Le champ observé est celui des TPE (sans prendre en compte les libéraux et les artisans non immatriculés au registre du commerce et des sociétés), des PME et des ETI.
1ere idée à rectifier : 75 700 cessions transmissions et non 60 000 chaque année, comme cela est habituellement dit, dont 58 000 cessions à des tiers, 10 454 transmissions familiales et 7 252 ventes via holding ou cessions de titres pour un total de 2 985 706 entreprises (hors autoentrepreneurs? y compris les libéraux en nom personnel ?) .
Dans le même temps, 237 436 cessations ont eu lieu. Si 80% des cessions sont le fait des TPE, 88% des emplois sont le fait des PME/ETI cédées. Si les cessions sont avant tout le fait de vente à des tiers chez les TPE (86%), elles sont pour 46% le fait de holding pour les entreprises de 10 salariés et plus. Quant aux transmissions familiales, leur importance est assez proche (12,6% pour les TPE, 16,5% pour les TPE en société et 18,5 chez les PME/ETI).
2éme idée à rectifier : la fin d’activité a un impact limité sur les cessions : la moitié des cessions de PME et ETI ont lieu avant les 55 ans du dirigeant dont 71% concernant les sociétés de moins de 10 salariés (mais il faudrait pouvoir intégrer toutes les entreprises en nom individuel du commerce, artisanat et libéraux qui devrait faire chuter ce chiffre).
17% des TPE en société cédées sont le fait de dirigeant de 60 ans et plus, contre 33% pour les PME.
3éme idée, la taille des entreprises l’emporte sur l’âge pour expliquer la fréquence de la cession: pour les TPE (artisans compris), le taux de cession passe de 1,3% en l’absence de salarié à 3,7% pour 1 à 5 salariés et à 4,3% pour 6 à 9 salariés, puis pour les PME, de 6,7% pour les 10-49 salariés, 8,9% pour les 50-99 salariés, 10,8% pour les 100-249 salariés et 15,5% pour les 250 et plus. Pour les dirigeants de TPE de 60 ans et plus, 75% des cessations sont le fait de mort naturelle.
Les dirigeants ont en commun leur impréparation de la cession, et le fait de privilégier la recherche d’un repreneur de type alter ego. Dans toutes les catégories de taille, des TPE sans salarié aux ETI, les transmissions au sein de la famille augmentent significativement à partir de 60 ans, où elles représentent environ 30% des cessions.
Par contre, les dirigeants de TPE sont surtout préoccupés par la faible valeur de leur entreprise, alors que ceux des PME le sont davantage par les conditions de confidentialité entourant les négociations, la perte du lien avec leur entreprise, voire leur changement de statut social.
La reprise familiale s’inscrit différemment : pour les PME, sous réserve de l’appétence et de la compétence du repreneur familial, la logique est intergénérationnelle, chaque dirigeant étant moins le détenteur que le dépositaire et le garant de la valeur de l’entreprise, en vue de la transmettre à la génération suivante; pour les TPE, cette dimension semble moins prégnante, la transmission familiale s’apparentant davantage à une démarche opportuniste (un membre de la famille y a trouvé sa place et si les perspectives économiques apparaissent favorables).
En termes d’analyse pour une politique d’action au profit de la cession, rappelons que 21% des dirigeants de PME/ETI ont au moins 60 ans contre 14% au sein des TPE, alors que l’impact des PME sur le tissu économique, dont l’emploi est important, plus que pour les TPE; une cession de PME engage 27,3 emplois en moyenne contre 2,3 pour les TPE. Ceci étant, l’importance des TPE, comme élément structurant d’une économie de proximité est tout aussi essentiel.