Source : chaque année, un module complémentaire e l’enquête emploi, d’initiative européenne (Eurostat) et subventionné par l’Union européenne, est posé à un sous‑échantillon. En 2021, ce module porte sur la situation des migrants et de leurs descendants directs sur le marché du travail, et une partie de ce module porte sur la discrimination au travail. Ce module est réalisé dans l’ensemble des pays de l’Union européenne.
Une dizaine de motifs discriminatoires au sens du Code pénal était proposée parmi lesquels l’âge, le sexe, les origines, l’état de santé…
La mauvaise santé est à la fois un motif discriminatoire et non discriminatoire, comme pour les femmes, alors que le fait d’être immigré ou descendant d’immigré est bien plus un motif discriminatoire, paradoxalement comme le niveau de diplôme le plus élevé.
En 2021, 9,1% des personnes en emploi âgées de 15 à 74 ans déclarent avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations dans leur emploi actuel. Ceci étant, 62% des personnes en emploi déclarant avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations au travail se disent plutôt ou très satisfaites de leur emploi.
4,8% des personnes en emploi déclarant avoir subi des traitements inégalitaires au travail évoquent un motif discriminatoire, et 3,6% d’autres motifs, liés à leur environnement de travail mais sans caractère discriminatoire, citant notamment les problèmes relationnels avec leurs collègues ou leur hiérarchie, les conditions de travail, le manque de reconnaissance (un emploi mal considéré au sein de la société), ou encore les situations de favoritisme.
♦ Les motifs discriminatoires.
– Le 1er motif est la mauvaise santé : 14,4% des personnes en emploi s’estimant en mauvais ou très mauvais état de santé déclarent avoir subi des discriminations au travail, contre 4% des personnes jugeant être en bon ou très bon état de santé.
Ces personnes sont plus âgées que l’ensemble de la population en emploi (plus de la moitié ont entre 50 et 74 ans, contre 1/3 en moyenne).
– Le second est l’origine immigrée : 6,6% des immigrés en emploi et 6,2% des descendants d’immigrés vs 4,4% ceux qui n’ont pas d’ascendance migratoire directe. On aurait pu s’attendre à un ressenti en discrimination plus important de la part des immigrés.
– Vient ensuite le sexe : 6,5% des femmes vs 3,1 pour les hommes.
– Puis le niveau de diplôme : plus il est élevé plus le discrimination est forte avec 6% pour les bac+3 et au-delà, 4,5% pour le bac à bac +2 et 4% pour un diplôme inférieur.
– Viennent enfin les tranches d’âge : les plus jeunes s’estiment moins discriminés (3% les 15-29 ans vs 5,3 les 30-49 ans et 5% les 50-74 ans.
Ainsi les caractéristiques de la discrimination, pour ceux en emploi, les plus marquantes sont les mêmes dans l’organisation employeur que dans la société (mauvaise santé, immigration, sexe féminin), alors que les plus favorisés en termes de diplôme sont plus perçus plus discriminés que les moins diplômés.
♦ Les motifs non discriminatoires de type problèmes relationnels avec les collègues ou la hiérarchie, conditions de travail jugées défavorables, manque de reconnaissance.
Hors la mauvaise santé (7,5% vs 3,6 en moyenne), les plus marquants sont l’âge des 50-74 ans (4,5%), les femmes (4,1), ceux sans ascendance migratoire (3,9), alors que les moins concernés sont les 15-29 ans (1,6), les immigrés (1,8), les hommes (3,1) et les bac+3 ou plus (3,2).
Noter que 57% des immigrés et 21% des descendants d’immigrés mettent en relation les traitements inégalitaires vécus, avec leurs origines.
Noter aussi que 17% des plus jeunes considèrent que leur âge est la source principale des traitements inégalitaires vécus, soit deux fois plus que les 50-74 ans.
♦ Autre approche, la discrimination selon la CSP et le type d’organisation.
Les grandes organisations sont celles qui connaissent les motifs discriminatoires les plus importants (6,2% vs en moyenne 4,8) dont le secteur public (6,5), suivis par les cadres, les professions intermédiaires, les employés, les CDI et les organisations de 20 à 249 salariés (entre 4,9 et 5,8) ; globalement on peut dire que ce sont des publics favorisés. Noter que la tendance est la même pour les motifs non discriminatoires.
Cette plus grande propension des fonctionnaires et des salariés des grandes entreprises à déclarer avoir subi des traitements inégalitaires s’explique en partie par le fait qu’ils occupent leur emploi depuis en moyenne plus longtemps (72% des fonctionnaires ont une ancienneté de 10 ans ou plus, et 55% des salariés des entreprises de 250 salariés ou plus).
Par contre les publics plutôt défavorisés (ouvriers, indépendants, CDD et intérim) et les plus petites organisations (moins de 20 personnes) sont les moins concernés par les discriminations (entre 2,5 et 3,8% vs 4,8 en moyenne). Là encore, la tendance est la même pour les motifs non discriminants.
♦ Un zoom sur les femmes et les hommes.
Les femmes affichent des motifs de discrimination plus fréquent que les hommes (en moyenne 59% vs 46), notamment en ce qui concerne leur sexe (30% vs 2 chez les hommes), alors que les hommes insistent plus sur leur origine ethnique, leur âge et leurs options syndicales ou politiques.
Plus les femmes sont diplômées et plus elles déclarent de traitements inégalitaires au travail : 13% pour les diplômées de niveau bac+3 ou plus, contre 10,1% pour les titulaires d’un diplôme inférieur au baccalauréat.
Par ailleurs, 15,2% des femmes à la tête d’une famille monoparentale s’estiment victimes de traitements inégalitaires au travail, contre 12% des mères vivant en couple et 11,2% des femmes vivant seules sans enfant.
En ce qui concerne les motifs non discriminatoires, les hommes affichent la fréquence la plus importante (47% vs 37).
♦ si 90% des personnes estimant ne pas avoir subi de traitements inégalitaires au travail se disent plutôt satisfaites ou très satisfaites de leur emploi, cette proportion n’est que de 62% parmi celles déclarant au contraire en avoir fait l’objet ; seules 18% d’entre elles déclarent être très satisfaites de leur emploi actuel, contre 44% des personnes déclarant ne pas avoir subi de traitements inégalitaires au travail. 1/3 des personnes estimant avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations dans leur emploi actuel souhaitent changer d’emploi (3 fois plus que les personnes en emploi qui ne sont pas dans cette situation).
♦ Les motifs de traitements inégalitaires ou de discriminations dans l’emploi en Europe.
Le module complémentaire de l’enquête Emploi a été posé en 2021 dans tous les pays européens, mais la formulation des questions et la diversité des motifs proposés varient selon les pays.
Ceci étant, 5% des personnes en emploi dans l’UE déclarent avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations dans l’emploi. Cette proportion est plus élevée au Luxembourg (15%), en France (9), au Portugal (8) et faible en Allemagne (6), dans les pays
scandinaves, et les pays de l’ancien bloc de l’Est (3).
Malgré ces différences, des résultats similaires se dégagent dans de nombreux pays européens.
D’une part, dans tous les pays de l’UE, les femmes en emploi déclarent plus souvent que les hommes avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations au travail (6% en moyenne contre 4 pour les hommes). D’autre part, les personnes nées à l’étranger ou dont au moins un parent est né à l’étranger déclarent aussi plus souvent avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations (8%, contre 5 de l’ensemble des personnes en emploi au sein de l’UE).
Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/7760309