L’envie de créer une entreprise en 2024 : profil, perceptions de ce qu’est un chef d’entreprise.


"Les Français et la volonté d’entreprendre" Ifop pour Axtom, mai 2024

Méthodologie : échantillon de 2701 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, interrogé par questionnaire auto-administré en ligne entre le 02 et le 14 mai 2024.

La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas ( sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération.

 

Pour analyser les questions du sondage, je propose des tableaux comparatifs avec les différents items selon les grandes questions posées ; le classement des items se fait alors en déclinant les moyennes des réponses des chefs d’entreprise (artisan, commerçant, dirigeant, sans salarié), de la plus élevée au regard de la moyenne globale, à la moins élevée (et donc le plus souvent 3 sous-groupes : la moyenne chef d’entreprise est plus élevée que la moyenne globale, elle est proche, ou elle est inférieure). Pourquoi cette proposition ? Parce qu’elle permet de comparer le ressenti de pratiquants de l’entrepreneuriat (au sens chefs d’entreprise de très petite entreprise, au ressenti bien différent de patrons d’entreprise importante en taille) avec ceux d’éventuels postulants à la création d’entreprise.

 

 

Ce sondage est beaucoup plus précis que la plupart des sondages effectués dans le passé, en ce qui concerne les “envies” de création (compétences requises, difficultés, freins, type d’aides attendues..), selon les caractéristiques des populations interrogées (salarié, femmes, âges, CSP..).

 

 

A la question ” vous, personnellement, un jour dans votre vie, auriez-vous envie de créer votre entreprise, d’en reprendre une ou de vous mettre à votre compte ?”, 36% ont répondu probablement (dont 14 certainement) ; Le % de 36% a relativement peu varié depuis 1999 : entre 29 et 36% entre octobre 2018 et mai 2024 ; par contre les réponses certainement (plus effective pour aboutir à une création) ont été plus fluctuantes (entre 8 et 14%) ; la tendance est à la hausse entre octobre 2018 et mai 2024.

Les données pour les années antérieures à 2024 proviennent d’autres enquêtes conduites par l’Ifop.

⇒ Qui sont ceux qui ont envie de créer une entreprise un jour (moyenne de 36%) ? 

♦ Parmi la population interrogée, ce sont davantage les jeunes qui ont envie de créer (63% les 18-24 ans, 55 les 25-34 ans vs 42 les 35-49 ans mais 15 à 27 les 50 ans et plus), des hommes (42% vs 31 les femmes), des personnes qui ont des enfants (53% vs 30 ceux qui vivent seuls). 42% vivent dans la région Parisienne, 37% en commune rurale et 34% dans une autre commune urbaine.

 

♦ 53% de la population interrogée connaissent des chefs d’entreprise (vs 26 n’en connaissent pas) ; d’ailleurs, 36% ont un ou plusieurs de leurs proches chefs d’entreprise : c’est le fait des moins de 50 ans (42-46% vs 26-33% les plus âgés) ; c’est davantage le fait des CSP+ (45-54% vs les CSP- (33-36%).

Enfin 15% ont dirigé une entreprise.

 

♦ Sans surprise, parmi les répondants ceux qui ont envie de créer sont des chefs d’entreprise (76% ; ils le sont ou l’on été), 46% des cadres et professions libérales, devant les CSP- (entre 35 et 39%), les inactifs étant bien moins nombreux (28%). 53% travaillent dans des petites entreprises, 43% dans des entreprises de 20 à 49 salariés et 34 à 37% dans des autres tailles d’entreprise.

⇒ L’adhésion à certaines affirmations concernant l’entrepreneuriat : être entrepreneur c’est :

Une 1ére approche en s’appuyant sur la réponse “tout à fait d’accord”.

 

♦ Ce qu’est le “métier” (classé par ordre décroissant selon l’intensité de “tout à fait d’accord”) :

 – C’est prendre de grandes responsabilités et les assumer (97 d’accord dont 61 tout à fait d’accord) et c’est avant tout être seul face à ses responsabilités (86% dont 44), 

– C’est oser prendre des risques (97% dont 59), 

C’est d’abord travailler dur (95% dont 59), être confronté à de nombreux moments difficiles, avec des incertitudes au quotidien (95% dont 51), 

– C’est comprendre et être capable de faire face à ses erreurs, et recommencer pour réussir (96% dont 46),

– C’est savoir s’entourer (95% dont 44), mais c’est aussi pour d’autres ne compter que sur soi pour développer son business (72% dont 30),

– C’est d’abord un état d’esprit que l’on peut avoir et valoriser même en tant que salarié (90% dont 36),

 

♦ Les bénéfices pour soi et les apports pour la société :

– C’est créer son propre emploi (95% dont 51), et récolter les fruits de son travail (92% dont 47), mais aussi avoir des revenus fluctuants (86% dont 38),

– C’est avant tout ne pas avoir de patron (85% dont 41), et choisir avec qui travailler (91% dont 38), être libre de ses décisions et de ses mouvements (80% dont 30). 

– C’est contribuer à la société par la création d’une activité utile et/ou à la création d’emplois (92% dont 36),

 

Une seconde approche, en comparant le ressenti des chefs d’entreprise et les ressentis des autres populations.

 

Les chefs d’entreprise plus que les autres (notamment les moins de 35 ans et les CSP+) mettent en avant à la fois la plus-value que procure le fait d’être à son compte (pas de patron sur le dos, libre de ses décisions..) mais aussi les contraintes (travailler dur, revenus fluctuants, ne compter que sur soi..).

Par contre, plusieurs ressentis, qui seraient d’essence entrepreneurial, peuvent étonner parce qu’ils sont plutôt en retrait (oser prendre des risques, faire face à ses erreurs, en tirer des leçons pour rebondir, savoir s’entourer, d’abord un état d’esprit à valoriser), alors qu’ils sont valorisés au même titre, voire davantage, par les autres populations.

Noter que les femmes ne se différencient nettement des hommes qu’à propos de 2 ressentis : davantage pour “ne pas avoir de patron sur le dos” (88% vs 82 pour les hommes), et moins pour “ne compter que sur soi” (68% vs 74).

⇒ Les principales qualités ou compétences requises pour être un entrepreneur ?

♦ Ce qui semble très important (au moins 8% très et 24% important) :

 

2 modalités professionnelles :

Avoir des compétences multiples (commerciales, RH, comptable etc.) 33% dont 14,

Être organisé et productif dans son travail (36% dont 11), 

 

4 modalités de caractère : avoir confiance en soi (24% dont 10), être déterminé et patient (28% dont 9), être courageux (24% dont 9), être persévérant et résilient (30% dont 8),  

 

♦ Paradoxalement les qualités les plus importantes pour l’entrepreneuriat sont moins considérées par les chefs d’entreprise telles “savoir s’entourer de personnes compétentes” (13% vs 30 en moyenne), “avoir un bon réseau professionnel” (11% vs 17 ),”avoir le goût du défi et du risque” (15% vs 21), 

Voire au même niveau qu’en moyenne : “avoir le goût du contact humain” (6% vs 8), “faire preuve de leadership” (7% dont 9),” avoir des compétences multiples” (31% vs 33), “être créatif” (11% vs 11),  “avoir une forte capacité d’adaptation” (19% vs 17), “être organisé dans son travail” (39 vs 36). 

 

Ainsi les chefs d’entreprise se positionnent davantage dans les qualités personnelles : “persévérance et résilience” (40% vs 28), “passionnés” (29% vs 20),”être déterminé et patient” (32% vs 24)?

 

♦ Les moins de 35 ans et les salariés du privé sont proches, mais se retrouvent plutôt moins dans les valeurs entrepreneuriales. Noter toutefois que les moins de 35 ans sont plus soucieux de créativité et de leadership.

 

♦ Les hommes sont plus soucieux que les femmes notamment quant “au fait d’être organisé et productif”, à celui “d’avoir une forte capacité d’adaptation”, à celui “d’être créatif”, de “faire preuve de leadership”, “d’avoir le goût du risque”, “d’avoir confiance en soi”.

⇒ L’adhésion à des stéréotypes autour de l’entrepreneuriat.

♦ 6 items réunissent 60 à 85% d’accord dont 17 à 34% tout à fait d’accord. 

Ce qu’apporte l’entrepreneuriat à notre société : les entrepreneurs jouent un rôle social important (création d’emplois, de richesses, de croissance), 85% dont 29 ; ils sont  sources d’inspiration et modèle de réussite (75 dont 19), d’autant que la sécurité de l’emploi n’est plus un critère déterminant dans le choix d’un métier ou d’un poste (66 dont 19).

 

En ce qui concerne les motivations pour créer une entreprise :

– Il est préférable d’avoir de l’expérience pour lancer son entreprise (83 dont 34), sinon beaucoup de créations d’entreprises se terminent par des échecs (71 dont 19),

– La principale motivation des entrepreneurs est de gagner de l’argent (60 dont 17),

– Il faut devenir son propre patron pour ne pas se faire exploiter (49 dont 15), 

 

En ce qui concerne les exigences pour créer une entreprise ; en fait la création parait largement possible pour le plus grand nombre : aujourd’hui, n’importe qui peut entreprendre (36 dont 12) ; Il suffit d’une bonne idée pour se lancer (34 dont 12). Par contre s’associer, le meilleur moyen de réussir son projet de création d’entreprise (49 dont 9) est modérément prisé,

 

Et en ce qui concerne l’appui des Pouvoirs Publics et de la société Française, le propos est encore plus modeste : la France est un pays d’entrepreneurs (53 dont 8), l’entrepreneuriat est très valorisé dans la société en France (34 dont 6) ; d’ailleurs les entrepreneurs bénéficient d’un soutien suffisant en cas d’échec (peu le pensent, 15 dont 4). enfin, l’item “les politiques publiques actuelles encouragent l’entrepreneuriat en France” ne recueillent que 35% d’avis favorable dont 6 tout à fait d’accord.

 

♦ Le ressenti des chefs d’entreprise comparé à la moyenne et aux autres populations.

Le propos avec le plus d’écart est “Il faut devenir son propre patron pour ne pas se faire exploiter” (57% vs 49 en moyenne pour les autres populations) ; c’est aussi le propos des CSP- (55) et des moins de 35 ans (52). Il est suivi de “aujourd’hui, n’importe qui peut entreprendre” (53 vs 48) ; mais c’est aussi largement le propos des CSP+ et -, des moins de 36 ans et des hommes. Cet item est complété par “Il suffit d’une bonne idée pour se lancer” (45 vs 46) ; et et dans le même registre “Il est préférable d’avoir de l’expérience pour lancer son entreprise” , ce propos est plutôt dénié par les chefs d’entreprise : 74 vs 83).

 

Les chefs d’entreprise sont aussi plus septiques sur l’apport des entrepreneurs à la société, sur l’appui offert de la société et des Pouvoirs Publics (les moins de 35 ans y croient plus) et sur “la principale motivation est de gagner de l’argent (30 vs 49).

 

Pour en savoir davantage : https://www.axtom.eu/etude-axtom-ifop-entrepreneuriat-2024/