« Dans notre petite ville, nous avons majoritairement affaire à des dirigeants de TPE, des commerçants, des artisans qui n’ont pas toujours conscience de la dégradation de la situation. Lorsqu’on la leur signifie, c’est un choc. Ils ne veulent pas y croire. Ils disent : “Mais mon entreprise ne peut pas s’arrêter, je lui ai donné toute ma vie !” En période de crise économique, les procédures collectives se multiplient et avec elles, ce genre de scènes, que connaît bien Roland Tevels, le président du tribunal de commerce. « Pour les salariés, il y a au minimum la médecine du travail mais pour le patron, rien du tout ! Pas d’espace pour évacuer la pression. S’il a des difficultés, il s’efforce de les dissimuler, d’abord à ses salariés, à ses fournisseurs, à sa famille. Il est seul, il prend tout sur lui, il culpabilise, et ce sentiment d’échec peut conduire au pire. ».
Forte de ce constat, la juridiction consulaire saintaise a décidé de se doter d’une cellule de prévention du suicide pour les chefs d’entreprise, nommée « Les passagers du temps », composée de psychiatres, de psychothérapeutes, d’infirmières. Il l’a mise au service du tribunal, proposant pour commencer au printemps dernier un module de formation sur le risque suicidaire. Trente personnes y ont participé (des juges consulaires, des mandataires judiciaires, certains de leurs collaborateurs, etc.).