La maitrise du numérique est insuffisante chez une majorité d’actifs.


"Les compétences numériques des personnes en emploi en France ", Observatoire Pix des composantes numériques, juillet 2025

Méthodologie: 1 900 répondants. Afin de garantir la représentativité des résultats, une méthode statistique de calage sur marge a été appliquée sur des variables clés : l’âge, le sexe, le niveau de diplôme, la région d’habitation, ainsi que la répartition sectorielle (secteur public et privé). Ce redressement permet de rééquilibrer l’échantillon en ajustant le poids des individus sur-représentés et sous-représentés. Les groupes de niveaux sont définis à partir de la théorie de réponse à l’item (TRI).

 

Près de 60% des personnes en emploi ne disposent pas des bases nécessaires pour utiliser le numérique efficacement dans leur travail quotidien, mais 85% souhaitent améliorer leurs compétences numériques.

 

⇒ Ces personnes se répartissent en quatre groupes :

– 20% sont en grande difficulté, avec des compétences numériques absentes ou très limitées, ce qui freine leur autonomie, même pour des tâches simples comme gérer des congés en ligne ou accéder à un intranet.
– 42% sont des utilisateurs débutants, leur maîtrise limitée des outils collaboratifs réduit leur capacité à travailler efficacement en équipe. Ils sont en mesure de réaliser des tâches simples (télécharger, mettre en forme un texte, organiser des fichiers), mais restent dépendants d’une assistance pour d’autres usages et sont peu au fait des bonnes pratiques de cybersécurité.
– 23% sont des utilisateurs autonomes, leur permettant d’exécuter des tâches courantes (échanges par mail, usage d’outils collaboratifs ou de logiciels RH), ils sont sensibilisés à la cybersécurité et savent s’adapter à de nouveaux outils.
– 15% atteignent un niveau avancé, avec des compétences en recherche d’information, protection des données et auto-formation, les rendant particulièrement polyvalents dans un environnement technologique en constante évolution.

⇒ Par CSP

– Une maîtrise relative pour les cadres : 55% ont un niveau d’autonomie numérique (31% sont des utilisateurs avancés, 25% des utilisateurs autonomes), mais 36% sont des débutants et 9% en grande difficulté. De fait, cette maîtrise doit être nuancée, alors que 80% ne savent pas analyser des sources d’information, qu’1/3 ne sait pas reconnaître une tentative de phishing, et que 31% ne savent pas calculer une moyenne dans un tableur. Si leurs compétences couvrent bien les usages courants, des points d’amélioration restent à explorer notamment sur les enjeux clés de la cybersécurité, l’analyse d’information ou la gestion des données.

– Les artisans, commerçants et chefs d’entreprise : 14% avancés, 33% autonomes (ainsi 47% à l’aise), 35% débutants et 17% en grande difficulté. Noter qu’ils sont les plus nombreux à être autonomes (33%), mais pas avancés.

– Par ailleurs les professions intermédiaires sont 18% avancés, 26% autonomes (et donc 44% à l’aise), 41% débutants et 14% en grande difficulté.

– Les employés  : 11% utilisateurs avancés, 21% autonomes (32% à l’aise), 47% débutants et 21% en grande difficulté. Noter qu’ils sont plus nombreux à être débutants (47%).

Les ouvriers à l’opposé rencontrent de réelles difficultés : 39% sont en grande difficulté (2 fois plus que la moyenne des personnes en emploi), 36% sont débutants, 18% autonomes et 6% avancés. 39% ne parviennent pas à télécharger un document en ligne.

⇒ En termes d’âges.

♦ Les personnes en emploi de 15 à 34 ans sont 2 fois moins nombreuses que la population générale à se retrouver en grande difficulté face au numérique. Ils démontrent une maîtrise significative sur certains usages, notamment ceux liés aux réseaux sociaux (80% savent configurer les options de visibilité d’une publication, contre 60% en moyenne chez les personnes en emploi) et aux algorithmes (42% savent écrire un algorithme comportant une boucle avec plusieurs instructions contre 29%).
Si 48% atteignent un niveau d’autonomie numérique professionnelle, le résultat traduit néanmoins des besoins de formation sur certaines compétences essentielles en milieu professionnel car 51% ne savent pas calculer une moyenne dans un tableur, 44% ne savent pas reconnaître une tentative de phishing et 42% ne maîtrisent pas les droits d’accès à un fichier partagé. 

Noter que les 15-44 ans sont les utilisateurs les plus avancés (21 et 19%).

 

♦ Pour une grande majorité des personnes en emploi de plus de 55 ans, le numérique au travail reste un défi quotidien : seul 1 sur 5 est considéré comme autonome et 39% sont en grande difficulté (vs 20% pour l’ensemble). 
Les usages collaboratifs posent notamment problème : 70% ne maîtrisent pas les outils de visioconférence et 74% ne savent pas accorder des droits d’accès adaptés sur un document partagé.

⇒ Selon le niveau de diplôme. 

♦ Les titulaires d’un master ou plus affichent des résultats supérieurs à la moyenne nationale, avec 60% atteignant l’autonomie numérique, contre 39% pour l’ensemble des personnes en emploi. 
Parmi les compétences testées : 76% maîtrisent l’attribution des droits d’accès à un fichier partagé, 74% savent repérer des erreurs de format dans un tableur.
Ces bons résultats ne doivent pas masquer le fait que près de 2 sur 5 n’atteignent pas l’autonomie numérique professionnelle ; en effet, 77% ne parviennent pas à évaluer la fiabilité d’un article partagé en ligne, une compétence pourtant indispensable pour prévenir la désinformation et prendre des décisions éclairées.

 

♦ Les personnes en emploi dont le plus haut niveau de diplôme est le bac ou moins : seules 29% atteignent l’autonomie numérique professionnelle et 26% sont en grande difficulté.
Ces publics font face à des défis dès les compétences de base : 44% ne savent pas gérer les destinataires d’un mail, 37% ne savent pas enregistrer un fichier dans un dossier précis.
C’est aussi que seuls 33% utilisent un ordinateur plusieurs fois par jour, contre 62% des diplômés d’un bac + 4 et plus. 

⇒ 2 exemples de non maitrise.

♦ L’exemple du phishing.

Les personnes de niveau infra bac, les seniors et les ouvriers obtiennent les moins bons résultats pour reconnaitre un phishing (respectivement 35, 34 et 27%), tandis que les cadres et les personnes titulaires d’un bac + 4 et plus démontrent une meilleure maîtrise (respectivement 66 et 69%).

 

En analysant le type de structures dans lesquelles travaillent les répondants, on constate que ce sont les agents de la fonction publique territoriale qui obtiennent le plus faible taux de réussite (19%).
La taille de la structure semble par ailleurs jouer un rôle dans la sensibilisation aux problématiques de cybersécurité. En effet, 57% des personnes travaillant dans une structure de plus de 5 000 salariés savent reconnaître une tentative de phishing, contre 40% pour celles travaillant dans une structure de moins de 250 salariés.

 

♦ Celui de la connaissance de leurs droits en matière de données personnelles : seuls 28% connaissent les autorisations qu’ils accordent à une application mobile et la possibilité de modifier les choix par défaut. La maîtrise de ce sujet est fortement liée au niveau de diplôme et à la CSP des répondants : les cadres et les personnes titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur se démarquent nettement (50% sur la question des droits qu’ils peuvent exercer auprès des organismes qui utilisent leurs données vs 23% les personnes titulaires d’un bac ou d’un diplôme infra-bac).

 

Pour en savoir davantage : https://pix.fr/observatoire#slice-1