25% des français se déclarent satisfaits de la manière dont ils consomment et ne souhaitent pas changer leurs habitudes. 22% seulement aimeraient pouvoir consommer plus, souvent des personnes jeunes (30 % chez les 18-30 ans), soumises à une forte contrainte budgétaire.
52% des Français aspirent à consommer mieux ; parmi eux, 30% voudraient consommer moins mais mieux. L’aspiration à consommer autrement est plus forte au sein des catégories socioprofessionnelles supérieures et les populations fortement diplômées.
L’aspiration à consommer plus est très nettement rattachée à la mise en avant de valeurs matérialistes : l’argent, la réussite, le travail, le plaisir. À l’inverse, l’aspiration à consommer mieux, voire à consommer moins, est davantage associée aux valeurs de partage, de liberté, de justice, de solidarité ; ces personnes affichent en moyenne une plus grande satisfaction à l’égard de leur existence.
Consommer autrement : une réalité largement partagée
– Acheter des produits d’occasion est le fait de plus de 60% des Français. La vente d’occasion est à peine moins courante (49%) ; 44% des achats de produits d’occasion ont été effectués auprès d’un particulier via un site Internet, loin devant les brocantes et vide-greniers (19%) ou la petite annonce (4%).
– L’emprunt touche un Français sur deux, plus particulièrement les plus jeunes. Il s’effectue avant tout au sein du cercle de socialité (amis, famille, voisins…) et porte le plus souvent sur des produits culturels ou du matériel pour le bricolage, peu les voitures (10%). 62% des consommateurs interrogés se déclarent intéressés par l’idée d’un service de prêt de produit ou de matériel qui pourrait être créé à l’échelle du quartier, et autant seraient disposés à mettre à disposition certains produits leur appartenant.
– 37% déclarent avoir pratiqué au cours des 12 derniers mois l’achat groupé via des sites Internet spécialisés.
– 14% des consommateurs affirment avoir déjà acheté un produit à plusieurs (avec des amis, des collègues, des voisins…), pour en partager l’usage, le matériel pour le bricolage ou l’aménagement de la maison arrivant en tête.
– 38% des Français interrogés admettent qu’il leur est arrivé au cours des 12 derniers mois de récupérer des objets jetés ou déposés sur les trottoirs (dont seulement 4% « souvent »).
– 19% affirment avoir procédé à la location d’au moins un produit (hors automobile) au cours des 12 derniers mois ; d’ailleurs, 83% de Français s’accordent autour de l’idée qu’« aujourd’hui, l’important c’est de pouvoir utiliser un produit plus que de le posséder ».
– 29% des consommateurs achètent systématiquement ou fréquemment des produits bio et 21 des produits issus du commerce équitable.
– 5% déclarent être membres d’une AMAP avec une forte surreprésentation des CSP+; mais 40% affirment acheter « souvent » ou « parfois » des produits alimentaires en se rendant directement chez l’exploitation (achat à la ferme, chez le producteur) et 52% fréquentent les marchés paysans.
– Les systèmes d’échange local (associations organisant l’échange entre particuliers de biens, de services et de savoirs sans recours à la monnaie) ne concernent que 4% des personnes interrogées, mais cette formule suscite l’intérêt de 71% des personnes interrogées.
Le degré d’engagement des consommateurs dans les pratiques de consommation émergentes est très lié à leur degré de sensibilité aux questions environnementales, mais ce type de consommation est souvent une solution pour « consommer malin », nettement corrélé à l’intensité de la contrainte budgétaire.
Une typologie fait apparaître un premier clivage : d’un côté ceux engagés dans ces formes de consommation émergentes, et de l’autre, les « Passifs » qui restent très largement à l’écart de ces nouvelles manières de consommer, avec une surreprésentation des CSP-.
Les 53% des Français significativement engagés dans les pratiques de consommation émergentes, sont décomposés en trois groupes :
• Les « Bioéthiques » : très engagés dans la consommation de produits bio et issus du commerce équitable, et peu portés vers le reste des pratiques de consommation émergentes ; les 2/3 ont plus de 50 ans, sont souvent « à l’aise » financièrement ; Ils sont très engagés dans l’achat responsable et affichent une très forte sensibilité environnementale.
• Les « Éclectiques » se caractérisent par un grand nombre de pratiques de consommation émergentes, en particulier l’emprunt, l’occasion, l’achat groupé ou le glanage. En revanche, leur consommation de produits bio ou issus du commerce équitable ne s’écarte pas de la moyenne et ils ne participent ni aux AMAP ni aux SEL. Ils ne forment pas une catégorie homogène. Ils sont plutôt plus jeunes que la moyenne et sont de gros utilisateurs d’Internet dans leur consommation ; leurs pratiques ne semblent pas dictées par un quelconque système de valeurs ou une posture générale à l’égard de la consommation ; elles s’imposent plutôt avec pragmatisme comme un mode de consommation ordinaire.
• Les « Radicaux » témoignent d’un fort engagement (dimension de solidarité et de partage) ; ils sont souvent membre d’une AMAP et/ou d’un SEL. On observe une surreprésentation des CSP+ et une sous représentation des plus de 60 ans. Ils sont très utilisateurs d’Internet et enclins à l’achat responsable, en cohérence avec une forte sensibilité environnementale.