En 2010, en France la production industrielle avait augmenté de 4,4 %, après le recul de 13,9 % en 2009 et de 3,4 % en 2008. La croissance est encore forte en 2011 (+ 3,8 % par rapport à 2010), mais la croissance régulière amorcée au lendemain de la crise semble s’être arrêtée à l’été 2011.
Le taux d’utilisation des capacités de production, qui avait atteint son niveau le plus bas au premier trimestre 2009 (71,3 %), au plus fort de la crise, s’est ensuite lentement redressé. Néanmoins, il a suivi les fluctuations de la production : après avoir culminé à 83,4 % au premier trimestre 2011, il est redescendu à 82,7 % au deuxième trimestre pour « terminer » à 82,2 % au quatrième. Il demeurait ainsi toujours inférieur à sa moyenne de longue période (85 %).
Les prix à la production ont augmenté de 5,1 % en 2011 par rapport à 2010, du fait de la hausse du coût de l’énergie.
En 2011, le déficit cumulé des échanges de produits manufacturés a atteint 42,2 milliards d’euros (en 2010, 32,0 milliards) ; les exportations ont augmenté de 7,6 % en moyenne en 2011 par rapport à 2010, mais les importations ont augmenté de 9,6 %. L’Union européenne représente 61 % des exportations de produits manufacturés en 2011 et 62 % des importations. Près de 80 % du déficit manufacturier est imputable aux échanges avec l’UE. Cette part est en progression par rapport à 2010 (73 %).
L’emploi industriel : depuis 2000, le recul de l’emploi dans l’industrie, aussi bien direct qu’en prenant en compte l’intérim, est régulier. Les raisons sont connues : externalisations, gains de productivité et délocalisations. Avec la crise, ce recul s’est fortement accentué.
Sur les douze derniers mois (du quatrième trimestre 2010 au troisième trimestre 2011), l’emploi industriel total a gagné 12 000 salariés (+ 0,3 %), dont 11 000 du seul fait de l’emploi intérimaire. Quelques activités industrielles affichent un bilan positif en termes d’emploi : les industries extractives, l’énergie, l’eau, la gestion des déchets et la dépollution (+ 6 500 salariés soit + 1,8 %), mais aussi la fabrication de matériels de transport (+ 6 000 salariés soit + 1,6 %) et à degré moindre l’industrie chimique et la fabrication de machines. D’autres secteurs industriels continuent de perdre des emplois, en particulier le secteur des industries du papier et de l’imprimerie (- 4 400) ainsi que celui de la fabrication des produits informatiques et électroniques (- 2 300, soit – 1,6 %).
Avec le retour d’une légère inflation, les salaires ont été revalorisés : en 2011, le salaire mensuel de base (SMB) de l’ensemble des salariés de l’industrie a augmenté de 2,4 % (entre le troisième trimestre 2011 et le troisième trimestre 2010) après les faibles progressions enregistrées en 2009 et 2010. Le retour d’une légère inflation a favorisé la hausse des salaires du fait notamment des mécanismes d’indexation des salaires. En particulier, la revalorisation du SMIC a été de + 1,6 % au premier janvier 2011 après + 0,5 % au premier janvier 2010. Celle-ci s’est transmise aux tranches de salaires supérieures
Les investissements corporels sont un peu moins dynamiques que prévu en 2011 : en début d’année 2011, l’investissement des entreprises avait retrouvé une certaine vigueur, avec le desserrement des conditions de crédit, l’amélioration des perspectives de demande et la nécessaire adaptation de l’appareil productif, repoussée pendant les deux années précédentes. Les industriels anticipaient alors un net redressement de leurs investissements (+ 14 % par rapport à 2010).
Mais, en octobre 2011, les chefs d’entreprises industrielles ont revu nettement à la baisse (trois points) leurs prévisions ; en janvier 2012, ils n’estimaient plus qu’à + 10 % la croissance de leurs investissements corporels en 2011.
Pour 2012, les industriels anticipent des dépenses d’équipement moins dynamiques : + 7 % par rapport à 2011. Les motivations d’investissement des industriels ne semblent pas avoir été modifiées par la crise : elles restent très stables par rapport aux années antérieures. La part des investissements destinés au renouvellement des équipements (28 % en 2011) se place devant la modernisation et la rationalisation des équipements (23 %).
Le CIR a amorti l’impact de la crise sur l’effort de R & D des entreprises
En 2009, la dépense intérieure de R&D des entreprises (DIRDE) implantées sur le territoire national s’est établie à 26,3 milliards d’euros, soit une croissance de 1,8 % en volume après + 1,5 % en 2008. Toutefois, les dépenses destinées aux branches industrielles ont stagné. En 2010, la DIRDE progresserait plus modestement (+ 0,5 % en volume) et atteindrait 26,7 milliards d’euros. En pleine crise économique, le CIR, simplifié et amplifié en 2008, a été un outil qui a fortement contribué à amortir la diminution de la dépense de R & D des entreprises.
Le taux de marge des entreprises industrielles s’est redressé en 2010 : En 2010, après deux exercices difficiles en 2008 et 2009, la reprise a été soutenue dans l’industrie manufacturière : alors que le chiffre d’affaires de l’ensemble des entreprises a augmenté de 5,3 %, celui des entreprises de l’industrie manufacturière a progressé de 8,9 %, permettant de combler partiellement la contraction de l’activité en 2009 (recul de 14,0 % du chiffre d’affaires contre 8,4 % pour l’ensemble des entreprises). La reprise de l’activité dans l’industrie est nettement moins marquée pour les PME, leur chiffre d’affaires ne s’accroissant que de 3,2 % en 2010.
La reprise a été soutenue par les exportations : en 2010, le chiffre d’affaires à l’exportation des entreprises de l’industrie manufacturière a augmenté de 10 %, de sorte que leur taux d’exportation a progressé, passant de 33,5 % à 34,3 % entre 2009 et 2010.
La valeur ajoutée des entreprises de l’industrie manufacturière a progressé à un rythme équivalent à celui du chiffre d’affaires mais, là encore, la progression a été moins marquée pour les PME. La réactivité des entreprises pendant la crise leur a procuré des gains de productivité dont elles ont tiré avantage en 2010 en limitant la hausse des charges de personnel (+ 1,3 % contre + 2,8 % pour l’ensemble des entreprises), notamment par le recours à l’intérim. Combinée à la baisse des impôts sur la production liée à la fin de la taxe professionnelle, la maîtrise des coûts a permis une forte hausse (+ 52,9 %) de l’excédent brut d’exploitation (EBE) et, partant, du taux de marge. Celui-ci s’est accru de huit points, atteignant 25,3 %. Pour les PME, l’accroissement n’a été que de deux points, le taux de marge repassant au-dessus de 21 % ; le taux de marge des PME de l’industrie manufacturière a décroché depuis les années 2000 et ne parvient pas à rattraper son niveau historique. De même, leur rentabilité économique nette s’est redressée en 2010, mais reste loin du niveau de 10 % atteint à la fin des années 90. La rentabilité financière nette, qui a davantage augmenté, semble avoir bénéficié en 2010 d’un effet de levier lié au faible coût de l’endettement. Celui s’est d’ailleurs sensiblement accru en 2010 pour les PME de l’industrie manufacturière (+ 5,0 % contre + 1,5 % pour l’ensemble des PME).
La situation de la trésorerie s’est fortement dégradée au second semestre 2011
Encore favorable au début de 2011, la situation de la trésorerie dans l’industrie était jugée difficile par les industriels au second semestre. Les résultats d’exploitation avaient fortement baissé, bien que toujours jugés à un niveau convenable.
C’est surtout sur l’évolution des conditions du financement de l’activité que les évolutions futures paraissent les plus préoccupantes. Les marges payées sur les crédits bancaires se sont accentuées. L’enquête de décembre 2011 de Coe-Rexecode auprès des trésoriers des grandes entreprises françaises révèle une nette dégradation de leur opinion sur les conditions de crédit. Les recherches de financement sont jugées quasiment aussi difficiles qu’à la fin de l’année 2008.