La crise a fortement affecté le nombre de créations d’entreprises et leur taille initiale ; leur croissance a aussi été amputée, notamment celle des plus prometteuses.


« Les ajustements des entreprises françaises pendant la crise de 2008/2009 » Dossier INSEE juillet 2013

 Durant la crise de 2008/2009, les entreprises françaises ont été affectées par un effondrement de la demande domestique (important) et mondiale (modéré du fait de la faible participation française au commerce international), tandis que les banques françaises rencontraient des difficultés de nature à les inciter à resserrer les conditions de crédit. Contrairement aux États-Unis, les entreprises ont davantage pâti d’un choc de demande que d’un choc de crédit. Ceci étant, la baisse du PIB français est d’ampleur exceptionnelle (-3,1%), sans équivalent dans les 50 dernières années.

 

La crise a fortement réduit le nombre d’entreprises indépendantes ayant un salarié un an après leur création ; leur nombre a augmenté entre 2003 et 2008, et chute en 2009 :

 

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

Nombre d’entreprises concernées

76 437

85 233

92 159

90 688

92 178

89 866

79 498

Indice 100 en 2003

100

112

121

119

121

118

104

 Les entreprises créées en 2008 et 2009 sont un peu plus nombreuses à être créées avec un unique salarié, et un peu moins nombreuses avec plus de deux salariés

Je compléterais par le rappel de l’apparition cette même année 2009 du régime des auto-entrepreneurs et la recherche d’une plus grande de sécurisation en quittant le salariat (licencié ou pas) pour la création de son propre emploi, sans aller au-delà.

 

La crise a aussi freiné la croissance des jeunes entreprises : quelle que soit leur ancienneté, les entreprises ont connu une croissance de leurs effectifs plus faible en 2009 et en 2010 qu’avant la crise, affectant plus particulièrement les jeunes entreprises, qui, en temps normal, connaissent les taux de croissance les plus élevés.

 

Le tissu productif français est caractérisé à la fois par le fort poids économique des groupes en termes de valeur ajoutée et d’emploi contrastant avec le fort poids démographique des unités légales indépendantes : en 2009, si seules 6% des unités légales appartiennent à un groupe, elles emploient 64% des salariés, et produisent 70% de la valeur ajoutée ; en revanche, le renouvellement du tissu productif est principalement le fait des 94% d’unités légales indépendantes.

 

Les filiales des groupes  (plus souvent exportatrices) ont connu une baisse d’activité repérée dans la baisse leur chiffre d’affaires en 2008 et 2009, plus forte que les entreprises indépendantes ; le choc de 2009 a été particulièrement important dans l’industrie manufacturière et pour les entreprises du secteur du commerce, où la contraction du chiffre d’affaires excède 10% pour les groupes, contre 7% pour les entreprises indépendantes. Par contre, dans le secteur des services aux entreprises, les entreprises indépendantes ont moins bien réussi à préserver leur marge.

 

Dans tous les secteurs d’activité, les montants investis ont chuté d’environ 30% en 2009 au sein des filiales de groupes, une chute encore plus marquante pour les entreprises indépendantes.

 

Toutes ces évolutions suggèrent que les filiales de groupes, de taille souvent plus importante et ayant accès à un marché de capitaux interne, donc moins exposées aux contraintes de crédit, ont davantage pâti de la crise que les entreprises indépendantes.

 

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