Immigration : données sur les primo-arrivants et sur les descendants d’immigrés.


"Immigrés et descendants d’immigrés en France", Insee Références Édition 2023, avril 2023

Source : une édition annuelle de l’Insee sur les immigrés (198 pages)

 

Les primo-arrivants hommes, comme les descendants d’immigrés et les Français de souche sont largement en emploi (autour de 70%).  

⇒ Quelques données chiffrées

La population de la France chiffre 67,6 Millions dont 7 millions la population immigrée (dont 2,5 millions naturalisés Français), 0,8 million d’étrangers nés en France  et 1,7 million de personnes nées Françaises à l’étranger. 

Parmi les 7 million d’immigrés, la moitié vient d’Afrique : 2,038 millions viennent du Maghreb (29%), 1,272 million d’Afrique sub-saharienne (18%) ; par ailleurs, les autres immigrés sont  2,304 millions en provenance d’Europe (33%) dont 1,130 million d’Europe du sud (16%), puis 0,945 million d’Asie (13,5%), et 0,404 million d’Amérique et Océanie (6%). 

 

En 2019, 385 000 personnes sont entrées en France. Parmi elles, 90 000 sont nées en France, 23 000 sont nées Françaises à l’étranger et 272 000 sont immigrées, dont 112 000 d’Afrique, 90 000 d’Europe, 41 000 d’Asie et 30 000 d’Amérique ou d’Océanie.

Leur âge médian est de 25 ans ; les hommes sont 51% : les diplômés du supérieur 50% (intégrant les étudiants) et les sans diplôme 19%. 

 

A titre de comparaison, en 2019, 254 000 étrangers sont entrés en France, 265 000 en Italie, 603 000 au Royaume‑Uni, 666 000 en Espagne et 727 000 en Allemagne.

Sur 3,452 millions de titres de séjour en vigueur au 31 décembre 2021, 36% ont un motif familial, 26% un renouvellement de plein droit, 14% un motif humanitaire, 8% un motif économique,  7% des étudiants.

⇒ Les primo-arrivants

Les immigrés ayant obtenu un titre de séjour pour étudier en France sont exclus du champ de cette étude. Parmi les primo‑arrivants ayant obtenu un titre pour un motif économique, humanitaire ou familial, 8% des hommes et 10% des femmes poursuivent des études un an après l’obtention de leur premier titre de séjour ; une majorité d’entre eux (68% des hommes, 75% des femmes) suivaient des études avant de quitter leur dernier pays de résidence. 

 

En 2019, 73% des hommes primo‑arrivants de 18 à 65 ans ayant obtenu un premier titre de séjour pour motif familial, humanitaire ou économique en 2018 déclarent occuper un emploi, contre 37% des femmes. 

 

*Les hommes sont en grande majorité en emploi à temps plein (60%) et plus rarement à temps partiel ou exerçant un « petit boulot » (13%). La part de femmes en emploi à temps complet est de 20% ; 16% travaillent à temps partiel ou font des « petits boulots » ; elles sont bien plus souvent inactives (hors étudiantes) que les hommes (37% contre 4).

L’emploi à temps complet est majoritaire pour les hommes, compris entre 55% pour les primo‑arrivants originaires d’Afrique hors Maghreb et 62% pour ceux originaires d’Asie ou du Maghreb.

 

*Noter qu’un an après la délivrance de leur titre de séjour, les personnes admises pour motif économique occupent très souvent un emploi (92% pour les femmes, 95% pour les hommes), la plupart du temps à temps plein (79% pour les femmes, 90% pour les hommes) : une partie des titres délivrés pour motif économique est en effet conditionnée par l’obtention préalable d’une autorisation de travail.

 

*À l’obtention de leur premier titre de séjour, 31% des primo‑arrivants sont en France depuis moins de 2 ans et près de la moitié depuis au moins 4 ans, dont 15% depuis au moins 9 ans. Le travail en temps complet pour les hommes augmente avec l’ancienneté de leur présence sur le territoire au moment où est délivré leur titre de séjour. 

 

Les femmes primo‑arrivantes sont plus diplômées que leurs homologues masculins : 37% détiennent un diplôme du supérieur (11 points de plus que les hommes) ; 23% n’ont pas de diplôme, contre 31% pour les hommes. Pourtant, les femmes primo‑arrivantes sont moins souvent en emploi à temps complet que les hommes.
Parmi les personnes originaires de l’ensemble Amérique-Océanie-Europe, 51% des femmes sont titulaires d’un diplôme universitaire, contre 43% des hommes.

 

*Pour les hommes, l’emploi est la situation la plus fréquente quel que soit le niveau de diplôme ; un haut niveau de diplôme ne donne pas significativement plus de chances d’être en emploi. 

 

*Les motifs familiaux sont majoritaires et représentent 74% des premiers titres délivrés aux femmes primo‑arrivantes et 47% de ceux délivrés aux hommes. Ces derniers sont plus souvent admis pour motif économique (29%, contre 9% des femmes). Un an après la délivrance de leur titre de séjour, les personnes admises pour motif économique occupent très souvent un emploi (92% pour les femmes, 95% pour les hommes), la plupart du temps à temps plein (79% pour les femmes, 90% pour les hommes) : une partie des titres délivrés pour motif économique est en effet conditionnée par l’obtention préalable d’une autorisation de travail, donc délivrée à des personnes ayant déjà obtenu un emploi.

 

18% des femmes admises pour motif familial ont eu un enfant durant leur première année en France, contre 3% des femmes admises pour motif économique. Les personnes admises pour motif économique sont en grande majorité sans enfant et vivent sans conjoint.

*Les immigrés vivant en France en 2021 et ayant terminé leurs études initiales ont, dans l’ensemble, des niveaux de diplôme moins élevés que l’ensemble de la population : 38% des immigrés âgés de 30 à 64 ans n’ont aucun diplôme (ou au plus un brevet des collèges ou équivalent), contre 16% des personnes non immigrées. Cependant, les immigrés sont aussi souvent diplômés de l’enseignement supérieur long (bac+3 ou plus, 24%) que les non‑immigrés (25%).

 

Comme dans l’ensemble de la population, le niveau de diplôme des immigrés augmente au fil des générations. Parmi les immigrés vivant en France en 2021, 31% de ceux âgés de 30 à 39 ans n’ont aucun diplôme et 43% possèdent un diplôme de l’enseignement supérieur, contre respectivement 44% et 25% de ceux âgés de 50 à 64 ans.

Plus de la moitié des immigrés européens hors Europe du Sud possèdent un diplôme de l’enseignement supérieur vs 19% des immigrés originaires d’Europe du Sud.

Les immigrés originaires de Turquie ou du Moyen‑Orient, du Maghreb sont également plus nombreux à n’avoir aucun diplôme.

⇒ Les descendants d’immigrés

*Les niveaux de diplôme des descendants d’immigrés sont très proches de ceux de la population ni immigrée ni descendante d’immigrés (“Français de souche”). Ainsi, 38% des descendants d’immigrés âgés de 30 à 64 ans possèdent un diplôme de l’enseignement supérieur, ce qui est le cas de 40% de ceux dont un seul des parents est immigré et de 41% de la population sans ascendance migratoire. 

 

En 2021, 70% des descendants d’immigrés sortis de formation initiale depuis 1 à 10 ans sont en emploi au sens du BIT (vs 79% pour les Français de souche) ; ce taux d’emploi varie nettement : il est de 64% pour les descendants d’immigrés d’origine africaine, de 74% pour ceux d’origine asiatique, et de 80% pour ceux d’origine européenne, semblable aux Français de souche.

 

*Il s’agit principalement d’emplois à durée indéterminée (70%), notamment parmi les titulaires d’un diplôme de niveau bac+2 ou plus (75% pour ceux ayant origines Européennes vs 67%  ceux ceux d’origine Africaine. Par ailleurs, les descendants d’immigrés sont 18% à occuper un CDD (31% pour ceux ayant au plus le brevet des collèges), et 3% sont en alternance ou en stage (jusqu’à 10% pour ceux peu ou pas diplômés) ; ces taux sont très proches de ceux des sortants ni immigrés ni descendants d’immigrés.

 

En 2021, 15% des descendants d’immigrés travaillent à temps partiel. 

En 2021, le taux des descendants d’immigrés est plus élevé que celui des sortants sans ascendance migratoire directe (17% contre 11 et 12% pour les descendants d’immigrés actifs et diplômés de niveau bac+2 ou plus, vs 6 pour leurs homologues Français de souche.

⇒ Une comparaison des Immigrés, des descendants d’immigrés et des Français de souche

♦ En termes de CSP

-8% des descendants d’immigrés sont indépendants (4-5% pour les diplômes inférieurs au bac, 9% pour les bac +2 et plus vs 9 pour les non immigrés dont 5-6 pour les diplômes inférieurs au bac, et 11pour les bac +2 et plus).

 

Les immigrés d’Asie et d’Europe sont plus souvent indépendants (20 et 18%) que les Français de souche (13%) ; par contre, la situation descendants d’immigrés est proche de celle des Français de souche.

-En 2019‑2020, parmi les salariés de 18 à 59 ans, les immigrés sont moins nombreux à déclarer avoir eu une promotion dans leur emploi actuel au cours des 5 dernières années : 22% en ont bénéficié (mais 40% pour ceux d’Italie et Espagne, vs 16% pour ceux de Chine et 17% ceux d’Afrique hors Maghreb), contre 29% les descendants d’immigrés (mais 19% ceux d’Afrique hors Maghreb) et 34% les Français de souche.

Le niveau de diplôme, s’il est favorable à la promotion des immigrés (35% pour ceux ayant un bac +3 vs 10-18% pour ceux de niveau CAP-BEP), est toutefois en décalage avec les Français de souche (45 et 20-27%).

Les immigrés se déclarent aussi plus souvent en situation de déclassement.

Les immigrés de l’Union européenne à 27 pays sont plus nombreux à avoir été promus que les ressortissants d’autres pays : 4 sur 10 immigrés d’Espagne ou d’Italie l’ont été, contre moins d’1 sur 5 immigrés originaires de Chine ou d’Afrique hors Maghreb. Les immigrés de l’UE27 sont également moins nombreux à se déclarer en situation de déclassement.

Les décalages s’expliquent principalement par la maîtrise de la langue, les difficultés administratives pour accéder à l’emploi et la reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger. 

Quelle que soit l’ascendance migratoire, les promotions sont plus fréquentes si le niveau de formation initiale est plus élevé. Le sentiment de déclassement est plus élevé pour les personnes les plus diplômées : plus d’1/3 des immigrés diplômés d’un bac+1 ou bac+2 occupe ou occupait un emploi en deçà de ses compétences, contre 1/4 des Français de souche détenant le même diplôme.

Parmi les salariés en emploi depuis au moins 5 ans, les immigrés demeurent moins nombreux à être promus et les immigrés comme les descendants d’immigrés sont plus nombreux à se sentir en situation de déclassement.

 

-Leur localisation

 

*Les immigrés résident fréquemment dans les grandes agglomérations urbaines, en particulier en Île‑de‑France : en moyenne en 2020 et 2021, 20% de la population parisienne est immigrée, et 32% de la population de Seine‑Saint‑Denis (contre 10% de la population en France hors Mayotte). Dans le Rhône (agglomération lyonnaise) et dans les Bouches‑du‑Rhône (agglomération marseillaise), respectivement 13% et 11% de la population est immigrée. Depuis les années 1990, la part de la population immigrée augmente dans certains territoires ruraux, avec l’arrivée de retraités du nord de l’Europe, d’actifs européens venus travailler dans l’agriculture et le bâtiment, et plus récemment, de personnes du Moyen‑Orient, d’Asie et d’Afrique.

 

Dans les départements frontaliers, la part des immigrés est supérieure au niveau national : notamment dans le Bas‑Rhin et le Haut‑Rhin à la frontière allemande, dans l’Ain et la Haute‑Savoie à la frontière suisse, dans les Pyrénées‑Orientales et en Haute‑Garonne à la frontière espagnole, dans les Alpes‑Maritimes à la frontière italienne et en Guyane, située entre le Brésil et le Surinam. À l’inverse, dans les départements du nord‑ouest et du centre de la France, la part d’immigrés est plus faible.

 

*La moitié de la population immigrée réside dans 13 départements, contre 23 pour la moitié de la population dans son ensemble. À l’image des immigrés, la population des descendants d’immigrés est également lus concentrée que la population dans son ensemble : en moyenne sur 2020 et 2021, 12 départements regroupent la moitié des descendants d’immigrés. Ils représentent 11% de la population en France, mais 21% en Moselle et 14% dans l’Aude et la Drôme. 

 

*La répartition territoriale de la population immigrée et descendante d’immigrés diffère selon l’origine migratoire : alors que les immigrés et descendants d’immigrés d’origine portugaise et africaine vivent principalement en Île‑de‑France, les immigrés italiens et leurs descendants habitent fréquemment à proximité de la frontière italienne (région Paca), de même que les immigrés espagnols et leurs descendants à la frontière espagnole (région Occitanie). Les immigrés et descendants d’immigrés d’origine maghrébine sont davantage présents dans le sillon rhodanien et en région Paca.

 

Pour en savoir davantage :  https://www.insee.fr/fr/statistiques/6793391