Un complément sur les PME et l’exportation.


"« AU-DELA DES FRONTIERES : LES PME ET L’EXPORT »" Bpifrance, février 2024

Méthodologie : l’étude se base sur les réponses à la 78e enquête semestrielle de conjoncture de Bpifrance Le Lab, réalisée par interrogation de près de 40 000 entreprises de 1 à 249 salariés entre le 9 novembre et le 5 décembre 2023, par voie postale ou numérique. L’analyse s’appuie sur un échantillon de 4 910 réponses reçues avant le 6 décembre. 

 

Un bref bilan fort explicite.

⇒ Qui exportent parmi les PME ?

♦ 27% des PME ont déjà eu une expérience à l’export au cours des 5 dernières années : 15% ont exporté régulièrement sur cette période et 12 % de manière occasionnelle. 73% n’ont pas exporté depuis 5 ans, parce que les 2/3 jugent leur type d’activité non concerné par l’export, mais 8% d’entre elles auraient un potentiel à l’export (notamment 4% ne sont pas parvenues ou ne se sont pas encore lancées dans l’export). 23% ont l’intention d’exporter en 2024.

1/4 des TPE et de 34% des PME ont exporté au cours des 5 dernières années. C’est aussi le fait de 54% des PME de l’industrie et de 47% de celles du Commerce.

 

♦ C’est enfin le cas de 29 à 32% des PME situées en régions transfrontalières avec la Belgique, l’Allemagne et l’Italie  avec les régions Hauts-de-France, Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur) et celle de l’ÃŽle-de-France. Elle est la moins élevée (18 à 22%) dans le Nord-Ouest de la France, comprenant les régions de province non transfrontalières (Bretagne, Normandie, Pays de la Loire et Centre-Val de Loire). Elle est proche de la moyenne nationale dans les autres régions, à 24% (Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie).

⇒ La performance des exportatrices.

♦ Les PME exportatrices ont été plus performantes que les non-exportatrices en 2023 (41% ont augmenté leur CA vs 33) et leurs perspectives pour 2024 sont mieux orientées. 28% ont toutefois accusé une baisse de leur CA (27% chez les PME sans expérience à l’export).

38% des PME exportant régulièrement prévoient une hausse de leur chiffre d’affaires en 2024 contre 29% des exportatrices occasionnelles, 25% des non exportatrices « concernées » et 20% des PME dont l’activité n’est pas concernée par l’export. La part de celles prévoyant une baisse est en revanche assez proche, comprise entre 17 et 21% selon l’expérience à l’export.

 

♦ 98% des exportatrices régulières continueraient d’exporter en 2024, 69% des exportatrices occasionnelles, et 33% des PME ayant cherché à exporter par le passé sans succès. 

11% prévoient à l’inverse de réduire leurs exportations. Les PME qui comptent exporter en dehors de l’Union européenne sont plus nombreuses à anticiper une hausse de leurs exportations en 2024 (34% une hausse alors que seules 5% prévoient de les diminuer).
Les exportations progresseraient davantage chez les PME d’au moins 10 salariés (23% prévoient une hausse et 8% une baisse) que chez les TPE (17% une hausse, 13 une baisse). Les exportations sont attendues en plus forte progression dans les services et l’industrie. 

 

♦ Côté emploi, 25% des PME exportatrices ont augmenté leur effectif salarié (vs 18) et 14% ont accusé une baisse (vs 15).

 

♦ L’investissement s’y est montré plus dynamique (plus de la moitié d’entre elles ont investi vs 41% pour les autres), pour des montants d’investissement plus dynamiques (35% ont réalisé des investissements « verts » vs 28). 

 

♦ Les PME exportant régulièrement sont un peu plus nombreuses à juger leur trésorerie aisée (19% pour les exportatrices régulières, 16 pour les occasionnelles vs 13 pour les non concernées)  mais également un peu plus nombreuses à juger leur trésorerie difficile (respectivement 28, 26 et 26).

Les difficultés d’accès au crédit de trésorerie sont comparables (entre 12, 14, mais 9% pour les non concernées).  

 

♦ Les PME exportatrices sont plus fréquemment innovantes (45% des PME exportant régulièrement et 37% des PME exportant occasionnellement vs 14) ; innovantes et exportatrices à la fois ont augmenté leur CA de 2,4% vs 0,8% pour les exportatrices non innovantes (+0,8%). Les perspectives pour 2024 sont aussi mieux orientées pour l’activité et l’emploi.

⇒ Les destinations d’exportation.

♦ L’UE est la principale destination visée par les exportateurs (88%) ; 41% comptent le faire exclusivement vers l’UE. Pour les autres destinations 59% comptent exporter : en Amérique du Nord (26%), au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (26%), suivies par l’Europe hors-UE (2%) et l’Asie (20%). 12% comptent exporter en Afrique subsaharienne et 11% en Amérique latine.

 

♦ 48% des PME exporteraient vers une seule région. La diversification géographique des exportations est plus importante chez les PME ayant une plus forte expérience de l’export : 60% comptent exporter vers au moins 2 régions différentes en 2024 vs 39% pour les occasionnelles.

 

♦ Les PME exportatrices sont plus nombreuses à anticiper une augmentation de leurs exportations (19%) qu’une diminution (11%), notamment lorsqu’elles exportent hors UE (34% contre 18 chez les PME visant uniquement le marché de l’UE).

⇒ Les difficultés.

♦ Les coûts de prospection élevés et la complexité administrative sont les principaux obstacles à l’exportation.

Les PME exportant régulièrement citent en 1er lieu les coûts de prospection élevés (27% pour les exportatrices régulières) , la complexité administrative (26%) et les risques de délais de paiement (24%), les incertitudes dans les pays visés (19%) et la compétitivité jugée trop faible (15%).

 

Les PME sans expérience à l’export sont 48% à juger leur taille trop petite pour se lancer à l’export (de loin le principal frein cité) ; suivent leur manque de compétence (19%), la complexité administrative (19)  le cout de prospection (16) et l’offre peu applicable aux pays étrangers (16%).

 

Les obstacles à l’export varient selon les régions de destination des exportations : la complexité administrative est le 1er obstacle cité par les PME prévoyant d’exporter en Europe hors-UE, au Moyen-Orient et Afrique du Nord et/ou en Asie (30 à 32%). Par contre, Il s’agit des coûts de prospection pour l’Amérique du Nord (31%), des délais de paiement et risques d’impayés pour l’Afrique sub-saharienne (42%) et de l’incertitude économique et politique pour l’Amérique latine (32%). L’insuffisance de taille est le principal obstacle des PME orientées vers l’UE.

Les obstacles rencontrés par les PME n’exportant qu’occasionnellement se rapprochent de ceux mentionnés par les PME non exportatrices.  

⇒ Les atouts et les handicaps.

♦ La qualité des produits et services, (64%), le service client (55%) et notoriété (53%) sont perçus comme les principales forces des produits proposés par les PME françaises par rapport à leurs concurrents étranger. Suivent le degré d’innovation (41%), le niveau de prix (26%), la disponibilité des compétences (24%), la qualité des infrastructures (23%) et la digitalisation (16%)

 

Les PME prévoyant d’exporter en dehors de l’UE sont plus nombreuses à juger la qualité de leurs produits, leur service client, leur notoriété et leur degré d’innovation comme des atouts compétitifs, que celles prévoyant d’exporter uniquement au sein de l’Union (+14 à +19 points). La perception des désavantages est en revanche similaire.

 

♦ À l’inverse, le coût du travail (50%), la fiscalité (46%) sont pointés comme handicaps, et sont suivis par les prix de vente (33%), les coûts énergétiques (23%), la disponibilité des compétences (21%) et l’accès aux financements (18%).

Les facteurs affectant la compétitivité des PME sont les mêmes dans l’Industrie que dans l’économie dans son ensemble, mais ils sont plus fréquemment cités comme un désavantage (coût du travail, fiscalité, coûts énergétiques, prix de vente).  

N’aurait-il pas été plus intéressant d’interroger les concurrents pour disposer d’une vision plus objective ?

 

Pour en savoir davantage : Au delà des frontières : l’export et les PME en 2024 (bpifrance.fr)