Quelques compléments sur les créations d’entreprise en 2023.


"LA CRÉATION D’ENTREPRISE EN FRANCE en 2023", Bpifrance, note d'analyse, avril 2024

Source : données brutes (non corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrés) du Système d’information de la démographie des entreprises (Side), et sur les données du Code officiel géographique (COG), du recensement de la population (RP) et des Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), mises à disposition par l’Insee. 

Définitions :

– Calcul du taux de croissance annuel moyen (TCAM) : il représente le taux d’évolution moyen par an sur une durée de n années.

– Le taux de renouvellement correspond au rapport du nombre de créations d’entreprises sur le nombre d’entreprises existantes dans un territoire, tandis que la création pour 10 000 habitants s’obtient en rapportant le nombre de créations à la population principale d’un territoire. 

– La définition des créations d’entreprises s’appuie sur les concepts harmonisés au niveau européen. Elles correspondent aux nouvelles immatriculations relevant de l’un des cas suivants : création de nouveaux moyens de production, redémarrage d’une activité après une interruption de plus d’un an, redémarrage d’une activité après une interruption de moins d’un an, mais avec changement d’activité, reprise par une entreprise nouvelle des activités d’une autre entreprise s’il n’y a pas continuité entre la situation du cédant et celle du repreneur, en termes d’activité et de localisation.

 

L’étude est particulièrement intéressante pour situer l’évolution d’activités en forte croissance ou en décroissance et par ailleurs en ce qui concerne l’approche des différents types de territoire.

 

Rappel : 1 051 476 immatriculations nouvelles en 2023, en recul de 1% par rapport à 2022, retrouvant son niveau de 2021. 

⇒ Les créations par activités : 

Rappel : les activités scientifiques et techniques, les activités de soutien aux entreprises et le commerce de détail sont les premiers secteurs en nombre de créations d’entreprises avec 370 000 entreprises créées (35% des immatriculations de l’année).
Les activités de soutien aux entreprises (intégrant les entreprises de travail temporaire) sont le plus grand contributeur positif à la dynamique entrepreneuriale de l’année (+ 1,3 point de pourcentage), alors que les activités scientifiques et techniques, de loin le principal secteur en nombre de créations, connait une contribution négative (- 1,5 point). Le commerce de détail progresse de 0,4 point, mais numéro deux en 2022, la construction rétrograde à la quatrième position en nombre de créations d’entreprises et connait la plus forte contribution négative (- 0,7 point), autant que le commerce de gros qui a connu une forte baisse (- 24%).

J’ai retenu de cette étude des zooms sur quelque tableaux qui explicitent les évolutions des activités dans le champ des créations d’entreprise. les données détaillées par activité figurent déjà dans mes publications antérieures.

 

♦ Les 20 activités les plus nombreuses : 

12 concernent des services dont 6 des services aux entreprises (dont l’informatique), 4 des services aux personnes et 2 des activités financières et immobilières. Par ailleurs 3 sont le fait du commerce (surtout de l’E-commerce) et 2 le fait des transports (livraison à domicile et taxis). Ce sont essentiellement des activités relativement nouvelles et/ou en nette croissance dans  notre économie .

 

♦ Les 20 activités le plus en croissance : 

Les services aux entreprises (dont l’informatique) concernent 11 activités des 20 citées, confortant ce qui vient d’être dit dans la paragraphe précédent. On y retrouve aussi l’E-commerce et deux activités nouvelles d’actualité, la production d’électricité et l’hébergement de type gites ou Airbnb.

 

♦ Les activités en décroissance : 

Sans surprise, on y retrouve des activités “traditionnelles” comme le commerce, “l’industri”e ou la santé et l’action sociale (activités en crise), mais dans des activités fines ou des activités qui ont fortement cru dans un passé récent et en repositionnement (activités financières, immobilières, construction de maisons individuelles).  

⇒Une approche par type d’espace.

♦ Les régions : les différences sont peu importantes en ce qui concerne les évolutions 2022-2023 : entre -3,9 et +1,5, à l’exception de l’Ile-de-France, de la Corse en situation plus favorable et de Paca en situation la moins favorable à comparer à la moyenne métropolitaine hors Ile-de- France de -2,4%).

Elles le sont encore moins pour le taux de croissance annuel moyen (entre +5,2 et +6,7) en excluant comme précédemment l’Ile-de-France et la Corse, à comparer à la moyenne métropolitaine France hoirs Ile-de France de 6%).

Par contre, elles sont un peu plus signifiantes en ce qui concerne le taux de renouvellement et plus encore la densité pour 10 000 habitants.

Noter enfin le décalage avec les départements des Drom qui doivent être analysés en tant que Drom et non comparés à la France métropolitaine.

 

♦ Attractivité des zones urbaines : locomotives des créations d’entreprises en France ces 10 dernières années, les zones urbaines (denses surtout) ont contribué à la baisse des créations même si elles représentent toujours 85% de la création totale en 2023.
 
Les 22 métropoles françaises concentrent 41% de la création d’entreprise en 2023 (37% en 2012), une part constante depuis 2021. L’évolution y est moins favorable (-1,2% de créations en 2023 par rapport à 2022 vs -0,8% en dehors). La création d’entreprise est en baisse dans 19 métropoles. 

 

♦ Attractivité des départements : si la création d’entreprise a augmenté dans tous les départements en 2021, l’année 2022 a marqué le pas avec des créations en baisse dans 30 départements. Cette tendance se confirme en 2023 avec une baisse dans 53 départements, certains ayant connu une forte croissance sur les 10 dernières années.

De façon générale, la création d’entreprise est en baisse dans les départements du Nord, de la Côte Atlantique et du Sud-Est, tandis qu’elle reste dynamique dans le Bassin parisien et à l’est de celui-ci, ainsi que sur une grande partie de l’ex-Lorraine et au sud du Massif central.
L’étude propose un tableau récapitulatif des données par départements y compris pour les zones aidées.

 

La dynamique entrepreneuriale n’est positive que dans 47 départements ; elle n’est en accélération par rapport à la tendance de long terme que dans 7 d’entre eux (Creuse, Meuse, Lozère, Charente, Meurthe-et-Moselle, Haute-Corse et Guyane), ce qui correspond à un rattrapage puisque leurs taux de croissance sont inférieurs à celui de la France. Dans les 40 autres départements où la création d’entreprise est en hausse, le rythme d’évolution reste inférieur à celui des 10 dernières années. 

 

♦ Attractivité des territoires « aidés » : en 2023, 422 522 entreprises ont été créées dans les territoires « aidés », soit 4 créations sur 10 de l’année. Ces territoires recensent près de la moitié de la population Française, mais le nombre de création par tête y est plus bas qu’ailleurs (131 créations pour 10 000 habitants contre 181 sur les territoires « non aidés »). Le taux de renouvellement y est aussi moins élevé (172 créations pour 1 000 entreprises contre 189 pour les « non aidés »). Toutefois, les territoires « aidés » ont connu une baisse légèrement plus modeste que sur le reste du territoire (- 0,7% vs – 1,2%).

 

* Les zones d’aide à finalité régionale (AFR) concentrent le plus grand nombre de créations en 2023 (289 662 immatriculations, plus du quart de la création d’entreprise contre près d’1/3 de la population française vivant dans ces zones). La densité y est plus faible (133 pour 10 000 habitants) que celle des territoires « non aidés ». Même dans les communes classées « Action cœur de ville », où le poids de la création (11% de la création totale) équivaut à celui
dans la population (11% de la population habitent dans les ACV), la densité par habitant (149 pour 10 000habitants) reste inférieure à celle des territoires « non aidés », mais relativement proche de celle de la France tous territoires confondus (157).

 

* En ce qui concerne les Quartiers prioritaires de la politique de la ville, les données datent de 2021 (dernière année disponible) et se basent sur l’établissement et non l’unité légale, ce qui rend difficile la comparaison avec les autres types de territoires. 

En 2021, 86 432 établissements y ont été créés (8% des nouveaux établissements). La Seine-Saint-Denis concentre à elle seule 16% du total de ces créations en QPV, devant les Bouches-du-Rhône (8%), le Nord (7%), le Val-d’Oise (5%) et Paris (4%). La part de la création en QPV est très élevée dans tous ces départements, sauf à Paris ; elle représente 35% de la création d’établissement en Seine-Saint-Denis, 17% dans le Nord, 16% dans le Val-d’Oise, 15% dans les Bouches-du-Rhône, et seulement 4% à Paris. 

Avec un stock de 309 362 établissements installés dans les QPV en France en 2021, le taux de renouvellement des établissements en QPV est de 279‰, un taux largement supérieur à celui de la France tous territoires confondus (181‰). La densité est de 167 établissements pour 10 000 habitants, un chiffre qui dépasse en 2023 celui de la France entière (157).

 

* Les ZRR : 120 074 entreprises y ont été créées (un peu plus de 1 création sur 10). La création d’entreprise y progresse en un an de + 0,6%, faisant mieux que la moyenne nationale (- 1%) ; toutefois, l’évolution est bien plus faible que les +4,6% de croissance constatée en moyenne par an de 2012 à 2022.

 

* Attractivité des PVD (« Petites villes de demain ») : en 2022, 82 885 entreprises ont été créées dans les communes bénéficiant du programme PVD (8% de la création d’entreprise). Les PVD représentent plus de 30% de la création annuelle dans 5 départements (le Gers, la Haute-Loire, la Manche, la Lozère et le Cantal), alors que pour la moitié des départements, elles représentent moins de 13% de la création totale. Tous les départements comptent des PVD à l’exception de Paris et de sa petite couronne.
La création d’entreprise y a baissé de 0,4% entre 2022 et 2023, vs +4,8% en moyenne par an entre 2012 et 2022. La création d’entreprise est en croissance dans 47 départements, mais en recul dans 50 départements. 

 

Pour en savoir davantage : https://bpifrance-creation.fr/observatoire/actualites/analyse-creation-dentreprise-2023