Les tendances et mutations dans le bâtiment


«Quel(s) artisans en 2005 ? »,CAPEB les cahiers de tendance de l’artisan du bâtiment N°1 , lu janvier

Des évolutions favorables au bâtiment : la croissance de la population et son vieillissement, le taux important de divorces, les résidences secondaires (10 % du parc résidentiel, et en hausse) font partie de ces évolutions favorables ; des logements plus grands sont recherchés (en 30 ans, la surface moyenne des logements a gagné 15 m2, mais tendance à la baisse) ; et des modifications probables avec l’augmentation du prix de l’énergie (priorités vers l’isolation, la production d’énergie personnelle, les extensions, l’optimisation des espaces intérieurs). Des besoins nouveaux se font jour : domotique et informatique, espaces « forme » (sauna, piscine), maisons écologiques (solaire, eau de pluie), espaces modulables (petits appartements), partages de pièces (copropriété).

 

Les clients changent : La clientèle traditionnelle tend à vieillir  et le client devient de plus en plus exigeant : il se renseigne (Internet, presse…) et compare les devis ; Il veut du service (interlocuteur unique, conseil, hall d’exposition, délais, offre de financement)… Il valorise les nouvelles technologies. Il cherche le meilleur rapport qualité/prix et apprécie les technologies récentes plutôt que traditionnelles. Il est prêt à faire une partie des travaux lui-même pour des raisons économiques et très tenté d’acheter les matériaux sur Internet. Se sentant capable de tout faire tout seul, il s’auto-forme sur les lieux de vente et choisit des produits simples à poser. Pour lui le bricolage devient loisir, passe-temps. Lorsqu’il fait appel à un professionnel, c’est pour un savoir-faire complexe, ou parce qu’il n’a pas le choix – pour des raisons d’assurance par exemple. Mais, il est potentiellement prêt à payer le prix de sa tranquillité éthique.

 

La réglementation impose par contre de nouvelles normes (bâtiment à énergie positive et accessible pour tous).

 

Les études menées par la CAPEB ont permis de définir les différents profils d’artisans du bâtiment de demain:

– Les artisans en réseaux collaboratifs travaillant en coopératives, mutualisant des commerciaux, des outils de fabrication ou des équipements de contrôle, intégrant des bureaux d’études… De petites équipes, autonomes, autocontrôlées et travaillant en collaboration, réparties sur tout le territoire.

– l’artisan technicien, spécialiste du service, équipé et agréé pour la maintenance et l’entretien, proposant de nouveaux services comme l’adaptation des logements, le contrôle thermique ou l’installation/paramétrage de systèmes de commande et de suivi des équipements du bâtiment (chauffage, ventilation, accès, éclairage…).

– l’artisan axé « patrimoine et matériaux locaux » qui s’appuie sur un savoir-faire très qualitatif, sur son expertise des techniques traditionnelles, sur une connaissance importante des bâtis anciens et de la compatibilité des matériaux.

– l’artisan fabricant ayant investi dans des équipements de fabrication et ayant mis son atelier aux normes. Il propose des produits sur mesure et certifiés qu’il distribue à d’autres artisans de sa région. Certains pourront aussi les vendre en direct et les installer eux-mêmes.

– l’artisan multi-compétences, type micro-entreprise générale, sorte de « structure support » avec instruments, équipements, logiciels, bureau d’étude intégré… Spécialisé dans les offres de rénovation globale et les gros chantiers.

-l’artisan pilote de commercialisation, chef de file d’autres artisans auxquels il apporte sa compétence marketing. Il propose une approche globale, avec un fort degré d’innovation commerciale (outils promotionnels, offres de financement, leasing, études de satisfaction, etc.).

– l’artisan isolé, uniquement applicateur/poseur. Son entreprise de petite taille travaille en sous-traitance pour d’autres artisans ou des réseaux formalisés.

 

Il est soumis à une concurrence renforcée :

-des fabricants semi-industriels : présents depuis longtemps, ils ajoutent rapidement les métiers (voire les produits et services) nécessaires à la proposition d’offres de solutions globales.

-des entrepreneurs « cmistes » : constructeurs de maisons individuelles, ils lorgnent sur le marché de la rénovation. Ils en ont déjà certaines compétences et l’organisation.

-les grandes entreprises : elles lorgnent sur le marché gigantesque de la rénovation thermique ; organisées pour les très gros chantiers, elles ont les moyens de se réorganiser et/ou d’acquérir des acteurs plus petits.

-des réseaux de commercialisation : très agressifs dans leurs promesses aux clients, ils sous-traitent ensuite aux différents corps de métiers, à des conditions pas toujours négociables.

-des entrepreneurs non professionnels : ils proposent souvent des produits bas de gamme. Leur statut (comme par exemple le régime de l’auto-entrepreneur) et leurs tarifs « discount » leur interdisent tout investissement. Surtout présents dans les travaux de finitions, ils tirent les prix vers le bas.