Si le nombre de défaillances est deux fois moins important que les années passées, le nombre d’emplois menacés, concernant ces seules défaillances, est aussi élevé qu’avant.
« Le premier semestre 2020 restera dans les annales de l’accompagnement de l’entreprise en difficulté. Moins de 17 000 entreprises ont fait l’objet d’une procédure collective à mi année. Il faut remonter à plus de trente ans pour trouver un nombre aussi faible. Ces chiffres paraissent pourtant invraisemblables au regard de la force de la crise. En réalité, c’est l’aménagement des textes règlementaires qui a permis cette étonnante résistance des entreprises. Sans cette adaptation du droit et l’aide des pouvoirs publics, des dizaines de milliers d’entreprises seraient
tombées dès ce 2ème trimestre, beaucoup disposant de moins de trente jours de liquidité pour faire face aux dépenses immédiates. » “
Au 2éme trimestre, ce sont 5 766 défaillances dont 75% en liquidation judiciaire, contre une moyenne de 13 011 entre 2016 et 2019, soit -56% sur l’ensemble des défaillances (-52% en liquidation et -66% en redressement). Par contre les emplois menacés sont aussi nombreux (43 400 vs 42 075).
L’observation des défaillances 2019/2020 par tranche de taille d’entreprise montre un taux de liquidation plus important pour les moins de 10 salariés.
De fait les plus petites entreprises sont nettement plus liquidées que les tailles supérieures. Le taux de liquidation en 2020 est de fait plus important qu’en 2019 (77% vs 70, mais surtout dans la tranche des 3-5 salariés 76% vs 60).
Reprenons notre observation par tranche de taille.
Ce qui ne change pas est le fait que les TPE sont 92% des défaillances vs 1,7% pour les 50 salariés et plus (96 en nombre); mais les emplois concernés appartiennent essentiellement aux 50 salariés et plus ; la moitié sont le fait d’entreprises de plus de 300 salariés au sein de 15 entreprises (La Halle, Camaïeu international, Celio France, Alinea, Orchestra, Naf-Naf pour ne citer que les 6 plus connues).
Les moins de 10 salariés connaissent une baisse des liquidations de 50%, alors que ce taux est bien plus faible pour les autres tailles (peu portées vers la pratique des liquidations, 221 pour ce 2éme trimestre vs 303 soit -27%). Par contre les redressements font état d’une forte baisse pour les TPE (-68%), plus modeste pour les 10 -49 salariés (-52%) et surtout bien plus faible pour les 50 salariés et plus (-3%).
Ces chiffres montrent les choix prioritaires de traitement des tribunaux de commerce pendant ce 2émé trimestre : mise en liquidation de TPE (le flux “facile” à traiter) et mise en redressement des plus de 50 salariés (urgence venant de la situation financières de ces entreprises, notamment au regard du grand nombre d’emplois concernés).
Si nous observons l’ancienneté des entreprises, les plus récentes (moins de 5 ans d’ancienneté) sont 42,5% des défaillances, sans grand changement au regard de 2019 (45,4%).
Si les baisses des défaillances sont globalement proches quelque soit l’ancienneté de l’entreprise (-47 à – 55%), la baisse des liquidations est plus faibles pour les 16 ans et plus (-38% vs -47), alors que la baisse des redressements est plus vigoureuse pour les moins de 5 ans (-70% vs -60 à -63). Ceci confirme ce que j’exprimais ci-dessus en termes de choix prioritaires des tribunaux de commerce.
En termes d’activité, certains secteurs connaissent moins de défaillances, tels le bâtiment, les transports, le commerce de gros, alors que d’autres ont une plus grande proximité du nombre de défaillances avec 2019 tels la coiffure, l’éducation, les activités financières et assurance. La moyenne toutes activités de la baisse est de -53%.
Dans certaines activités les liquidations sont plutôt proches de 2019, alors que les redressements sont nettement moins nombreux (exemples de la coiffure, de l’éducation, des activités récréatives, des travaux publics…).
Pour en savoir davantage : https://www.altares.com/fr/blog/2020/07/09/etude-defaillances-et-sauvegardes-dentreprises-en-france-t2-2020/