L’absentéisme


"Baromètre annuel Absentéisme 2023 : regards croisés salariés et dirigeants face à l’arrêt maladie", Malakoff Humanis, Ifop, juin 2023

Méthodologie : 2 000 salariés, 400 dirigeants, 240 médecins dont 40 médecins du travail ; échantillons représentatifs de la population active salariée du secteur privé dans les entreprises d’au moins 1 salarié.

⇒ une vision globale.

L’absentéisme maladie atteint cette année un niveau record, avec 50% de salariés arrêtés au moins une fois cette année vs 36 à 42% entre 2016 et 2022 (41-44% entre 2016 et 2019 et 36-42% entre 2020 et 2022).

La hausse des arrêts de travail (pris ou non) la plus importante est celle des 18-34 ans (58% vs 43 à 52 entre 2016 et 2022), puis celle des femmes (55% vs 35-48), des managers (+53% vs 40-46% entre 2018 et 2022), celle des 35-49 ans (50% vs 36-44), et des 50 ans et plus (41% vs 27-42). 

Noter que 25% des arrêts prescrits n’ont pas été pris (10%) ou partiellement (15%). 78% des managers et 69% des salariés ont toutefois travaillé alors qu’ils avaient une prescription d’arrêt.

33% des managers et 32% des salariés jugent leur état de santé moyen ou mauvais (37 et 38 pour l’état de santé physique, 36 pour les deux l’état de santé mentale).

 

45% ont été arrêtés au moins 2 fois et 18% au moins 3 fois.

26% ont été des arrêts courts (1-3 jours), 63% des arrêts “moyens” (4 à 30 jours, en moyenne 12 jours) et 12% des arrêts longs (plus de 30 jours, en moyenne 111 jours).

⇒ La cause de ces arrêts.

– 28% une maladie ordinaire (grippe, rhume, angine, gastro-entérite..), 

– 17% liés au covid,

– 15% de troubles psychologiques et épuisement professionnel, 

 – 13% des toubles musculo-squelettiques (TMS), 

– 11% des accidents ou un tramatisme,

– 4% une chirurgie, une opération non liée à un accident (appendicite, chirurgie cardiaque..),

– 3% une maladie chronique, une maladie grave.

 

Les arrêts courts (26%) ont pour cause des maladies ordinaires (62%), des troubles psychologiques (10) des TMS (9), et 7 un accident ou un traumatisme,

Les arrêts moyens (63%) ont pour cause des maladies ordinaires (29), des troubles psychologiques (19), des TMS (18), et 14 un accident ou un traumatisme,

Les arrêts longs (12%) ont pour cause des troubles psychologiques (32, vs 19 en 2020 et 2021 et 28 en 2022) , concernant les 3/4 des entreprises), un accident ou un traumatisme (18), des TMS (14), une maladie grave (11), une chirurgie (10).

 

29% des manageurs estiment que les arrêts maladies pour troubles psychologiques ont progressé dans leur équipe depuis un an et 28% pour autres raisons (en baisse).

58% des managers seraient intéressés par des formations pour accompagner leurs
collaborateurs en arrêt maladie, notamment ceux dans des entreprises de 1 000 salariés et plus (84%), ceux ayant 1 à 2 ans d’ancienneté (72), les 30-39 ans (68), ceux en télétravail (67).

Les situations vécues au cours des 2 années antérieures précédant un arrêt long :

– Fatigue et stress : une fatigue excessive (47%), des surcharges de travail et/ou du stress (40%),

 – En lien avec la maladie : des symptômes de maladie en lien avec le motif de l’arrêt (37%), un ou plusieurs arrêts maladie prolongés (31%), un ou plusieurs autres arrêts maladie (16%), une longue période d’inactivité (10%),

– Des problèmes personnels pour faire face : d es difficultés relationnelles avec certains collègues, managers ou la direction de l’entreprise (25%), un changement organisationnel, une transformation des conditions de travail (20%), des difficultés de conciliation entre votre vie privée et votre vie professionnelle (16%).

 

Comment prévenir l’absentéisme ?

– Selon les salariés : faire évoluer l’organisation du travail (34%), impliquer davantage les
salariés (27%), une évolution des pratiques managériales (24%),

Selon les dirigeants : impliquer davantage les salariés (31%), une sensibilisation/ formation des salariés et des managers aux problèmes de l’absentéisme (29%) et une évolution des pratiques managériales (21%).

Selon les médecins : interroger davantage les salariés sur leurs conditions de travail pour déceler d’éventuels problèmes liés à leurs activités (65% les médecins et 50% les médecins du travail), encourager les salariés à prendre contact avec le médecin du travail (63% les médecins et  50), renforcer la prévention  de type conseil, hygiène de vie (54 et 50), accompagner les fragilités sociales (29 et 61).

55% des médecins jugent que les salariés montrent davantage d’intérêt pour les actions de prévention santé en entreprise depuis la crise di covid.

 

Les dispositifs mis en place pour prévenir et accompagner les arrêts maladie : 

– Des dispositifs de contrôle, d’information et de sensibilisation : des  tableaux de bord de l’absentéisme au sein de l’entreprise (61%), des dispositifs de contrôle médical des arrêts de travail (37%), des actions de communication sur les mesures mises en place par l’entreprise pour limiter l’absentéisme (30%), ses dispositifs de sensibilisation des salariés au sujet de l’absentéisme (19%), des simulateurs de coûts de l’absentéisme (19%), des projections de l’absentéisme (16%), 

– Des dispositifs d’accompagnement : des actions de prévention pour les salariés, comme le coaching sur le stress, la nutrition, le sport, les addictions pour limiter les arrêts (31%), des dispositifs d’accompagnement vers un retour à l’emploi (29%), des dispositifs spécifiques dédiés aux aidants, aux salariés en situation de handicap, aux parents seuls ou isolés (26%), 

 

27% des dirigeants estiment que les arrêts (courts, moyens ou longs) vont augmenter
dans les 2 prochaines années, pourquoi ?

– L’état d’esprit des salariés : diminution de l’engagement des salariés, prise d’arrêt en cas de désaccord avec l’entreprise (51%), et l’état psychologique des salariés : dégradation de la santé psychologique des salariés en lien ou non avec le travail pouvant aller jusqu’au burn out (26%),

– La hausse des situations de fragilités des salariés : des salariés de plus en plus aidants, des salariés ayant une maladie chronique ou une maladie grave, des salariés ayant davantage de difficultés financières, des situations de fragilités liées à l’univers professionnel (51%), et l’augmentation de l’âge moyen des salariés, avec le report de l’âge de départ à la retraite (38%), 

– Du fait de l’entreprise et de son environnement : de nouveaux risques comme des risques infectieux, climatiques (6%), le management : augmentation de la pression de la part du manager, manque de perspectives d’évolution, et  difficultés managériales plus fréquentes (5%), et le non-respect d’arrêt de travail pouvant entrainer d’autres arrêts (4%)

 

Selon l’observatoire de la Performance Sociale Diot-Siaci, alors que les entreprises de + de 1 000 salariés ont vu leur taux d’absentéisme baisser (33% au moins un arrêt dans l’année en 2023 vs 49 en 2021), les TPE ont connu une hausse de 30 en 2021 à 40% en 2023. C’est qu’en télétravail, les salariés ont tendance à moins déclarer les maladies ordinaires plutôt qu’allers consulter. Les salariés des TPE respecteraient aussi davantage les prescriptions des médecins (75% vs 58 en 2020), notamment les jeunes.