Source : La 4éme édition de l’enquête Acemo spéciale Covid, réalisée par la Dares avec l’appui de l’Insee, a interrogé les établissements de 10 salariés ou plus du secteur privé non agricole entre le 1er et le 13 juillet 2020, sur leur situation et les conditions d’emploi de la main-d’œuvre en juin.
38 000 établissements ont été interrogés; les stagiaires et les intérimaires sont exclus du champ des salariés observés. L’enquête couvre 15 millions de salariés.
Les données concernent non le % d’établissement mais le % de salariés concernés par l’item observé.
Les données Dares/Acemo permettent de suivre l’évolution des chiffres d’affaires au regard de l’année passée par secteur d’activité et par tranche de taille.
⇒ Une approche globale au 30 juin
♦ L’activité globale : Seuls 1% des salariés sont encore dans une entreprise dont l’activité est totalement arrêtée, après 5% en mai, 12% en avril et 19% en mars. La proportion de salariés travaillant dans une entreprise dont l’activité a diminué de plus de moitié passe à 11% vs 22 par rapport au mois précédent. Le retour des salariés sur site se poursuit : fin juin, six salariés sur dix travaillaient sur site (après la moitié fin mai, un tiers fin avril et un quart fin mars).
♦ 58% des salariés sont dans une entreprise qui a mis au moins une partie de ses salariés au chômage partiel, après 73% le mois précédent. Contrairement au mois de mai, ce sont désormais les petites entreprises qui recourent le moins au chômage partiel (42% pour les salariés des entreprises de 10 à 19 salariés, et 60% pour deux des entreprises de 500 salariés ou plus). Le chômage partiel complet diminue sensiblement (7% des salariés après 13% fin mai)
Au sein des entreprises recourant à l’activité partielle, une partie des salariés le sont pour garde d’enfant ou des salariés considérés comme fragiles/vulnérables.
♦ Le télétravail est moins fréquent qu’en mai mais conserve un niveau relativement élevé (un sixième des salariés) alors que la part des salariés en congés ou arrêt maladie se stabilise.
♦ Les réductions d’effectifs passent majoritairement par l’annulation ou le report d’embauches prévues; le recours au non-renouvellement de CDD reste important. Les entreprises qui augmentent leurs effectifs (8% des salariés fin juin, après 4 en mai, et 3,4 fin mars), sont plus habituellement dans les entreprises de grande taille et dans le secteur du commerce.
Les réductions d’effectifs sont stables (13,5% fin juin vs 14,2 fin mai et 11,1 fin mars). Ces réductions d’effectifs passent majoritairement par l’annulation ou le report d’embauches prévues, contrairement aux mois précédents où ces diminutions s’expliquaient principalement par les non-renouvellements de CDD.
♦ La crise sanitaire a contraint certaines entreprises à prendre des dispositions et à conclure des accords spécifiques sur le temps de travail et les congés; ainsi, 35% des salariés travaillent dans une entreprise qui a imposé des dates pour la prise de jours de repos, 17% sur la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat et 16% un accord sur l’activité partielle.
♦ Les causes évoquées de réduction d’activité sont avant tout la perte de débouchés
(64% après 50 en mai), devant les fermetures administratives (20% après 28 en mai), plutôt que le manque de personnel pouvant travailler (10% après 14 en mai) ou les difficultés d’approvisionnement (6% après 8 en mai).
♦ Les entreprises anticipant un retour à l’activité normale d’ici 3 mois représentent 44% de l’emploi salarié (après 43% fin mai), celles qui ne voient pas de retour à la normale avant la fin de l’année en représentent 35% (après 36% en mai) et celles qui ne savent pas dater ce retour représentent 21% (après 20% fin mai).
Mais les entreprises qui n’anticipent aucune difficulté pour la reprise de leur activité sont de plus en plus nombreuses (17% après 10% en mai et 6% en avril).
⇒ Selon les secteurs d’activité
Au 30 juin, le moitié des salariés sont dans des entreprises dont le chiffre d’affaires est stable ou en hausse, au regard de l’année passée; certaines activités ont un taux supérieur à ce taux moyen telles les activités immobilières, les IAA dont la boulangerie artisanale (pour qui la situation était parmi les plus favorables au 31 mars), la construction, le commerce et la santé/éducation. A l’inverse 3 activités sont en grand décalage : l’informatique/communication, la fabrication de matériel de transport et les HCR.
Notez que la progression entre mars et juin a été particulièrement forte pour la construction, et pour la fabrication de matériel de transport, quoique cette dernière activité soit en grand retard de reprise.
♦ Les causes évoquées de réduction d’activité sont avant tout la perte de débouchés
(64% après 50 en mai) devant les fermetures administratives (20% après 28 en mai), plutôt que le manque de personnel pouvant travailler (10% après 14 en mai) ou les difficultés d’approvisionnement (6% après 8 en mai).
–– Les difficultés tenant au manque de débouchés : après avoir augmenté de façon continue depuis le début de la crise (64% vs 50,6 en mai et 42,5 en avril). Elles diminuent toutefois fortement dans les activités immobilières (8% après 22 en mai), mais augmentent dans le transport (39% après 30%) et les HCR (34% après 26).
– Les difficultés liées à la gestion des questions sanitaires diminuent dans tous les secteurs (19,7% en juin vs 31,1 en avril), sauf dans les activités immobilières et les HCR où elles restent stables, et dans les transports et entreposage où elles augmentent (40% après 28% en mai).
– Les difficultés financières sont en recul dans le secteur des activités immobilières (14% après 22) et dans les services aux entreprises (35% après 42) ; elles progressent un peu dans l’information et la communication (41% après 38).
– Le manque de personnel (10% en juin vs 14,1 en avril),est en baisse ; il touche l’enseignement et l’action sociale, ainsi que le commerce et la réparation automobile.
– Les difficultés d’approvisionnement (en moyenne 6% en juin vs 12,1% en avril) régressent dans la construction (23% après 33). Elles demeurent importantes dans la fabrication de matériel de transports (43%) et dans la fabrication d’équipements (33%).
♦ Le recours au chômage partiel est particulièrement important dans les secteurs de la fabrication de matériel de transport (les entreprises y ayant recours représentent 93% des salariés du secteur, après 95% en mai) et les HCR (en recul à 85%). Il diminue très fortement
dans la construction (de 87% en mai à 52 en juin), et dans l’industrie.
♦ Interrogées sur leurs perspectives de retour à une activité normale, les entreprises à la fin du mois de juin affichent une grande hétérogénéité entre secteurs : 44% de l’emploi salarié se trouverait dans des entreprises dont l’activité serait normale en moins de 3 mois.
Les secteurs où les perspectives sont les plus sombres relèvent de la fabrication de matériels de transport , des transports et de l’entreposage, ainsi que les HCR.
Les secteurs où l’activité est le plus fréquemment revenue à la normale fin juin relèvent davantage de l’agroalimentaire, du commerce et de l’activité immobilière.
⇒ La situation en tranches de taille
Les effectifs occupés fin juin sont avant tout stables, comme ils l’étaient d’ailleurs fin mars du fait notamment du chômage partiel et du télétravail. Les effectifs en baisse ne concernent que 13,5% des salariés, un peu moins pour les 10-19 salariés (10,6%), un peu plus pour les 250 salariés et plus.
Il en est de même pour les effectifs en hausse avec en moyenne 7,7% des salariés, moins chez les petits établissements (3,9 et 5,8%) et davantage chez les 500 salariés et plus (9,7%)
Les salariés en forte perte de chiffre d’affaires sont 12,8% en moyenne fin juin, dont à l’arrêt complet sont 1,4% (davantage chez les moins de 50 salariés) et11,4% dans des établissements ayant connu une diminution de leur chiffre d’affaires d’au moins 50%; 38,5% le sont dans des établissements ayant connu une diminution de moins de 50% (davantage chez les 500 salariés et plus); par contre, 37% ont connu la stabilité (nettement moins les 500 salariés et plus). Au total la moitié des effectifs ont connu soit la stabilité soit une hausse, plutôt plus chez les 10-499 salariés et moins chez les plus de 500 salariés.