Méthodologie : une revue de littérature, la collecte et l’analyse de données quantitatives, des entretiens avec des personnes expertes, avec des structures d’appui et d’accompagnement, et avec des personnes en repreneuriat (cédants).
Le terme « repreneuriat » désigne la reprise de l’activité d’une entreprise déjà existante par une ou plusieurs personnes ; l’entreprise rachetée par une autre entreprise ne rentre pas dans la définition du repreneuriat.
L’étude proposée ne s’attacherait qu’à un très petit nombre de repreneurs, alors qu’elle semble prétendre traiter de la reprise dans son ensemble.
⇒ Quelques constats autour de la reprise.
Près de 20% des dirigeants des PME sont aujourd’hui âgés de plus de 60 ans et plus de 60% des dirigeants d’ETI ont au moins 55 ans. De ce fait, le nombre d’entreprises à transmettre dans les prochaines années va donc considérablement augmente. 31% des entreprises vont voir partir à la retraite leur dirigeant dans les dix années à venir.
En 2018, selon l’Observatoire BPCE, 80% des 50 000 entreprises qui changent de propriétaire chaque année sont des TPE.
Quelques autres chiffres clés (dont on ne connait pas les sources) :
-Un taux de survie de 60% à 5 ans des entreprises reprises,
-Une baisse de 26% du nombre de reprises entre 2008 et 2021 : globalement en baisse au fil du temps en moyenne annuelle entre 2009/2010 ce sont 48 252 reprises annuelles, 50 966 entre 2011 et 2013, 46 550 entre 2014 et 2016, 45 134 entre 2017 et 2020 et 43 210 en 2021. Ces données sont extraites du BODACC qui ne couvre pas toutes les reprises,
-Un taux de reprise de 13,3% pour les ETI, vs 1,9% pour les TPE,
-22% sont des reprises familiales,
-10% des cheffes d’entreprises ont repris une entreprise en externe (contre 21% chez les dirigeants).
⇒ Les profils
Un homme, entre 45 et 55 ans, diplômé (majoritairement en école de commerce et école d’ingénieur) et ayant déjà exercé comme cadre en entreprise, généralement dans des grands groupes, ou de PME d’une certaine taille.
Cette information est largement erronée si nous observons le flux des repreneurs qui sont avant tout des commerçants ou des artisans en ce qui concerne les TPE et plus proche du profil évoqué ci-dessus pour la reprise de « grosses » TPE ou de PME, voire d’ETI. Elle provient de l’analyse des profils des repreneurs recensés par l’Association Cédants et Repreneurs d’Affaires, positionnés sur des repreneurs diplômés, expérimentés à la recherche d’entreprises développeurs avec des salariés (type PME).
La part des femmes au sein du repreneuriat peut faire l’objet de données contradictoires. Il semblerait que les femmes repreneures sont souvent ancrées dans une histoire familiale d’entrepreneuriat (selon Réseau Entreprendre en 2016, 46% déclaraient avoir des parents entrepreneurs contre 37% pour les hommes).
⇒ L’accompagnement au repreneuriat
-Il n’existe pas de réel dispositif d’anticipation du repreneuriat. La publicité des entreprises à reprendre s’opère souvent « trop tard » et dans des situations économiques qui mettent à mal leur reprise dans de bonnes conditions.
-Les opérations de cession-reprise s’opèrent largement au sein d’un milieu entrepreneurial « fermé » (clubs d’entreprises, réseaux formels ou informels du dirigeant-cédant), hors la reprise des fonds de commerce, très largement majoritaires dans le flux des reprises, largement connu par les annonces en agences spécialisées.
-L’écosystème d’accompagnement, dans son travail d’identification du bon repreneur, semble survaloriser des caractéristiques classiques du profil entrepreneurial.
Le paradigme d’accompagnement autour du couple cédant-repreneur, s’il n’est pas à remettre en cause globalement, peut conduire à exclure : les profils atypiques, au bénéfice de profils plus à l’image de celui du cédant.
-Le succès est ainsi conditionné par des facteurs qui sont insuffisamment partagés sur un plan stratégique par les acteurs d’un territoire. Cela se fait souvent au détriment d’une focalisation trop interne de l’entreprise. De même, ce succès est dépendant du regard spécifique de certains acteurs de l’accompagnement (la banque, l’expert-comptable…), là encore au détriment d’une approche globale et collective, permettant de mieux peser la valeur d’un projet de reprise au regard des enjeux propres à l’entreprise, mais aussi du territoire ou de la filière d’activité.
Pour en savoir davantage : https://www.fondation-entreprendre.org/wp-content/uploads/2023/09/Fondation-Entreprendre-Etude-repreneuriat_FINAL-VERSION-1.pdf