800 000 postes seraient à pourvoir par an (entre 735 000 et 830 000 selon le scénario choisi), du fait de nombreux départs en fin de carrière entre 2012 et 2022 pour 80% d’entre eux et 20% par des créations nettes d’emploi.


« Les métiers en 2022 : rapport du groupe Prospective des métiers et qualifications, résultats et enseignements », rapport d’étape, France Stratégie et Dares, juillet 2014

 Sur la période 2012-2022, le nombre de départs en retraite devrait avoisiner 620 000 par an en moyenne, contre 540 000 entre 2008 et 2012 ; par ailleurs, le nombre annuel moyen d’emplois créés sur dix ans (177 000 emplois créés par an, 115 00 en scénario de crise) serait nettement inférieur au niveau atteint dans les années 1997-2001 ou 2005-2008, périodes de conjoncture haute, mais il resterait supérieur à celui des années 2001-2005 ou 2008-2012, marquées par la crise.

 

Analysés à travers une nomenclature de 87 familles professionnelles, plusieurs groupes de métiers se dégagent ; certains métiers conjugueront de fortes créations d’emploi et des départs en fin de carrière importants (métiers d’assistance aux personnes notamment) ; d’autres, au contraire, pourraient connaître des pertes nettes d’emploi, conjuguées à des départs en fins de carrière plus ou moins importants (ouvriers de l’industrie, agriculteurs, employés administratifs de la fonction publique).

 

L’ensemble des professions de soins et d’aide aux personnes fragiles devrait bénéficier d’une forte dynamique de l’emploi, à l’exception des médecins dont l’évolution dépend du numerus clausus et pour lesquels tous les départs en fin de carrière ne seraient pas remplacés à l’horizon 2022 (avec la destruction d’un peu plus de 20 000 postes en dix ans). Aides à domicile, aides-soignants et infirmiers figureraient ainsi parmi les métiers qui gagneraient le plus d’emplois à l’horizon 2022, avec de l’ordre de 350 000 créations nettes en dix ans. Le nombre d’assistantes maternelles devrait également augmenter plus rapidement que l’ensemble des métiers.

Les départs en fin de carrière sont traditionnellement nombreux dans les métiers d’assistante maternelle et d’aide à domicile où l’âge médian est élevé (respectivement 45 et 47 ans contre 42 ans pour l’ensemble des métiers), car ils sont souvent occupés par des femmes ayant repris un emploi après une interruption ou une reconversion ; entre 2012 et 2022, près de 500 000 postes seraient à pourvoir.

 

Les métiers très qualifiés seront également parmi les plus gros créateurs nets d’emploi : la croissance des métiers de cadres serait presque deux fois plus forte que celle de l’ensemble des métiers (+1,2 % chaque année contre +0,7 %).

Parmi les cadres assurant des fonctions à dominante administrative et les manager, la hausse du nombre d’emplois se conjuguerait avec de nombreux départs en fin de carrière.

Les départs en fin de carrière seront proportionnellement moins nombreux pour les ingénieurs ou cadres techniques de l’industrie, le personnel d’études et de recherche, et surtout pour les ingénieurs de l’informatique ; ces métiers devraient bénéficier de nombreuses créations d’emploi, portées par le développement des nouvelles technologies (technologies de l’information et de la communication, nanotechnologies…) et les efforts en matière de recherche-développement ; sur les dix prochaines années, ces trois métiers pourraient offrir 220 000 emplois supplémentaires, soit un taux de création nette de 2% par an en moyenne.

Les professions de l’information et de la communication, tout comme celles des arts et spectacles, sont surtout occupées par des jeunes ou des personnes en milieu de vie active ; toutefois l’emploi devrait être soutenu par l’essor du multimédia et des activités audiovisuelles, avec un taux de création nette qui pourrait dépasser 1,7% par an.

 

En dehors de l’administration publique et de quelques domaines industriels en déclin, la croissance de l’emploi pour les professions intermédiaires serait également soutenue, proche de 1% chaque année, bien plus élevée que celle de l’ensemble des métiers, et souvent associée à des départs en fin de carrière nombreux ; on y trouve les infirmiers, les sages-femmes, les professions paramédicales et les techniciens des services administratifs comptables et financiers.

 

Les métiers qualifiés du bâtiment, des transports et de la logistique devraient se développer dans une perspective environnementale

La croissance du nombre de postes à pourvoir devrait être plus élevée pour les métiers les plus qualifiés (agents d’exploitation et cadres de transports, de la logistique et navigants de l’aviation) Dans le domaine du bâtiment et des travaux publics, les architectes et cadres, les techniciens et agents de maîtrise et, dans une moindre mesure, les ouvriers qualifiés devraient continuer de bénéficier de créations d’emploi à l’horizon 2022 du fait de l’augmentation du nombre des ménages, de la rénovation et de l’adaptation du parc de logements, du vieillissement de la population et du développement des normes règlementaires et environnementales ; les créations seraient cependant moins nombreuses que lors de la décennie précédente. Les ouvriers qualifiés du second œuvre (plombiers, électriciens, peintres, menuisiers, etc.), dont plus du tiers sont à leur compte, devraient quant à eux être concernés par des taux de départs en fin de carrière relativement importants.

 

Des créations d’emploi nombreuses pour les métiers du commerce et de l’hôtellerie et de la restauration mais peu de départs en fin de carrière.

Ces métiers devraient néanmoins continuer à bénéficier des nouveaux modes de consommation privilégiant le bien-être et les loisirs : le rythme des créations d’emploi y resterait donc relativement soutenu, tiré à la hausse dans le secteur du commerce par la prolongation des horaires d’ouverture, la hausse de la qualité des prestations et les préférences des consommateurs pour les commerces de proximité, malgré le développement continu des nouvelles technologies et du commerce électronique. Au total, la proportion de postes à pourvoir dans le commerce et l’hôtellerie, restauration, alimentation se situerait autour de la moyenne (avec plus de créations nettes mais moins de départs en fin de carrière) ; les recrutements resteront nombreux du fait d’un important turn-over.

 

Les femmes pourraient former 49,1% des personnes en emploi en 2022, contre 47,7% en 2012 ; cette progression résulterait de l’accroissement de la part des femmes dans les métiers les plus qualifiés, notamment parmi les métiers de cadres (de 43,6 à 46,4%) et les professions intermédiaires (de 49,4 à 51,4%) :

 

Ensemble

Ouvrier

qualifié

Profession

intermédiaire

Cadre

Employé

qualifié

Employé

peu qualifié

Ouvrier

peu qualifié

Indépendant*

2022

49,1

14,2

51,4

46,4

74,8

77,5

23,0

32,4

2012

47,7

13,3

49,4

43,6

74,2

77,5

24,5

33,2

1992

43,3

11,2

42,9

37,5

68,1

80,7

26,9

36,8

Evol 2022/2012

+2,9

+6,8

+4,0

+6,4

+0,8

0

-6,1

-2,5

Evol 2022/1992

+13,4

+26,8

+19,8

+12,3

+9,8

-4,0

-20,4

-12,0

* les indépendants sont seulement ceux en nom individuel, ne rendant pas compte, ni de l’évolution du nombre d’auto- entrepreneurs, ni du nombre de société où le dirigeant est salarié.

Les progressions en emplois nets entre 2012 et 2022, selon les qualifications, seraient en scénario central, les suivantes :

Entre 2012

et 2022

Cadre

Profession

intermédiaire

Employé

peu qualifié

Employé

qualifié

Ouvrier

qualifié

Indépendant

Ouvrier

peu qualifié

Total

En milliers

+675

+512

+310

+155

+120

+21

-19

+ 1 774

En %

38

29

17,5

9

7

1

-1

100

 Les progressions en emplois nets selon les activités seraient les suivantes en scénario central :

Entre 2012

et 2022

Education,

santé,

culture

Services

Aux

entreprises

Commerce

HCR

Services

aux

particuliers

Bâtiment

Transports

Industrie

Autres

Agriculture

Adminis

tration

En milliers

+476

+451

+426

+313

+128

+83

+43

+12

-76

-83

En %

27

25

24

18

7

5

2,4

0,7

-4,3

-4,8

 Deux pays ont réalisé des projections sur le même horizon que la France (2012-2022) : le Royaume-Uni et les États-Unis ; si les valeurs ne sont pas comparables, on observe toutefois des tendances convergentes :

* une croissance du nombre d’emplois significative (+6,9 % entre 2012-2022 en France, +5,6% au Royaume-Uni, +10,8% aux États-Unis) et une part relativement importante des départs en fin de carrière parmi les postes à pourvoir sur cette même période (78% en France, 87% au Royaume-

Uni et 67% aux États-Unis).

* une progression de la part des plus qualifiés