24% des établissements ont dit souhaiter recruter en 2025, en baisse de 12,5% au regard de 2023.


"Besoins en main-d'œuvre 2025", France Travail, avril 2025

Méthodologie : l’enquête porte sur l’ensemble des employeurs hors administrations de l’État (Ministères, Police, Justice…) et entreprises publiques (Banque de France…), soit 2 419 049 établissements pour la France (extraits du répertoire SIRENE), dont 1 786 449 ont été interrogés cette année. Au total, 445 932 établissements ont répondu au questionnaire. Les résultats ont été redressés pour être représentatifs de l’ensemble des employeurs des régions.

La totalité des recrutements est pris en compte (CDI, CDD, emplois saisonniers…).

 

L’étude aborde aussi bien les recrutements réalisés en 2024 que les projets d’embauche en 2025, leur importance et les difficultés pour y parvenir.

La situation en 2024

⇒ Qui a recruté, comment,  avec quelles difficultés ?

♦ Tout d’abord le contexte conjoncturel en 2024 : si pour 53% des employeurs l’activité n’a pas changé, ils sont 7% a avoir vu leur activité accrue ; pour 21% l’activité n’a pas évolué mais l’entreprise a rencontré des difficultés (hausse des coûts, réduction des marges…) ; 19% ont réduit leur activité. 

 

♦ 39,5% ont cherché à recruter du personnel ; 90% de ceux qui ont recruté ont pu le faire pour 75% pour tous les postes pour lesquels ils avaient entrepris des démarches et 15,5% une partie seulement des postes recherchés. Les délais pour recruter ont été conformes à leur prévision (47%) voire meilleurs (6%), alors qu’ils ont été supérieurs (31%) ; noter que 20,5% n’avaient pas défini de délais. 85% disent ne pas avoir eu de difficulté à garder leur personnel.

 

♦ Pour recruter, 51% ont déposé une offre sur un autre site que France Travail, et 34% contacté une agence d’intérim, des cabinets de recrutement, des organismes de placement, alors que 46% n’ont déposé leur offre qu’à France Travail.

 

♦ Afin d’améliorer leurs chances de recruter, ils ont  : 

Modifié leurs procédures de recrutement : en recrutant les apprentis ou ceux en contrat de professionnalisation (40%), pris plus de temps pour y parvenir (39%), élargissant leurs recherches en s’intéressant à des profils de candidats différents de ce qui était recherché au départ (candidats moins qualifiés, moins expérimentés, plus jeunes, plus âgés,…) selon 36%, simplifiant le process de recrutement (26%), ou organisant des journées portes ouvertes, journées découvertes, participation à des forums (15%), 

Amélioré l’attrait du poste : en augmentant la rémunération (34%) ou en proposant de meilleures conditions de travail (horaires, temps partiel, télétravail) selon 34%.

 

♦ Pour ceux qui se sont intéressés à d’autres profils, ils ont accepté des candidats moins expérimentés que prévu (80%), moins diplômés/moins qualifiés que prévu (72%), avec des formations différentes que celles prévues (72%) ; ils ont moins fait appel à des stagiaires (41%), à l’intérim (33%) ou à l’étranger (30) ou à des retraités (17).

 

♦ 40% ont connu des difficultés de recrutement, notamment pour des recrutements en urgence (45%), parce que plusieurs recrutements ont été effectué en même temps (manque de personnel disponible ou qualifié pour gérer ces recrutements) selon 47%, et peu le manque de moyens financiers (problème de budget, charges trop élevées, manque d’aides à l’embauche, manque de subventions) selon 15% ou des problèmes d’organisation liés à leurs procédures internes de recrutement trop compliquées selon 10%.

 

Mais aussi parce que selon 75% les candidatures étaient peu ou pas assez nombreuses (voire inexistantes), parce que selon 72% elles étaient Inadéquates (manque d’expérience, de diplôme, de motivation, de compétences) ou parce qu’appropriées mais les candidats ont finalement refusé le poste (39%).

 

♦ Les obstacles ont été : une rémunération trop faible (45%), la concurrence d’autres entreprises (42%), la technicité très pointue du poste (31%), la pénibilité du travail proposé, les risques du métier (28%), les horaires décalés et/ou trop importants (25%), le déficit d’image dont peut souffrir l’entreprise, le secteur d’activité ou le métier proposé (19,5%), les problèmes d’accès au lieu de travail (16%), ou la nature ou la durée du contrat (CDD, Intérim, stage, temps partiel) selon 15,5%.

 

Le profil des candidats ne convenait pas : manque de formation professionnelle (64%)manque de motivation (62%), insuffisance de la formation, du manque de diplôme (habilitation, licence, permis) selon 54%, manque de compétences techniques (50%), problèmes de présentation et de compétences relationnelles (35,5%), éloignement géographique des candidats (33%), trop de périodes d’inactivité professionnelle (22%), difficulté à s’exprimer à l’écrit et/ou à l’oral (18%), manque de compétences bureautiques/ informatiques/numériques (15,5%).

 

Les problèmes se sont surtout posés pour les postes suivants : ceux d’ouvriers qualifiés (49%), d’ouvriers peu qualifié (34%), de techniciens, d’agents de maitrise (32%), beaucoup moins pour des postes de cadres (16%), d’employés administratifs (15,5%), d’employés de service (15%), d’employés de commerce (12%).

 

♦ Les solutions pour remédier : appel à France Travail (56%), formation de candidats venant de l’extérieur (52%), formation de salariés déjà présents dans l’entreprise (42%), proposition aux salariés déjà présents de travailler plus (heures supplémentaires) selon 41%, appel à des profils de candidats différents (venu de l’étranger, retraités, candidats non diplômés ou moins diplômés que prévu) selon 40%, moins d’embauche que prévu, ou embauche différée (39%), recours à d’autres types de contrats (intérim, contrats d’apprentissage, contrats de qualification, alternance, stagiaires, 36%), sous-traitance d’une partie de l’activité, ou délocalisation (16%).

 

♦ L’analyse de non motivation s’est appuyée sur leur attitude à l’entretien professionnel, ne  montrant pas leur désir de travailler vraiment dans l’entreprise (70%), le fait que les candidats ne se sont pas présentés à l’entretien de recrutement (55%) ; les candidats recrutés sont partis plus tôt que prévu de l’entreprise (46%), mais aussi la mauvaise qualité de leur dossier de candidature (37%).

 

♦ 60,5% n’ont pas recruté parce qu’avant tout ils avaient jugé leur effectif suffisant (79%), alors que 15% ne l’ont pas fait pour baisse de leur activité et 6% devant la crainte de trop de difficultés à affronter.

 

Ceux qui ont abandonné leur projet de recrutement (9%) l’ont fait parce qu’ils n’ont pas trouvé de candidats adéquats (88) ou ont abandonné du fait de la conjoncture (25,5%), ou parce que le besoin a disparu (17%).

Les projets 2025

⇒ Qui envisagent de recruter ?

♦ 2 433 015 recrutements sont envisagés, en baisse de 13% (en moyenne entre 2019 et 2023 hors 2022 et 2023, en baisse de 20%). 44% sont proposés en CDI, 37% en CDD de moins de 6 mois et 19,5% en CDD de 6 mois ou plus ; par ailleurs 31% seraient des emplois saisonniers.

 

♦ Bien sûr, les entreprises de tailles importantes seraient les plus recruteurs : 71 à 83% les 50 salariés et plus, 52 les 20-49 salariés, 38 les 10-19 salariés, 28 les 5-9 salariés, 15 les 1-4 salariés et 24 les sans salarié.

Les moins de 10 salariés envisagent 1 013 563 recrutements (41,7% des recrutements), les petites entreprises (10-49 salariés) 602 642 projets (24,8%), les autres tailles 816 811 (33,6%). 56% des projets sont saisonniers pour les sans salarié, 42 pour les 1 à 4 salariés, 31 pour les 5 à 9 salariés, de 19 à 26% pour les autres tailles.

 

♦ Les activités les plus recruteurs : les 4 activités les plus demandeurs (61% des projets) sont les services aux entreprises (406 215 ou 22,4%), les HCR (336 846 ou 13,8%), la santé et l’action sociale (317 518 ou 13%), le commerce dont réparation auto (281 334 ou 11,6%) ; suivent celles envisageant au moins 100 000 recrutements : l’agriculture (202 199 ou 8,3%), les services aux personnes (189 515 ou 7,8%), le BTP (166 836 ou 6,9%), l’enseignement (158 345 ou 6,5%). 

⇒ Les difficultés.

Les recrutements pensés difficiles sont plus présents dans les petites tailles (50 à 57% pour les 1 à 99 salariés) vs 45-46% pour les tailles supérieures, mais seulement 38% pour les sans salarié.

 

♦ Les plus fortes difficultés (75 à 82%) concernent le recrutement de couvreur, charpentiers (métal et bois) pour le BTP, carrossiers automobiles, aides à domicile et auxiliaires de vie, et pour l’industrie, ouvriers en chaudronnerie et tôlerie, ouvriers qualifiés en conduite d’équipement d’usinage,  ouvriers de la maintenance en électricité et en électronique, ouvriers de la maintenance générale et mécanique et par ailleurs professionnels para-médicaux et médecins.

 

Les moins difficiles (15 à 34%) concernent les métiers : manutentionnaires et déménageurs peu qualifiés, et pour le commerce employés de libre service, magasiniers et préparateurs de commandes peu qualifiés, caissiers, maîtrise des magasins et par ailleurs dans l’administratif et l’accueil, agents administratifs et techniciens des services administratifs, agents d’accueil et d’information et enfin les professionnels des spectacles et les artistes (musique, danse, spectacles), 6,4% pour ces derniers. 

 

♦ Les difficultés concernent :

– Le profil inadéquat des candidats (manque d’expérience, de diplôme, de motivation, de compétences, de mobilité, absence de permis) 79%, sans grand changement depuis 2015,

– La pénurie de candidats, 80% (73 en 2015), 

– La nature du poste proposé (horaires de travail, conditions générales d’exercice du métier : pénibilité, salaire) 35% mais 51-54% entre 2015 et 2018, 

– Le manque de moyens financiers, 27%,

– Le déficit d’image (de l’entreprise, du secteur d’activité, du métier proposé), 24% mais 16 entre 2015 et 2019,

– L’accès au lieu de travail (problème de transports), 19%, 

– Les procédures internes de recrutement (décideur différent du recruteur, manque de temps consacré au recrutement, trop de démarches), 15% mais 31% en 2015-2016.

 

♦ La résolution des difficultés de recrutement :

– Faire appel à France Travail (84%), faire appel à d’autres intermédiaires spécialisés (64%), 

– Être plus actif dans les recherches (75%),

– Modifier l’offre de travail  : rendre l’offre d’emploi plus attractive, améliorer les conditions de travail (65%), faire appel à des profils différents de candidats (retraités, personnes de l’étranger, personnel non diplômé…) 59%, recourir à d’autres types de contrats (intérim, contrats d’apprentissage, contrats de qualification, alternance, stagiaires), 55%,

– La formation : former des candidats venant de l’extérieur (76%), former des salariés déjà présents dans l’entreprise (57%),

– Penser autrement le travail : proposer aux salariés déjà présents de travailler plus (46%), embaucher moins, différer une partie des embauches (35%), sous-traiter une partie de l’activité (24%).

⇒ Les motifs de recrutement pour chaque modalité de contrat :

– En CDI : remplacement suite à des départs (40%), voire ponctuels (5), surcroît d’activité (29) et  suite à une nouvelle activité (25), 

– En CDD de plus de 6 mois : surcroît d’activité (39,5%), remplacement suite à des départs (32), suite à une nouvelle activité (17), remplacement suite à des absences ponctuelles (12), 

– En CDD de moins de 6 mois : surcroît d’activité (58%), suite à une nouvelle activité (16), remplacement suite à des départs (13), remplacement suite à des absences ponctuelles (13).

⇒ L’appel à France Travail.

♦ 69% des employeurs potentiellement recruteurs accorderont leur confiance à France Travail en 2025 pour les accompagner dans leurs recrutements.

 

46% le feraient dès le départ, en association avec d’autres modes de recrutement (via d’autres intermédiaires, par d’autres moyens : candidatures spontanées, bouche à oreille…) vs 35-39 en 2015 et 2016, 36% compteraient exclusivement sur France Travail pour recruter et 18% dans un second temps après avoir utilisé d’autres moyens.

 

♦ Les principales raisons qui pousseraient à faire appel à France Travail :

– 3 raisons principales : la gratuité (35%), la simplicité (31) et l’importance de leur fichier (28),

Puis de façon moins citée : la rapidité (19%), la relation privilégiée avec un conseiller (18), le fait de bénéficier des mesures d’aide à l’embauche / par obligation (14),

– Et ce qui devrait figurer en 1ére position : la bonne sélection de candidats (14), la compréhension des besoins (10), le recours à des méthodes de recrutement innovantes (7).

 

♦ Les raisons des employeurs pour ne pas envisager le recours de France Travail : 
Le fait d’user d’autres canaux de recrutement (47%) et de ne pas avoir besoin de leur service (16), 
Mais tout autant celui de candidats proposés non motivés, ne correspondant pas, mal adaptés au profil du poste, manquant de qualification (42%),

– Et le fait que France Travail manque d’efficacité ou de rapidité (23,5%, plutôt en baisse) ou encore sa méconnaissance des entreprises (10).

 

L’étude précise ensuite pour chaque secteur d’activité et à l’intérieur pour chaque métier le nombre de projet, ceux jugés difficiles, et le nombre de projets saisonniers.

 

Mon avis : une étude exhaustive et fouillée pour approcher les recrutements et les difficultés pour y parvenir, ainsi que le profil des établissements recruteurs.

 

Pour en savoir davantage : https://www.francetravail.org/accueil/communiques/2025/besoins-en-main-d-oeuvre-bmo-2025.html?type=article