Source : les données Fidéli (Fichier démographique sur les logements et les individus), une source administrative regroupant notamment des données de la taxe d’habitation, des propriétés bâties, des impôts et des déclarations de revenus. Ces données sont enrichies avec la source Filosofi (Fichier localisé social et fiscal) sur la pauvreté et le niveau de vie des ménages.
Les données du recensement de la population, pour l’évolution de la population, des DADS 2017, pour l’analyse des déménagements et du lieu de travail, et du fichier de demande de valeurs foncières (DVF) 2014-2018, pour les prix immobiliers, ont également été utilisées.
Le champ d’analyse comporte les individus des ménages fiscaux ayant effectué un départ de Paris durant l’année 2018. L’analyse porte sur la personne de référence du ménage fiscal après le départ.
Contrairement à ce que bien des média ont exprimé sur le retour en province, notamment à la campagne, les Parisiens qui ont déménagé en 2018 l’ont fait à proximité de Paris, et de toute façon très majoritairement en zone urbaine.
⇒ La population de Paris et les entrées et sorties
⇒ Entre 2013 et 2017, un peu plus de 120 000 personnes en moyenne chaque année ont quitté Paris pour s’installer dans un autre département. Contrairement à la période 1999-2013, le solde naturel ne parvient plus à compenser un solde migratoire apparent fortement déficitaire. Ainsi, le nombre d’habitants dans la capitale diminue depuis plus de 5 ans : en 2018, le nombre d’habitants (2 176 000) est proche de celui de 1999, le plus bas sur la période observée (1936-2018) ; il était de 2 850 000 en 1954.
♦ Les ménages s’installant à Paris sont constitués aux 2/3 de personnes seules ; cette part est de 46% pour ceux qui quittent la capitale. Les couples avec un ou plusieurs enfants représentent 6% des ménages s’établissant dans la capitale contre 20% de ceux qui en partent.
♦ Lorsqu’ils quittent la capitale, 58% des ménages parisiens restent en Île-de-France, et plutôt en petite couronne (Hauts de France, Seine St-Denis et Val de Marne, 46%).
-Plus d’1/4 des Parisiens quittant la capitale s’installent à moins de 10 km de Paris et près de la moitié à moins de 20 km. Les Yvelines constituent la première destination pour les Parisiens déménageant en grande couronne (plus d’1/3 de ces derniers choisissent ce département).
-Pour ceux dont le choix résidentiel se porte sur la province, les destinations privilégiées sont surtout les départements des grandes agglomérations, mais aussi les départements limitrophes d’Île-deFrance ou les départements côtiers. Les premières destinations sont en effet Lyon, Bordeaux, Marseille et Nantes.
En définitive, si 58% restent en Ile de France, le sud attire 19% d’entre eux, loin devant le nord et l’est (8%), l’ouest (7%) et le centre 5,5%).
⇒ Quelques élements complémentaires sur les types d’espaces choisis (localisation et type d’habitat)
-Après leur déménagement, 90% vivent toujours en milieu urbain : 79% dans un espace urbain dense et 11% dans un espace urbain de densité intermédiaire.
-27% des partants nés en province retournent dans leur région d’origine ; la région Grand Est est celle où ces « retours au pays » des Parisiens sont les plus représentés (35 %).
-Les ménages dont le référent fiscal a 60 ans ou plus, déménagent pour plus de la moitié d’entre eux dans les régions Paca, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie.
-68% s’installant en milieu rural sont propriétaires (certains l’étaient déjà ; d’autres le deviennent). Pour ceux s’installant en milieu urbain, 58% louent. Seuls 7% des ménages quittant Paris sont locataires d’un logement social, contre 20% de la population parisienne.
-78% des ménages quittant Paris s’installent en appartement, en lien avec l’offre de logements des territoires urbains denses où l’habitat collectif est le plus développé ; seuls 16% s’installent dans une maison en commune urbaine ; par contre 86% de ceux qui s’installent en milieu rural élisent domicile dans une maison.
-La surface médiane du nouveau logement est de 100 m² pour les Parisiens emménageant dans une commune rurale et de 59 m² pour ceux faisant le choix d’une commune urbaine, contre respectivement 52 et 44 m² dans leur ancien logement à Paris.
⇒ Quelques particularités complémentaires relatives aux partants
♦ De manière générale, les couples sans enfant sont très fortement représentés parmi les personnes quittant Paris avec deux profils très différents suivant la destination :
-Ceux qui s’installent en milieu urbain sont principalement de jeunes couples (57% sont âgés de 25 à 34 ans) qui anticipent sans doute l’arrivée du premier enfant tout en restant attachés à vivre en milieu dense.
–Dans les communes rurales, 62% des couples sans enfant ont 60 ans ou plus.
♦ 53% des Parisiens actifs ne changent pas de lieu de travail lors du déménagement, surtout lorsque la mobilité résidentielle est de courte portée (département limitrophe de Paris). Lorsqu’ils s’installent en petite couronne, ils sont alors 65% à conserver leur emploi et 60% en grande couronne, contre 36% des Parisiens qui déménagent en province.
♦ Les âges
Les Parisiens emménageant dans une commune urbaine sont pour moitié âgés de moins de 35 ans, alors que ceux choisissant une commune rurale sont 50% à avoir plus de 58 ans. Selon les âges, les motivations à l’origine des mobilités résidentielles diffèrent : les moins de 60 ans, le plus souvent actifs, cherchent à rester à proximité de leur emploi, des réseaux de transports ou des structures d’accueil pour les familles.
Les destinations rurales attirent ainsi près de 30% des ménages âgés de 60 ans ou plus, contre seulement 3% et 4% pour les ménages âgés respectivement de moins de 30 ans et de 30 à 39 ans.
♦ Tous âges confondus, les ménages qui font le choix de quitter la capitale disposent de revenus dont l’échelle est proche de ceux qui restent : pour 25% des ménages les plus modestes avec un revenu mensuel inférieur à 1 584€ pour les Parisiens partants (1er quartile) contre 1 512€ pour l’ensemble des Parisiens ; pour 25% des ménages les plus aisés, 3 253€ pour les Parisiens partants avec 300€ de moins que celui de l’ensemble des Parisiens.
Les nouveaux venus en milieu rural sont les plus aisés : 25% d’entre eux ont un niveau de vie supérieur à 3 412€, 175€ de plus qu’en milieu urbain (ménages surtout de plus de 60 ans).
♦ Les ménages quittant Paris et achetant un habitat ont déboursé en moyenne 118 800€ pour un espace de 3 pièces en milieu rural, contre 181 200€ en milieu urbain et 167 100€ dans une commune rurale de grande couronne contre 237 300€ en milieu urbain.
Un tableau résumé :
Pour en savoir davantage : 90 % des Parisiens qui quittent la capitale s’installent dans une commune urbaine – Insee Analyses Ile-de-France – 143