dans les modes de production des entreprises permettra de limiter le changement climatique (moins de processus industriels polluants, moins d’agriculture intensive, moins de transports des produits sur de très longues distances, etc…),
– Pour 30% la modification importante de nos modes de vie permettra de limiter le changement climatique (économiser l’eau et l’électricité, plus de consommation locale, moins de trajets en avion et en voiture, etc…),
– Pour 14% le progrès technique et les innovations scientifiques permettront de trouver des solutions contre le changement climatique.
– Pour 11% Il n’y a rien à faire.
⇒ Le rapport à l’économie.
– 51% affirment qu’Il faut limiter au maximum le rôle de l’état dans l’économie Française et donner aux entreprises le plus de liberté possible, et 49% disent qu’il faut renforcer le rôle de l’état dans certains secteurs jugés porteurs ou stratégiques.
– Pour 64% (vs moyenne 2013-2023, 57) la mondialisation est une menace pour la France.
⇒ Un bref regard sur les opinions des CSP.
– Si cette approche ne permet pas une analyse de ce qu’il en est dans les TPE ou les PME, elle permet toutefois une vision globale par CSP : les cadres et les professions intermédiaires (groupe 1) sont proches, alors que les employés et les ouvriers (groupe 2) le sont aussi de leurs coté, mais les ouvriers sont toujours en situation la plus défavorable.
– Si globalement le groupe 1 est majoritairement satisfait de sa vie actuelle, cela ne l’empêche pas d’être par ailleurs mécontent, notamment parce que peu reconnus. A contrario, le groupe 2 (plus encore les ouvriers) sont insatisfaits de leur vie actuelle, mécontents et contestataires, peu reconnus et en difficulté financière.
– En ce qui concerne leurs valeurs, le métier et leur fonction prédomine au sein du groupe 1, alors que pour le groupe 2, elles sont à égalité avec la nationalité, la passion et les loisirs.
– En ce qui concerne leur degré de confiance, entre 76 et 87% affirment “on n’est jamais assez prudent quand on a affaire aux autres”, mais tous aussi ont confiance dans les PME (entre 76 et 84%), moins dans les grandes entreprises (entre 41 et 47%, davantage le fait du groupe 2), d’ailleurs au même niveau que la confiance dans les syndicats (entre 37 et 50, les ouvriers ayant le moins confiance).
Enfin leur sentiment au regard de l’économie : si pour tous, la mondialisation parait une menace (entre 33 et 50%, 33 seulement pour les ouvriers et 50 pour les cadres), le fait que l’état doive donner toute liberté aux entreprises est assez partagé (46 à 54%, ce dernier chiffre étant celui des ouvriers).
Pour en savoir davantage : https://www.ipsos.com/fr-fr/fractures-francaises-2024-une-crise-de-confiance