Source : la situation des TPE est principalement analysée à partir des données de l’Observatoire des entreprises de la Banque de France sur la base de 1,1 million de liasses fiscales 2022 (ces TPE ont un chiffre d’affaires moyen de 309 000€ et un effectif moyen de 1,4 salarié), complétées par des données de l’Observatoire de la profession comptable ; rappelons que selon l’Insee, en 2020, l’appareil productif rassemble 4,2 millions d’entreprises, essentiellement des TPE dont les microentreprises, qui pour bonne part ne sont pas intégrées ici.
Un rapport fort complet sur la situation financière des TPE et son évolution.
⇒ L’activité des TPE est globalement dynamique, mais avec une baisse de l’Excèdent Brut d’Exploitation.
♦ Après le choc d’activité de 2020, le chiffre d’affaires des TPE augmente en 2022 pour la 2éme année consécutive (+ 13,1% en 2022 après + 12,5% en 2021 et – 2,5% en 2020), de même que la valeur ajoutée (+ 13,3% en 2022 après + 12,9% en 2021 et – 5,4% en 2020).
Toutefois, s’agissant du chiffre d’affaires (en € courants), 29% enregistrent une baisse 30% en 2020/2021, 35% pour la valeur ajoutée (vs 36), et 49% pour leur EBE (vs 51%). A fin 2022, l’EBE des TPE connaît une diminution de 2,6% sous l’effet de la progression sensible des charges de personnel et surtout de la quasi disparition des aides dont ces entreprises avaient été très largement bénéficiaires.
♦ Les données de l’Observatoire de la profession comptable (Image PME et le baromètre national de l’U2P des entreprises de proximité) montrent l’effet du ralentissement économique :
-L’indice de chiffre d’affaires d’environ 600 000 TPE-PME de l’Ordre des experts-comptables montre une augmentation de 4,1% en valeur du chiffre d’affaires par rapport au 1er semestre 2022,
-Le baromètre de l’U2P-Xerfi Spécific, corrigée de l’évolution des prix, accuse une baisse de 0,8% au cours du printemps 2023 par rapport à la même période de 2022; sur les 12 derniers mois, elle est désormais négative (–1%).
Dans ce contexte, le taux de marge moyen des TPE, mesuré par le rapport de l’EBE sur la valeur ajoutée, a diminué légèrement en 2022 mais se maintenait à un niveau supérieur (31%) à celui d’avant-crise Covid-19 (27% en 2019). Mais, 50% des TPE ont en 2022 un taux de marge inférieur à 41%, 25% un taux de marge inférieur à 12% et 25% un taux de marge supérieur à 92%.
Noter le caractère atypique du secteur HCR et dans une moindre mesure, des services aux particuliers dont l’activité a été fortement impactée par la crise de la Covid-19 et qui, pour ces raisons, ont été principalement bénéficiaires des aides du fonds de solidarité.
⇒ L’endettement des TPE diminue
La diminution du taux d’endettement brut moyen est observée dans quasiment tous les secteurs en 2022 par rapport à 2021, la seule exception concernant le secteur énergie, eau et déchets.
♦ En raison d’une dette qui varie peu et de capitaux propres qui se renforcent, le ratio d’endettement diminue en 2022 pour la 2éme année consécutive, l’augmentation des taux d’endettement liée à la crise de la Covid-19 apparaît globalement effacée. La dynamique est similaire si l’on considère le taux d’endettement net de la trésorerie. Au total, l’endettement des entreprises et les risques associés sont globalement maîtrisés, même si un tiers des TPE enregistrent une dégradation de leur ratio de levier en 2022.
40% des entreprises ont en 2022 un encours de dépôts supérieur à celui des crédits, et 39% un endettement bancaire net positif en diminution ; pour 20,7% l’endettement bancaire net positif augmente.
L’amélioration moyenne des taux d’endettement résulte notamment d’une augmentation globale de leurs capitaux propres de 10% en 2022 : les 2/3 des TPE enregistrent une hausse de leurs capitaux propres, mais près d’une TPE sur cinq présente des capitaux propres négatifs, une proportion stable sur la période 2019-2022.
♦ Après les hausses record enregistrées entre 2019 et 2021, la trésorerie diminue en 2022 tout en se maintenant à un niveau élevé ; la trésorerie médiane s’établit à 76 jours de chiffre d’affaires, 12 jours de moins qu’en 2021, mais 25 jours de plus qu’en 2019.
50% ont une trésorerie supérieure à 76 jours de chiffre d’affaires, 25% des TPE à moins de 26 jours et 25% à plus de six mois de chiffre d’affaires.
De manière convergente, l’analyse des comptes annuels des TPE-PME, réalisée par l’Observatoire de la profession comptable montre que si, entre 2022 et 2021, la trésorerie active a diminué de 4,3% pour les TPE-PME, elle a progressé de 5,9% entre 2022 et 2020, signe qu’elle avait fortement crû en 2021, notamment en raison des aides reçues pendant la crise sanitaire : 41,9% des entreprises ont affiché une trésorerie en hausse et 56,6% en baisse.
⇒ Un accès aux crédits de trésorerie qui se maintient à des niveaux élevés
♦ Le soutien massif apporté aux entreprises pendant la crise de la crise de la Covid-19 s’est notamment traduit par des flux de crédits de trésorerie en forte hausse avec notamment la distribution PGE puisque les TPE en ont été les principales bénéficiaires en nombre (551 000) pour un encours total de 39,5Md€. Les flux de crédits de trésorerie reviennent progressivement vers des niveaux habituels, étant toutefois, au début 2023, inférieurs à 2019 (–13% au 1er semestre 2023 par rapport au 1er semestre 2019). Il en résulte logiquement une réduction progressive des encours.
♦ Les demandes de nouveaux crédits sont nettement inférieures à 2019 avec des demandes toujours bien servies ; les TPE bénéficient d’un taux d’obtention identique en moyenne au 1er semestre 2023 à la situation de 2019, avant la crise de la Covid-19, avec toutefois une baisse au 1er trimestre 2023 (67%, avant de revenir à un taux de 75% au 2e trimestre, plus élevé en moyenne qu’avant la crise de la Covid-19).
♦ Selon la 77éme enquête semestrielle de conjoncture de Bpifrance auprès des PME, les conditions d’accès aux crédits de trésorerie restent relativement souples et retrouvent le niveau d’avant-crise : 15% des TPE déclarent avoir rencontré des difficultés pour financer leur exploitation courante (14% en novembre 2019).
Pour les TPE rencontrant des difficultés pour financer leur activité courante, le niveau insuffisant d’activité et/ ou les perspectives incertaines demeurent la principale explication (55%), puis la nécessité d’apporter des garanties jugées trop importantes (32%).
Les problèmes récurrents mis en avant par les banquiers portent sur l’insuffisante anticipation des TPE et des compétences financières qui doivent être renforcées.
Mais rappelons aussi que les TPE rencontrent davantage de difficultés de financement à court terme que les PME (29% contre 17%).
⇒ Les besoins en BFR
Rappelons aussi que le contexte de la crise sanitaire et la situation inflationniste pèsent sur le besoin en fonds de roulement d’exploitation (BFRE) ; celui-ci s’est accru de 27% entre 2019 et 2022 ; après la forte augmentation de 2020, le nombre de jours de chiffre d’affaires, s’est réduit de 26,5 jours en 2020 à 25,3 jours en 2022.
Ces évolutions résultent en partie des rapports de force clients/fournisseurs en matière de délais de paiement : après une hausse des délais clients et fournisseurs en 2020 qui a réduit le solde commercial des TPE, les délais se sont réduits en 2021 et 2022 mais l’accélération plus forte des règlements fournisseurs (–3 jours) par rapport aux paiements des clients (–1,6 jour) se traduit par une augmentation de plus d’un jour du solde commercial supporté par les TPE.
En outre, la forte croissance des stocks après la crise sanitaire a accru les besoins de financement de court terme (les stocks des TPE ont augmenté de 8% en 2021 et de 10% en 2022, après 5% en 2020). Dans le même temps, les entreprises sont appelées à rembourser les charges fiscales et sociales pour lesquelles elles avaient bénéficié d’un report ainsi que les PGE. Pour une très grande majorité d’entre elles, ces prêts sont venus abonder directement la trésorerie. Au 30 juin 2023, 15,5 des 39Md€ octroyés aux TPE sont déjà remboursés.
♦ 3 autres enquêtes
-Selon le baromètre Bpifrance de septembre 2023, 8% des dirigeants de TPE (7% du côté des PME) considèrent l’insuffisance de liquidité comme le principal risque pour leur entreprise à la rentrée 2023.
30% des TPE jugent leur trésorerie difficile (contre 32% en début d’année) er 28% anticipent une dégradation de leur trésorerie au cours des trois prochains mois, une proportion stable depuis le début d’année.
-Le baromètre de l’U2P-Xerfi Spécific, sur un échantillon de 7 675 entreprises de proximité, indique que la situation financière des entreprises de proximité continue de se détériorer au 2eme trimestre 2023 avec, toutefois, un nombre de professionnels faisant état d’une dégradation de leur situation de trésorerie qui se réduit (16% contre 22% au 1er trimestre 2023).
-En août 2023, en revanche, la part des dirigeants interrogés dans le cadre de la Grande consultation des entrepreneurs par CCI-OpinionWay sont confiants pour les perspectives économiques de leur entreprise (73%) et espèrent d’ici la fin de l’année une amélioration ou un maintien de la trésorerie (77%).
La suite du document explique les appuis proposés par différents acteurs dont les banques pour les aider dans leurs besoins de financement.
Pour en savoir davantage : https://mediateur-credit.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/ofe2023_rc.pdf