Le tissu entrepreneurial suédois est d’abord constitué de grands groupes de réputation mondiale (Volvo, Ericsson, Scania, H&M,Ikea, Securitas…) ; alors comment les Suédois sont-ils parvenus à passer du stade de l’invention à celui de l’innovation pour créer ces grandes entreprises ?
Le tableau de bord de l’innovation 2013 de la Commission européenne classe la Suède au 1er rang des pays européens, suivie des autres pays « leaders » que sont l’Allemagne, le Danemark et la Finlande, la France étant classée parmi les pays « suiveurs » au 11ème rang. Cette réussite est le résultat d’un choix stratégique qui favorise une collaboration étroite entre le monde universitaire et de la recherche, le public et le privé (le modèle de la « triple hélice ») ; ce modèle a également permis le développement de TPE/PME dans des domaines très spécialisés comme ceux de l’imagerie médicale ou de la microélectronique.
Autre atout stratégique, le mentorat : en 2006, le gouvernement suédois a lancé un programme intitulé « Mentor your business », qui vise à accompagner en priorité les entrepreneurs qui n’ont pas les moyens financiers de bénéficier d’un soutien professionnel (1 000 porteurs de projet accompagnés chaque année); la mise en œuvre a été confiée à deux entités : « Almi Företagspartner » (Agence pour le développement commercial et stratégique des entreprises) et « Jobs and society » (fondation présente dans 200 municipalités suédoises qui conseillent plus de 10 000 porteurs de projet chaque année) ; « Jobs and Society » aident les porteurs de projet prêts à démarrer leur activité tandis qu’« Almi » misent sur les entreprises à potentiel de croissance, notamment à l’international. La participation financière demandée aux mentorés est proportionnelle à la taille de leur entreprise (entre 100 et 200 euros). Une dizaine de rencontres mentor-mentoré ont lieu dans l’année, des évènements de networking sont organisés. Les entrepreneurs d’origine étrangère ont accès à un programme de mentorat particulier.
3éme atout, l’école comme berceau de l’esprit entrepreneurial
Elle mobilise les grandes institutions du pays qui unissent leurs moyens afin de renforcer la place de l’école, pilier du modèle social suédois et régulièrement citée en exemple sur le plan international.
Plusieurs initiatives sont à l’œuvre : celle de l’association de jeunes entrepreneurs «Ungföretagsamhet» avec le soutien d’acteurs de premier plan de la vie économique et politique suédoise tels que Volvo, Swedbank, la Confédération suédoise des entreprises et un journal national ; elle offre à 20 000 élèves (1/4 d’entre eux deviendront des créateurs) la possibilité aux collégiens et lycéens de suivre un programme de gestion de leur propre entreprise sur le temps scolaire.
Ou encore des méthodes pédagogiques innovantes : depuis plus de 30 ans « Finn upp » (Inventer) portée par une association d’ingénieurs demande à chaque élève de collège d’identifier un problème rencontré personnellement et trouver un moyen inventif de le résoudre en mobilisant les savoirs enseignés à l’école, poussant chacun à faire preuve de rigueur et de créativité en respectant les différentes étapes identifiées dans le processus d’invention (l’idée, le design et la réalisation) ; tous les trois ans « Finn upp » organise un concours national afin de récompenser les « inventeurs » les plus talentueux.
Le programme « Snilleblixtarna » met à disposition des enseignants du primaire un ensemble d’outils pédagogiques destinés à stimuler l’intérêt des élèves (dès la maternelle !) pour les nouvelles technologies, les sciences de la nature et l’entrepreneuriat.
Enfin pour les publics sortis du cadre scolaire, l’Agence pour le développement commercial et stratégique des entreprises a donc développé sur Internet une école de l’entrepreneuriat (Företagarskolan), allant de la préparation à la création jusqu’au développement de l’entreprise.