Méthodologie : l’enquête a été conduite entre fin novembre 2017 et mi-mars 2018 par les plateformes Initiative France auprès de 16 000 entrepreneurs financés par un prêt d’honneur Initiative en 2016 ; les réponses concernent donc des dirigeants ayant entre 1 à un peu plus de 2 ans d’exercice. Cette enquête a été administrée par Internet d’une durée moyenne de 15 minutes; parmi les 2 000 réponses, un échantillon représentatif d’environ 1 600 entrepreneurs a servi de base.
Cette cohorte d’entrepreneurs sera réinterrogée en 2019 dans le cadre d’une enquête de suivi à 3 ans. Les résultats sont attendus en 2020.
Des résultats certes inintéressants pour situer le profil des répondants, mais fort insuffisants pour une analyse plus fouillée, dont des éléments nouveaux devraient parvenir dans les prochains mois.
⇒ Le profil des bénéficiaires d’initiative France
En ce qui concerne les entreprises :
-60% sont des créations, 32% des reprises et 8% des entreprises de croissance
-Selon mon analyse à partir des données disponibles, les entreprises bénéficiaires sont d’abord
*des activités nécessitant des investissement conséquents puisque 81% ont dû réunir au moins 16 000€ de capitaux (dont 36% au moins 80 000€) vs 34 et 12% pour l’ensemble des créateurs (selon Sine 2014).
*pour des activités de proximité (67% ont une clientèle de proximité), largement constituées de particuliers (82% dont particuliers et entreprises mixtes 31%).
C’est ce qui explique le poids important du commerce (53% dont 18% des HCR, vs 29% dans l’ensemble des créations classiques 2016), mais aussi celui des services aux particuliers (15% vs 6,1 pour les créations classiques).
Par contre, les services aux entreprises ne comptent que pour 9% (vs 22 pour l’ensemble des créations) et le secondaire (construction et industrie) que pour 13% vs 18,5.
-La localisation géographique ne recouvre pas la structure des créations Françaises ; l’exemple le plus frappant est celui de l’île-de-France avec 10% de l’échantillon vs 26% toutes créations classiques (hors autoentrepreneurs); il est vrai que l’île-de-France est d’abord une région créatrices de services, notamment aux entreprises.
En ce qui concerne les chefs d’entreprises :
L’enquête fournit peu de données, hors l’âge moyen (39 ans), le fait qu’1/3 sont des femmes (comme pour l’ensemble ces créations) et que 46% des entrepreneurs étaient demandeurs d’emploi avant de se lancer (vs 27 toutes créations en supposant que la définition de demandeur d’emploi est semblable).
Les motivations sont celles de la majorité des entrepreneurs, à savoir la recherche d’indépendance (46% en création et 48 en reprise), le goût d’entreprendre (48% pour les créateurs et 38 pour les repreneurs), alors que les repreneurs mettent en avant la saisie d’opportunité (52% vs 20) et peu l’idée nouvelle de marché ou de produit (1% en reprise, et tout de même 20% en création).
Noter que 63% dirigent seuls l’entreprise, 21% avec un membre de la famille dont le conjoint (17%) et 16% avec un ou des associés.
⇒ Les raisons qui ont conduit l’entrepreneur vers la plateforme :
-Essentiellement le financement (85% des répondants), et l’accompagnement (53%),
-La plateforme a été recommandée (47%),
-La gratuité des services (23%)
-La proximité géographique, voire le seul organisme présent sur le territoire (10%)
-Le souhait d’appartenir à un réseau (9%)
⇒ Le plan de financement :
Si 36% des entreprises bénéficiaires ont réuni au moins 80 000€ de capitaux, c’est bien plus le fait des reprises (50% ont réuni au moins 80 000€ vs 30% pour les créations).
Noter les montants plus faibles pour les entreprises de croissance, sans doute du fait d’investissements plus modestes que ceux du démarrage (se différenciant des tours de tables des start-up bien plus conséquents)
Les projets dont les plans de financement sont supérieurs à 80 000€ sont plus nombreux en 2016 qu’en 2008 (36% contre 25%). La part des projets dont le plan de financement est supérieure à 160 000€ a presque doublé sur cette période (18% contre 10%).
Les principales sources de financement sont au nombre de 3 : le prêt d’honneur Initiative France (85% des bénéficiaires d’Initiative France), l’emprunt bancaire (80%) et les apports “personnels” du dirigeant (apport du dirigeant, de sa famille et de ses associés).
Noter que le prêt Nacre concerne 1/3 des entrepreneurs et le prêt Initiative Remarquable 8%.
Le document d’étude disponible ne mentionne pas la répartition des montants.
⇒ Les attentes des bénéficiaires et le retour
Nous l’avons vu, le prêt d’honneur et l’accompagnement sont les 2 principales attentes.
Pour 40%, le financement apporté par la plateforme a été déterminant (35% chez les moins de 30 ans), et utile pour 56%.
Pour 27%, l’accompagnement a été déterminant pour leur projet, et utile pour 57%; est-ce à dire qu’il a été jugé peu utile pour les 16% restant?
La satisfaction est grande puisque la note donnée oscille entre 8,1 et 9, tant en ce qui concerne :
-le financement, d’une part l’obtention du prêt d’honneur, d’autre part l’impact positif sur l’obtention du prêt bancaire (81% des répondants vs 50% en 2008),
-l’accompagnement pour monter le plan d’affaires, préparer le présentation au comité d’agrément et celle de la demande d’emprunt bancaire, le conseil post création, le parrainage,
-et pour un service comme le club d’entrepreneurs.
En ce qui concerne le comité d’agrément, les retours sont très satisfaisants : la compréhension du projet (60%), les qualités d’accueil et d’écoute des membres du comité (51%), la connaissance du territoire par les membres du comité (43%), l’apport de conseils / nouvelles idées par le comité des entrepreneurs (28%, mais globalement satisfaits 92%).
La difficulté dans ce type de réponse est d’appréhender les attentes non pourvues, les notes globales de satisfaction étant toujours bonnes, d’où l’intérêt à s’attacher à ce qui est jugé très satisfaisant ou déterminant, pour ensuite interroger qualitativement ce qui aurait pu faire défaut.
⇒ L’avenir
67% entrepreneurs prévoient le développement de leur entreprise dans les 6 prochains mois. (73% chez les créateurs), mais nous ne savons pas le degré de développement envisagé, alors que 23% pensent maintenir l’équilibre actuel (notamment les repreneurs) et 6% devoir redresser une situation difficile.
Plus intéressant, à 3 ans, il semblerait que 74% recherchent à développer, dont 51% un développement régulier (en particulier les créateurs), 16% une forte évolution au cours des premières années avant de connaitre une évolution lente, et 7% un développement en dent de scie.18% envisagent la stabilité de leur chiffre d’affaires (25% les repreneurs).
Dommage que nous ne connaissions pas là encore le degré de développement envisagé.
Quid des prescripteurs du réseau des plateformes Initiative ?
Les chambres consulaires constituent le premier canal de connaissance de la plateforme (32% vs 46 en 2008), puis les experts-comptables (17%), et au même niveau les banques dont BPifrance (16%) et le bouche à oreille (16%).