Méthodologie : un travail préliminaire de repérage spécifique sur 3 années d’observation de l’enquête Génération 2017 des jeunes « primo-sortants » de formation initiale, ayant occupé au moins un emploi dont l’employeur relève du champ d’Opco a été réalisé par le Céreq.
La première partie de l’analyse permet d’appréhender la place des entreprises de proximité dans l’entrée des jeunes dans la vie active. La deuxième partie présente les caractéristiques des jeunes ayant travaillé dans les entreprises de proximité, mais aussi les formations dont ils sont issus. Ces analyses permettent d’apprécier dans quelle mesure les entreprises de proximité fidélisent ces jeunes sur l’ensemble de la période.
Les jeunes qui débutent dès leur 1er emploi dans une entreprise de proximité bénéficient de conditions d’emploi plus favorables que l’ensemble des sortants en emploi, avec un accès à l’emploi durable plus important. Il sont aussi plus fidèles aux entreprises de proximité.
⇒ Les sortants de formation en emploi dans des entreprises de proximité.
En octobre 2020, sur 746 000 jeunes sortants de formation initiale, 66 000 sont en emploi, au moment de l’enquête, dans une entreprise de proximité (9%), à comparer aux 8% de l’ensemble des salariés dans les entreprises de proximité et aux 10% de moins de 30 ans dans l’ensemble des activités. Si on élargit la période de référence aux 3 premières années après leur sortie de formation, un jeune sur cinq a connu au moins une période d’emploi dans une entreprise de proximité du champ d’Opco EP. Ce poids est plus important encore parmi ceux qui sortent d’une formation en alternance (24%).
Les salariés qui travaillent dans ces entreprises de proximité sont en moyenne plus jeunes qu’au sein de l’ensemble des salariés (27% de salariés âgés de moins de 30 ans contre 19%).
Les secteurs dans lesquels ils ont travaillé au cours des 3 ans qui ont suivi leur sortie de formation :
Le choix de regroupement des activités n’est pas expliqué et diffère des regroupements habituels des activités, ce qui rend l’analyse difficile.
-Dans “les activités de commerce et services aux entreprises” (34 700 jeunes, soit 25,3% des sortants ayant travaillé dans une entreprise de proximité) ; 24,5% sont en emploi à la date de l’enquête ; ils sont 28,7% des emplois de ce secteur ; on y trouve notamment des activités immobilières, de commerce de gros et des entreprises de service aux entreprises.
–Dans des “activités artisanales” (26 880 jeunes, 19,6% des jeunes ayant occupé au moins un emploi dans une entreprise de proximité) ; 19,3% sont en emploi dans une entreprise de proximité, et pèsent 20,6% des emplois de la branche. La part des moins de 30 ans est élevée (39% contre 27 pour l’ensemble des salariés).
Les commerces de bouche (dont la boulangerie) comptent pour 55% de ces emplois, la coiffure/esthétique pour 28%.
-Les “activités de commerce et services aux particuliers” : 23 980 jeunes soit 17,5% de ces jeunes en emploi (14,4% au moment de l’enquête) et comptent pour 13,8% des effectifs de ces activités. on y trouve 44% dans le commerce habillement et chaussures, 17% pour le gardiennage/entretien des immeubles et 15,3% pour d’autres services aux personnes.
-Dans “des activités libérales” (15 350 jeunes) : 11,2% des jeunes ayant occupé un emploi (16,4% sont en emploi au moment de l’enquête) ; ils ne sont que 14% des effectifs de ces activités. 48% sont dans des activités de santé (dont pharmacie) et 24% dans des entreprises d’architecture.
-25,5% ont occupé un emploi (24,5% le sont au moment de l’enquête) dans des activités autres.
⇒ Principaux statuts des jeunes en début de vie active dans une entreprise de proximité :
– Les employés sont 74% des jeunes concernés dans le commerce et services aux particuliers, (vendeur en habillement, coiffeurs, métiers en lien avec les entreprises des services à la personne comme la garde d’enfants ou l’aide à domicile) ; ils sont 55% dans l’artisanat et 43% dans les commerces/services aux entreprises. Par ailleurs les employés sont 32% des salariés jeunes dans les autres entreprises et donc moins nombreux que dans les entreprises de proximité.
– Les professions intermédiaires sont 51% dans les activités libérales (vs 8 à 26% dans les autres activités) ; ils sont préparateurs en pharmacie, technicien du BTP. Ils sont 26% dans les autres entreprises.
27% sont cadres dans les professions libérales (vs entre 2 et 10 les autres activités) ; ce sont surtout des architectes. Ils sont 18% dans les autres entreprises.
Les ouvriers sont 32% dans les activités artisanales (vs 2 à 16%), notamment en boulangerie/pâtisserie. Ils sont plus nombreux en moyenne dans les autres entreprises (22%).
⇒ Caractéristiques des jeunes ayant eu au moins un emploi dans une entreprise de proximité :
– Ce sont en majorité des femmes (62% vs 48 dans les autres entreprises ou 51% des jeunes ayant occupé un emploi dans une entreprise de proximité), notamment dans les activités libérales (pharmacie d’officine…), les commerces de détail de l’habillement, la coiffure et des entreprises des services à la personne.
– 58% sont issus de formations du supérieur (vs 62 pour l’ensemble des jeunes en emploi), plus tournés vers les niveau bac et bac +2..
– L’âge moyen des jeunes est identique qu’ils aient travaillé ou non dans une entreprise de proximité (21,6 ans, en majorité des 19-20 ans).
– Les jeunes travaillant dans une entreprise de proximité proviennent plus qu’ailleurs de formations en alternance : 30% sont sortants d’une formation en alternance (23% en apprentissage et 7% en contrat de professionnalisation) contre 25% pour l’ensemble des jeunes ayant occupé au moins un emploi. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les activités artisanales (50%).
Les alternants travaillant dans les entreprises de proximité à la sortie des études sont un plus souvent issus de formation de niveaux CAP/BEP ou bac (respectivement 31 et 30%), que ceux travaillant dans les entreprises qui ne sont pas de proximité (27 et 19%).
– Enfin, ceux qui se tournent dans les activités artisanales résident davantage dans un territoire rural (19%), alors que ceux qui travaillent dans des activités libérales proviennent davantage des territoires urbains.
⇒ En emploi, après avoir été diplômés ou avoir abandonné leurs études ?
♦ Les 2/3 de ceux ayant travaillé dans une entreprise de proximité ont obtenu leur diplôme à l’issue de la formation dont ils sont sortis ; toutefois, un jeune sur cinq est sorti d’une année non terminale et 13% d’une année terminale sans être diplômé. Cette situation est plus habituelle dans les activités de commerce et de services pour les particuliers (près d’un quart), mais très faible chez les jeunes travaillant dans les activités libérales (12%).
♦ Les sortants d’année non terminale sont pour 47% issus de formation de niveau bac +3/4. Pour la plupart, ils s’arrêtent parce qu’ils souhaitent entrer dans la vie active ou parce qu’ils ont trouvé un emploi ou par lassitude, voire des résultats insuffisants, des raisons extra scolaires (raisons familiales ou personnelles, financières). ou une impossibilité de formation dans le domaine souhaité.
⇒ Les jeunes en 1er emploi en entreprise de proximité.
♦ 61% des jeunes travaillent dès leur 1er emploi dans une entreprise de proximité (et même plus des 2/3 pour les activités libérales ou artisanales).
Ils sortent plus souvent de formations en alternance que de la voie scolaire (67 contre 59%), et sont même 81% des alternants dans les activités libérales et 76% dans les activités artisanales ; ils sortent aussi avec diplôme (63 contre 55%).
♦ Ils bénéficient de conditions d’emploi plus favorables que l’ensemble des jeunes sortants, avec une part de CDI plus importante au moment de l’embauche mais aussi en fin de contrat, bien que le temps d’accès au 1er emploi soit proche (4,6 mois contre 4,9 mois).
♦ Les jeunes passés par une entreprise de proximité mais qui n’y ont pas débuté leur carrière professionnelle accèdent à leur premier emploi un peu plus rapidement que ceux qui y travaillent dès le départ : 3,3 mois contre 4,6 mois. Toutefois, leur condition d’embauche dans le premier emploi est plus instable : davantage d’emplois en CDD ou intérim ; leur 1er contrat se transforme moins souvent en CDI en fin de contrat ; ils mettent également davantage de temps que les autres pour accéder à un 1er emploi en CDI (12,5 mois contre 9 mois pour les jeunes débutant dès la première embauche dans une entreprise de proximité) ; ils ont plus souvent des emplois à temps partiel (30 contre 26). Ce sont davantage des sortants qui arrêtent plus fréquemment que les autres leurs études pour des raisons personnelles ou familiales mais aussi financières.
♦ Le temps d’accès au 1er emploi est le plus rapide dans les activités libérales (2,7 mois) pour les jeunes ayant obtenu leur premier emploi dans des entreprises de proximité. En revanche, il est plus long dans les activités du commerce et services, notamment dans les activités à destination des particuliers (5,4 mois), notamment dans les entreprises de services à la personne (7,2 mois). Le recours à l’intérim est beaucoup plus important dans les activités de commerce et services aux entreprises et celles non couvertes par une convention collective (17 et 20%).
C’est aussi dans les activités libérales que les jeunes voient le plus leur contrat se transformer en CDI (64%, 10 points de plus que dans les autres activités). Cette transformation plus importante du 1er contrat en CDI dans ces activités explique en partie un accès à l’emploi durable plus rapide (7 mois en moyenne).
♦ De façon globale, le temps partiel concerne près d’1/4 des jeunes débutant dans une entreprise de proximité comme pour l’ensemble des jeunes ; dans les activités de commerce et services aux particuliers, il est de 45% et selon les activités fines : vendeurs en commerce de bouche (46%), aides au maintien à domicile (64%) et assistants maternels (95%). Il s’agit en outre, pour près de la moitié des emplois dans ces activités, de quotités de temps de travail faibles (inférieurs ou égaux à un mi-temps). Chez une majorité de jeunes, ce temps partiel est subi : 57% de ceux qui ont commencé à travailler dans une entreprise de proximité à temps partiel souhaitaient travailler à temps plein à l’embauche.
⇒ Le nombre d’emploi et le temps passé en entreprise de proximité.
Les jeunes ayant travaillé leurs 3 premières années de vie active dans une entreprise de proximité ont eu 2,7 emplois dont 1,3 dans une entreprise de proximité (beaucoup de mobilité donc). Ces jeunes ont connu davantage d’emploi que l’ensemble des jeunes en emploi (2,7 vs 2,1).
♦ 59% ont été fidèles aux entreprises de proximité :
– 34% des jeunes en emploi un moment ou l’autre en entreprise de proximité (100% dans ce type d’entreprise) sont restés très majoritairement dans un seul emploi (74%), 19% ayant connu 2 emplois mais dans des entreprises de proximité et 8% davantage.
– 25% des jeunes sont restés en emplois pour 50 à 100% de leur temps de travail (en moyenne 71% dans des entreprises de proximité) ; ils ont connu au moins 2 emplois (50%), et 50% au moins 3 emplois.
♦ Par ailleurs, 42% ont connu au plus 34% de leur temps de travail en entreprise de proximité :
– 22% n’ont donné que 34% de leur temps de travail aux entreprises de proximité ; 70% ont connu au moins 3 emplois (dont 39% 4 emplois et plus).
– 20% n’ont donné que 11% de leur temps de travail aux entreprises de proximité ; 47% d’entre eux ont connu au moins 4 emplois et 77% au moins 3 emplois.
Les jeunes sont restés les plus fidèles aux activités de proximité dans les activités libérales (75% de leur temps) et artisanales (64% de leur temps). Ceci étant, seuls 28 à 32% n’y ont connu qu’un seul employeur. Par ailleurs 57 à 59% de leur temps de travail s’est produit dans les entreprises de proximité pour les 3 autres groupes d’activité.
Les jeunes issus de formation en alternance sont davantage représentés parmi les jeunes ayant travaillé 100% de leur temps en emploi dans les entreprises de proximité au cours des 3 premières années de vie active (36% contre 30% pour l’ensemble des jeunes y ayant travaillé au moins une fois). Leur propension à rester dans ces entreprises est de 40% contre 31 pour les jeunes issus de la voie scolaire.
C’est dans les activités libérales que la propension des alternants à ne pas quitter les entreprises de proximité est la plus forte (69% contre 46 pour ceux issus de la voie scolaire), suivies des activités artisanales (46% vs 32), puis des activités commerce et services aux entreprises (36% vs 28), alors que dans les activités commerce et services aux particuliers, cette propension est assez proche (27% vs 29).
Pour en savoir davantage : https://www.cereq.fr/sites/default/files/2024-09/WorkingPaper_30.pdf