En 2019, tous secteurs confondus, 78% de la demande intérieure finale correspond à de la valeur ajoutée française et 22% à de la valeur ajoutée étrangère.
3 considérations préalables :
-Lorsque le bien final est produit sur le territoire, il peut s’accompagner de consommations intermédiaires avec un contenu importé élevé.
-Un pays de grande taille satisfait avec sa propre production une plus grande part de sa demande intérieure finale.
-La tendance à la hausse d’une hausse des importations de produits intermédiaires est proche dans tous le pays, qu’il y ait excédent déficit courant, un chômage structurel élevé ou bas. Elle illustre le phénomène mondial d’allongement des chaînes de valeur mondiales, avec l’intégration de la Chine depuis une trentaine d’années.
⇒ Le made in France pour les produits manufacturés a nettement baissé depuis 1965 (de 89 à 38%).
Depuis 1965, le contenu en valeur ajoutée intérieure des exportations françaises a diminué de près de 14 points, avec une stabilisation depuis 2011. En 2019, les exportations contiennent 71% de valeur ajoutée intérieure et 29% de valeur ajoutée étrangère.
En 2019, les biens fabriqués et consommés en France viennent pour 38% de France quand il s’agit de biens manufacturés ; cette part est plus élevée pour la construction (96%), les services marchands (80%), les biens agricoles (58%) et l’énergie (50%).
Le contenu importé des produits consommés en France provient principalement d’Allemagne (12%), des États-Unis (11,8%) et, dans une moindre mesure, de Chine (7,3%), d’Italie (6,7%) et d’Espagne (6,4%).
Les biens du champ manufacturier sont surtout importés d’Allemagne et de Chine, et les denrées alimentaires d’Allemagne, des Pays-Bas et d’Italie.
⇒ Taux de made in selon les pays
Le made in pour l’ensemble des produits est proche dans les pays de taille comparable en Europe en 2019 : 75% en Allemagne, 78% en Espagne et en France, 80% en Italie, alors que l’Irlande et les Pays-Bas, davantage intégrés au commerce international, ont des taux plus faibles (respectivement 44 et 63%).
Le made in est plus élevé aux États-Unis (83%) et en Chine (87%).
La décomposition du made in par branche peut différer d’un pays à l’autre. En 2019, le made in en biens manufacturiers de la France (38%) est inférieur à celui de l’Allemagne (52%) et de l’Italie (51%), et de l’Espagne (40%), vs aux États-Unis (66%).
Entre 1965 et 2019, le made in en produits manufacturiers chute de 44 points en France et de 33 points en Allemagne.
S’agissant des produits agricoles, la baisse est de 20 points en France et de 28 points en Allemagne.
⇒ Conséquences du fait d’ importer.
♦ Le développement des chaînes de valeur s’accompagne de risques en matière de maîtrise des sources d’approvisionnement, notamment si les importations représentent une part importante des consommations intermédiaires, où si les importations sont concentrées sur un petit nombre de pays et de branches de provenance.
En France, 121 sur 644 produits importés sont vulnérables à des perturbations sur les approvisionnements. Ces produits vulnérables sont concentrés sur la Chine ou les États-Unis et sur les secteurs de la chimie, l’agroalimentaire ou la métallurgie ; ajoutons au niveau européen d’autres secteurs clés tels que les métaux rares, les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques.
L’industrie, plus intégrée aux chaînes de valeur mondiales, est plus exposée à des ruptures de ces dernières.
♦ Une hausse de la production d’une branche entraîne le reste de l’économie via les achats de cette branche. Cet effet multiplicateur est particulièrement élevé quand les consommations intermédiaires représentent une part importante de la production de la branche et quand elles sont produites en France.
♦ Lorsque l’investissement est localisé à l’étranger, ce qui entraîne des importations de produits (finis ou intrants intermédiaires), les conséquences sur l’activité et les émissions de gaz à effet de serre sont très différentes.
⇒ En conclusion.
♦ Si un établissement manufacturier produisant 1Md€ de valeur ajoutée s’installait en France plutôt qu’à l’étranger, notamment pour les entreprises étrangères, la valeur ajoutée augmenterait en France de 2Md€ en tout, avec un entraînement des chaînes de fournisseurs de cet établissement à hauteur de 1Md€. La hausse de valeur ajoutée totale rapportée à la hausse de valeur ajoutée de l’établissement supplémentaire, est donc égal à 2 dans l’industrie manufacturière.
♦ Une augmentation de l’activité en France plutôt qu’à l’étranger aurait également un effet positif sur le solde extérieur français : la hausse de la production d’une branche serait en partie exportée, et d’un autre côté permettrait de réduire les importations de biens produits à l’étranger. La localisation en France plutôt qu’à l’étranger d’activité manufacturière générant directement 1Md€ de valeur ajoutée créerait 24 400 emplois en tout. Ces multiplicateurs d’emplois seraient très élevés (de 2,9 et 3,8).
En moyenne, pour une localisation d’activité de 1Md€ dans les branches manufacturières en France plutôt que chez nos partenaires commerciaux, la valeur ajoutée baisserait dans la plupart des pays : de 275M€ en Allemagne, de 130M€ en Italie et de 100M€ en Espagne.
♦ Localiser l’activité en France aussi fait baisser les émissions mondiales de CO2, la France se caractérisant par un mix énergétique et une production moins carbonée que ses principaux partenaires.
Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/7702892