Méthodologie : échantillon de 1218 directeurs ou gérants d’entreprises représentatif des entreprises françaises de 1 à 49 salariés, interrogé par téléphone sur système CATI. Les interviews ont été réalisées du 10 septembre au 2 octobre 2018.
L’échantillon a été constitué de la façon suivante :
1 Il a tout d’abord été raisonné afin de permettre une lecture des résultats sur 6 profils de dirigeants de la segmentation MMA, 12 nouvelles régions administratives (la Corse ayant été regroupée avec PACA). Certaines populations ont ainsi été surreprésentées afin de disposer d’une base brute de répondants suffisante pour analyser les résultats de chaque sous-cible.
2 L’échantillon final a ensuite été redressé
-en termes de profils de dirigeants de la segmentation MMA (managers de PME 36%, petits commerçants 20%, solistes/petits artisans 15%, homme réseau 14%, médical 10% et petits exploitants agricoles 5%) et de régions. Chaque cellule ainsi constituée (Segment X Régions) retrouve donc son poids réel dans l’échantillon global et les résultats d’ensemble sont représentatifs de la population étudiée.
En termes de taille : 80% de 1 à 5 salariés, 11% les 6 à 9 salariés, 6% les 10 à 19, 3% les 20 à 49 salariés.
En termes d’activité : 28% appartiennent au commerce, 17% aux services aux particuliers (dont coiffure, pressing…), 10% à la construction, 12% à l’industrie (dont les boulangers, charcutiers, commerces de bouche…), 14% aux services aux entreprises (information/communication compris ?), 7% aux HCR, 4% à la santé, 6% à l’agriculture, 2% aux transports; quid des activités financières, immobilières, de l’éducation ?
En termes de fonction : 74% sont des gérants/responsable de l’activité et 6% des PdG ou DG, 16% des co-gérant et 4% des associés.
53% des personnes interrogées affirment que l’entreprise est issue d’une création et 47% d’une reprise d’activité (rachat ou succession).
« Sondage Opinion Way pour la Fondation MMA »
Les segments MMA, s’ils sont intéressants à priori du fait d’une tentative de typologie, ne sont pas décrits ( pourquoi les terminologies utilisées et quel contenu ?) et ne permettent pas de les comparer à d’autres populations; on ne sait pas la source mère (fichier Siren de l’Insee, fichier propre à MMA ? ). Noter que les sans salarié ne sont pas pris en compte; quid des chef d’entreprise travaillant seul et par ailleurs salariés de leur entreprise; sont-ils inclus ? S’agit-il des entreprises “unités légales” (intégrant donc des filiales) ou des entreprises au sens SME (groupe d’entreprises) ?
En fait tout un nombre d’incertitudes pour certifier une qualité d’échantillon qui permettrait une analyse fine.
Les dirigeants de petites entreprises sont et demeurent attachés à leur territoire d’implantation, plus pour des raisons personnelles, que pour des raisons économiques. ils le sont d’autant plus que leur entreprise a pour clientèle, une clientèle de proximité.
⇒ 2 préalables pour situer la population des répondants : le notion de territoire et les résultats de l’entreprise en termes de chiffre d’affaires et d’effectifs :
♦ Au préalable qu’entendre par la notion de territoire ? (compris par les répondants sous l’angle de leur marché, plus que selon une notion d’implantation géographique)
Pour 48%, il s’agit de la ville ou de la communauté de communes d’implantation (68% pour les commerçants, beaucoup moins pour les hommes réseau, 37 et les managers de PME, 36). Si l’on élargit le marché au département, 60% sont concernés.
Par contre, 23% parlent de région et 15% “d’export” au sens de marché bien au-delà du territoire d’implantation; si l’on cumule ces 2 approches (38%), les managers de PME et les hommes réseau sont les plus concernés (47 et 52).
♦Quelle est l’évolution de leurs chiffres d’affaires ?
20% ont augmenté de plus de 5%, 14% de moins de 5%, alors que 41% restaient stables et que 21% ont connu des diminutions (dont 14% au moins 5%).
Les hommes réseau et les managers ont plus souvent augmenté leur chiffre d’affaires (38% vs en moyenne 34, mais le sondage ne précise pas par types les hausse et baisses d’au moins 5%). Il a le plus diminué pour les agriculteurs (39% vs 21 en moyenne).
Comparé à 2017, la situation est moins favorable : les chiffres d’affaires avaient augmenté pour 32% (dont 22% plus de 5%); par contre la baisse était du même ordre (23% vs 21 et 15% une baisse de plus de 5% vs 14).
♦ Et celle de leurs effectifs ?
71% ont connu la stabilité, 15% une hausse et 13% une diminution. Les hommes réseau et le médical ont connu plus que les autres la stabilité (79 et 84%); les commerçants et les artisans ont connu plus souvent une baisse (17% vs en moyenne 13).
Si l’on compare à 2017, les chiffres sont curieusement identiques.
⇒ L’activité économique actuelle et future des territoires des répondants ? Une situation moins favorable qu’au cours de la précédente enquête, il y a un an.
♦ 40% estiment moins favorable le contexte économique et 43% ni plus, ni moins favorable, alors que 15% l’estiment plus favorable.
Les petits commerçants et artisans l’estiment moins favorable plus souvent (49 et 48%), alors que les hommes réseau et les managers de PME, tout comme le médical sont plus nombreux à s’inscrire dans la stabilité (49, 47 et 55% vs en moyenne 43%); les différents types optent peu pour une situation plus favorable (entre 12 et 17% vs 15 en moyenne sauf le médical avec 5%)
♦ Perspectives pour les 2 prochaines années concernant l’économie de leur territoire?
61% sont confiants dont 6% très confiants, en retrait par rapport à 2017 (66 et 10%) ; les managers de PME sont les plus confiants (67%) et les artisans les moins confiants (46% vs en moyenne 37).
⇒ La perception du dynamisme de leur territoire
♦ 69% estiment leur territoire dynamique (dont très 16%), en chute de 4 points (enquête 2017). Les managers de PME et les artisans jugent plus que les autres leur territoire dynamique (74%), alors que les commerçants le jugent moins dynamique (62% vs 69 en moyenne).
Une situation à mettre en relation avec l’érosion de confiance dans l’activité de leur entreprise : 71% sont confiants quant à l’évolution de leur activité pour les 2 prochaines années (dont 11 très), en baisse de 4 points au regard de 2017. Les plus confiants sont les managers de PME (77%) et les moins confiants les agriculteurs (57%).
Ceci étant 66% jugent difficile de recruter (dont 34% très difficile, en hausse de 7 points); noter que le recrutement est jugé plus facile par les hommes réseau (42% vs en moyenne 30) et le médical (47%); il est jugé plus souvent difficile par les agriculteurs (80 vs 66 en moyenne) et les artisans (77).
⇒ L’attachement actuel à leur territoire
♦ Au regard du moment de leur implantation : s’il n’a pas bougé pour 55%, il a progressé favorablement pour 32% et a diminué pour 12%. L’attachement est donc resté identique pour la majorité (55%), notamment pour les hommes réseau (68%).
L’évolution favorable est proche dans chaque type (29 à 36) sauf pour les hommes réseau (22%); elle a davantage diminué pour les commerçants (17% vs 12 en moyenne).
♦ 63% (dont 31 très certainement) envisagent d’être toujours implantés sur le même territoire dans 10 ans ; seule exception les commerçants avec 56%; mais rappelons que les commerçants fonctionnent sur l’achat/revente de fonds de commerce, action qui engendre souvent un changement de territoire.
♦ 57% (dont 29% très certainement) imaginent exercer la même activité dans 10 ans, tout comme en 2017. Ceux qui l’envisagent le plus souvent sont les hommes réseau (66%) et le médical (67%), alors que les commerçants sont les moins persuadés (48% vs 56 en moyenne).
♦ Pourquoi cette logique de maintien sur le territoire d’implantation ? Avant tout parce que c’est le bassin de clients (51% en prenant en compte la 1ére et la seconde réponse), et donc la situation géographique de leur entreprise (48%), conjugué avec la dynamique économique locale (59%), voire un espace de main-d’œuvre qualifiée (29%).
Les infrastructures (20%), l’entraide entre entreprises (14%) et l’appui du territoire (8%) comptent moins.
Noter que pour les hommes réseau et les managers de PME, la situation géographique comptent moins (43 et 44 vs en moyenne 48), mais le contexte économique local leur est plus essentiel.
⇒ En définitive, combien sont attachés à leur territoire ?
♦ 84% répondent attachés (dont très 37) et 16% pas attachés (dont 7 pas du tout).
Les écarts sont faibles au regard des 6 types (entre 82 et 89%); les commerçants seraient les moins attachés (82) et les agriculteurs les plus attachés (89%).
La baisse est toutefois manifeste au regard de 2017, du fait d’une baisse ressentie des atouts : cadre de vie (76%, 9 points en moins), situation géographique au regard de leur marché (71%, 5 points de moins), dynamisme économique territorial (57, 7 points de moins), facilité de trouver du personnel qualifié (57%, 5 points de moins), infrastructures (50%, 11 points de moins); les items concurrence (28%) et fiscalité locale (23%) ont les mêmes scores qu’en 2017.
La baisse est plus sensible pour les managers de PME (cadre de vie mais aussi situation géographique au regard du marché) qui semblerait s’avérer la population qui s’inscrit le plus dans le développement.
♦ Ceci étant pour ceux qui estiment être attachés à leur territoire (84% des répondants), les principales raisons sont avant tout personnelles (54%), d’abord liées à leur vie de personne (lieu de naissance ou de vie depuis longtemps…), avant le dynamisme économique pour 42% (proximité des clients, dynamique économique locale…) et les caractéristiques du territoire avec 24% (qualité de vie, situation géométrique…).
Ce propos est confirmé quand on observe les écarts entre les raisons qui contribuent le plus à la réussite de leur entreprise et les atouts proposés par le territoire : les éléments économiques (marché, contexte économique local et global, disponibilité de la main d’œuvre, infrastructures) sont alors positionnés comme importants, alors qu’en ce qui concerne les atouts du territoire le cadre de vie apparait au même niveau, voire avec plus d’acuité, que les atouts économiques.
♦ Les 16% de répondants (au nombre de 190), qui se disent peu attachés à leur territoire et envisageraient de la quitter, mettent en avant :
-pour 67% le manque de dynamisme économique du territoire, mais il est difficile de disséquer ce qui ressort de fait du dynamisme territorial et du dynamisme propre à l’entreprise; les items proposés conduisent à pencher pour un manque de dynamisme de l’entreprise (33% la baisse de l’activité, 17% les charges trop élevées, 12% de meilleures opportunités ailleurs, 6% le manque d’aides pour les entreprises).
–pour 24% des raisons personnelles (dont 13% la retraite, 7% le manque d’attache), qui ont peu à voir avec le territoire.
-pour 12% des raisons liées de fait au territoire (notamment climat, qualité de vie, infrastructures).
♦ 48% de la totalité des répondants ont, depuis le début de leur implantation, investi soit dans un réseau professionnel (en adhérant à un syndicat/organisme professionnel, à des associations d’entrepreneurs…) pour 36% d’entre eux, soit personnellement (élections locales, associations, sponsoring) pour 29%.
Les hommes réseau ont le plus investi (59% vs 48 en moyenne) aux cotés des agriculteurs (72%), vs paradoxalement les managers de PME (38).
♦ Mais 66% des répondants estiment qu’ils auraient pu développer leur entreprise sur un autre territoire (entre 63 et 69%), avec l’exception du médical (72%) et des agriculteurs (46%). Noter que 44% sont tout à fait d’accord avec cette proposition (et 22% plutôt d’accord).
⇒ Sont-ils aidés par les pouvoirs Publics et le souhaitent-ils ?
Si l’aide de la banque apparaît la plus fréquente (43% réponses 1ére puis citations suivantes, mais -9 points au regard de 2017), elle est de peu distancée par les compagnies consulaires (CCI et CMA cumulées 38% et -9 points), et les collectivités locales (communauté de communes, région, département cumulés avec 41% et -5 points).
Les agriculteurs sont ceux qui bénéficient le plus des appuis des collectivités locales (62 vs 30 pour le médical, 37 à 46 pour les autres).
Noter encore que 39% disent n’avoir reçu aucun appui cité. Le médical (46%), les hommes réseau (43%), les managers de PME (40) disent avoir reçu le moins d’appui vs 35 à 38 pour les agriculteurs, commerçants et artisans.
Et bien sur 73% seraient d’accord pour disposer de plus d’appui de leur territoire (dont tout à fait 27); les moins demandeurs sont à la fois les hommes réseau (65) et les agriculteurs (66, mais aussi les plus bénéficiaires).
Ils souhaiteraient bien sur aussi plus d’entraide entre entreprises (76% dont 25 tout à fait d’accord); les plus demandeurs sont les petits commerçants (81%) et les moins, le médical (69%).
⇒ Un retour sur les 6 types MMA
2 grandes familles émergent, celle regroupant plutôt des développeurs (50%) avec les managers de PME et les hommes réseau et celle relative à des entreprises dont le marché est de proximité (commerçants, artisans, médical et agriculteurs).
Cette proposition s’appuie à la fois sur le développement actuel et futur du chiffre d’affaires, sur un marché de proximité ou non.
♦ Les développeurs
-Les managers de PME (36% de la population, le plus fort contingent) sont plus développeurs (chiffre d’affaires en hausse entre 2016 et 2017, effectif en hausse, marché “d’export”, plus confiants dans leur activité et dans l’économie) que les entreprises de proximité. Ils sont moins attachés à leur cadre de vie, tout en restant attachés à leur implantation. Ils ont moins recours à l’appui des compagnies consulaires et à celui des collectivités locales.
Ils sont proches des données moyennes (que leur poids explicite).
-Les hommes réseau (14% de la population enquêtée), sont comme les managers de PME plus développeurs que les entreprises de proximité. s’ils sont attachés au territoire, cette posture n’a guère évolué depuis leur installation; le marché leur importe davantage, tout comme les infrastructures, ce qui pourrait les conduire à quitter le territoire, s’ils trouvaient des opportunités plus favorables ailleurs; pourtant dans le même temps, ils affirment imaginer être toujours implantés sur le territoire dans 10 ans, dans la même activité.
Ils sont aussi moins demandeurs d’appui. et les plus confiants tant dans l’avenir de leur entreprise que dans l’économie.
♦ Les entreprises de proximité
Les artisans (15%) et commerçants (20%), dénommés “petits”, sont comme les agriculteurs attachés à leur territoire d’implantation, surtout pour des raisons personnelles (ils vivent là; leur famille y est implantée) et en sont satisfaits du fait de leur cadre de vie. Ils s’inscrivent plutôt dans la stabilité, avec toutefois pour les commerçants, la question d’achat/revente de leur boutique pour s’implanter ailleurs. Pour les artisans et les commerçants, le contexte économique est moins favorable à la création d’entreprise, et à celui de l’avenir de leur activité, moins affirmé que pour les développeurs.
Ils ont bénéficié de l’appui des CCI et CMA leur instance “naturelle” de conseil et souhaitent plus d’appui des collectivités locales dans l’avenir, que les développeurs.
Le médical (10%) est le secteur le plus en retrait (peu d’évolution du chiffre d’affaires, peu d’embauche, une implantation moins marquée pour des raisons économiques); ils sont parmi les plus nombreux à affirmer qu’ils auraient pu s’implanter ailleurs pour réussir leur activité. Ils n’envisagent pas de changer d’activité ou de territoire dans les 10 ans.
Ils disent bénéficier de peu d’appui (du moins ceux cités).
Les agriculteurs (5%) sont les plus attachés au territoire (actuellement et dans le futur), essentiellement pour leur cadre de vie.Leur activité économique est plutôt en difficulté du moins pour une forte minorité, ce qui les rend modérément confiants dans l’avenir de leur activité et dans celui de l’économie.
Ce sont ceux qui ont le plus reçus d’appui.
En conclusion interrogative : la comparaison des sondages 2017 et 2018 fait apparaitre l’impact d’une conjoncture économique jugée moins favorable : la baisse de confiance se traduit par une baisse de l’attractivité du territoire d’implantation, même si sur le fonds, l’attachement au territoire demeure fort. Quelle remise en cause de l’attractivité perçue du territoire imaginer si dans l’avenir la conjoncture se dégrade nettement (primat alors non plus à la qualité de vie mais à la viabilité économique) ? Quels profils risquent de quitter le territoire, pour quelle perte d’attractivité ?