L’appui aux entreprises dans les pays développés et ce qui pourrait en être dans les pays en développement


GRET, AFD, Fondation de France, l’actualité des services aux entreprise N°23 « Outils d’appui aux jeunes entreprises dans les pays de l’OCDE et leur application dans les pays en développement »

 Un grand nombre d’instruments visant à faciliter la création et le développement d’entreprises ont ainsi été élaborés dans les pays dits développés. Le rapport distingue quatre types d’entreprises :

les entreprises basées sur les nouvelles technologies (forte concentration d’expertise et  produits ou services souvent issus de la recherche universitaire ou en laboratoire), 0,9% des créations d‘entreprise

les entreprises basées sur des opportunités de marché (salariés ayant identifié un besoin auquel ils n’ont pas pu répondre dans le cadre de leur ancienne entreprise), 12% des créations

 

Et de façon très majoritaire :

les entreprises imitant les produits et services existants (désir d’être son propre patron, et où les barrières à l’entrée sont faibles)

les entreprises créées par nécessité (créées dans les secteurs nécessitant peu de compétences et où les barrières à l’entrée sont faibles).

 Les deux premiers types d’entreprises sont ceux qui croissent le plus rapidement et qui recrutent le plus ; leur contribution générale à l’emploi reste néanmoins limitée ; toutefois, leur effet d’entraînement étant potentiellement plus important, sur la croissance, ce rapport se concentre sur les instruments ciblant plus spécifiquement ce type d’entreprises.

 

Appui financier direct ou indirect

-Un appui financier direct non remboursable (aide/subvention) peut être apporté à l’entreprise au stade de l’idée, de création ou de démarrage. Le montant de ce type d’aide varie généralement de 10 000 et 50 000 euros ; les entrepreneurs doivent soumettre leur idée d’entreprise à un comité d’experts, qui l’évaluera en fonction de sa viabilité.

Le défi principal de ce type d’appui est de cibler correctement les entreprises, afin que seules les plus prometteuses puissent en bénéficier.

Les prêts et systèmes de garantie (taux d’intérêt inférieurs à ceux du marché, délais de remboursement plus longs, ou exigeant moins de garanties). Ils peuvent être délivrés directement par des banques publiques (vise à pallier au manque de financement privé pour les projets d’entreprise plus risqués), voire délivrés indirectement aux jeunes entreprises via des structures privées avec mise en place d’un système de garantie (le montant de la garantie peut aller de 50 000 à 500 000 euros ;  Ces fonds sont généralement des structures privées appuyées par l’État ou également directement fournis par le secteur public)

Le capital-risque (de 100 000 à 2 millions d’euros), ainsi que leurs réseaux et l’expérience acquise bénéficient à la création et aux premières phases de développement d’entreprises innovantes ou de technologies considérées comme à fort potentiel de développement.  Les fonds de capital-risque sont publics ou privés, les fonds privés se concentrant souvent sur les entreprises à un stade de développement avancé, tandis que les fonds publics se concentrent davantage sur les entreprises à un stade initial de développement.

L’incitation fiscale au profit de l’entrepreneur (réduction de l’impôt sur le revenu ou réduction des cotisations de sécurité sociale), de l’entreprise (exonération fiscale temporaire ou taux réduits de TVA) ou des investisseurs (exonération d’impôts sur une partie des retours sur investissement, déduction fiscale des pertes liées à l’investissement, etc.). Le montant de ces incitations peut aller jusqu’à 100 000 euros.

Réseaux de business angels

 

Appui en conseil et en infrastructure

Appui conseil : fourniture gratuite ou à un coût réduit de conseil juridique (formes juridiques d’entreprises, contrats, droit du travail) ou en création et management d’entreprise (enregistrement de l’entreprise, élaboration d’un business plan, renseignements sur les aides existantes, etc.). Ces appuis peuvent être apportés via les services publics en ligne ou encore, au travers de structures telles que les chambres de commerce ou les autorités locales.

– Infrastructures : mise à disposition gratuite ou à moindre coût d’espaces ou de services, généralement au travers d’incubateurs ou de centres d’affaires financés par des fonds publics. Certaines de ces structures se concentrent sur des secteurs considérés comme porteurs,  (nanotechnologies,  biotechnologies ou l’environnement).

– Appui à la commercialisation : organisation de foires, appui financier pour participer à des foires existantes, au niveau national ou international, appui conseil personnalisé (souvent spécialisés sur certains secteurs)

– Attribution de récompenses aux meilleures start-ups et organisation de concours pour sélectionner le ou les projets d’entreprise les plus prometteurs ; le prix peut prendre la forme d’un appui financier ou non (appui personnalisé, formation, accès facilité à des réseaux d’entreprises, etc.).

Formation à l’entrepreneuriat, la création de chaires universitaires dédiées à l’entrepreneuriat, ou encore la mise en place d’incubateurs et de projets d’entreprises virtuels au sein d’établissements de formation.

 

La promotion de la petite entreprise dans le contexte des pays en développement

L’utilisation de ces outils suppose leur adaptation, et une analyse des barrières et du contexte de l’entrepreneuriat, ayant notamment trait au rôle et à l’efficacité des institutions, l’existence ou non d’une sécurité sociale, et l’efficience des marchés financiers.

Les entrepreneurs constituent une part plus importante de la population active dans les pays en développement que dans les pays développés ; Ils sont souvent auto-employés.  Ces entreprises sont confrontées à une concurrence intense, une faible demande et des marchés financiers peu développés. L’environnement des affaires pour la création d’entreprise, apprécié au travers du nombre de procédures, du temps, du coût et du capital nécessaires pour créer son entreprise, y est généralement moins attractif que dans les pays développés.

Ces entreprises souvent créées par nécessité ne sont pas nécessairement basées sur un modèle d’affaire durable ou des capacités entrepreneuriales avérées.

Autre obstacle : le manque d’infrastructures techniques, tels que le transport, les télécommunications et l’électricité.

 

Dans ce contexte, la promotion de l’entrepreneuriat passe premièrement par la simplification de l’environnement des affaires, puis par la promotion des entreprises (mise à niveau des entreprises existantes,notamment en élevant leur niveau d’innovation). Ici, l’innovation s’entend moins comme l’utilisation ou le développement de hautes technologies que comme l’amélioration des caractéristiques et de la qualité des produits et services existants, et la recherche de solutions à des besoins de marché non encore pourvus.

 

Pour la promotion de jeunes entreprises dans les pays à faible revenu (PFR), il est préférable de se concentrer sur la mise à niveau des entreprises existantes et l’introduction d’aspects innovants, en se limitant aux entreprises les plus prometteuses. Les programmes doivent agir en synergie avec d’autres initiatives d’appui à l’entreprise, telles que l’organisation de concours de jeunes entreprises, des initiatives entrepreneuriales au sein d’établissements de formation, ou encore des réseaux d’appuis aux entreprises ; ils doivent aller de pair avec l’accès à des sources de financement suffisantes ; si les marchés financiers ne permettent pas de répondre à ce type de besoins, des programmes de subvention (notamment pour le développement de nouveaux produits) ou de crédit (pour des investissements plus classiques) doivent être mis en place.

 

Dans les Pays à Revenus Intermédiaires (PRI), la promotion des jeunes entreprises peut être conçue en lien avec une politique d’innovation visant à moderniser les capacités technologiques des entreprises :

– mise en place d’infrastructures, telles que des incubateurs, en lien avec des initiatives favorisant l’esprit d’entreprise dans les universités ou  des concours d’entreprises innovantes

– des programmes de financement ciblant les entreprises nées de la recherche universitaire

– la récompense d’entreprises innovantes pouvant servir d’exemples à d’autres entrepreneurs

– des programmes d’investissement en capital risque et le développement de réseaux de business angels une fois qu’un groupe significatif d’entreprises innovantes aura pu être identifié.

Outil

Eléments de contexte

Et conditions nécessaires

PFR

PRI

Adaptations

Financier

Subvention aides à la création d’entreprise

Gestion efficace, via des

gestionnaires qualifiés

 

X

Limité à des secteurs spécifiques en lien

avec programme d’innovation

Prêts délivrés par des banques publiques

Si insuffisance des banques privées

X

X

Cibler les entreprises aux idées innovantes

Prêts délivrés indirectement par des banques privées

Si banques privées efficaces

X

X

Cibler les entreprises aux idées innovantes

Investissement en capital risque

Si absence de fonds, appel public à l’épargne

 

X

Limité à des secteurs capables d’affronter la concurrence internationale

Garantie pour des investissements privés et incitation fiscale

Non

     

Business angels

Si réseaux existant

 

X

Vérifier si la capacité est suffisante pour financer et impliquer des réseaux internationaux

Accompagnement

Conseil juridique et gestion

Si volonté d’apprendre et existence de conseil privé

X

 

Lié à des programmes de formation pour le développement et l’expérimentation d’idées novatrices

Appui à la commercialisation

Si entreprises ayant des produits que l’on peut commercialiser à l’étranger

X

 

Si produits compétitifs à l’international

Infrastructures

Si marché commercial inefficace

 

X

En lien avec des programmes techniques et universitaires pour faciliter la mise en réseau et  viser une masse critique

Formation

Formation d’entrepreneurs

Si volonté d’apprendre

X

 

Cibler le développement d’idées novatrices

Formation aux compétences entrepreneuriales

Système de formation développé

X

X

Inclure des modules sur l’innovation en ciblant  l’internationalisation

Projets d’entreprise virtuels dans les établissements de formation

   

X

Inclure l’approche commercialisation

Développement des compétences entrepreneuriales chez les étudiants

     

Lier à la commercialisation et à des instruments de financement pour la création d’entreprises

Promotion, communication (pas de communication grand public)

Récompenses aux entreprises prometteuses

Faible intérêt pour l’entrepreneuriat,

 

X

effet modèle pour s’autres entreprises

Concours de créateurs d’entreprises

Existence d’un pool d’entreprises

X

X

Cible les innovations

         

 

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