MÉTHODOLOGIE : sur la base du fichier consulaire francilien mis à jour en cours du second semestre 2022, le Crocis (l’Observatoire économique régional de la CCI Paris Ile-de-France) a procédé en novembre 2022 à une estimation fine du nombre d’entreprises dont le dirigeant est âgé de 55 ans ou plus. Ces chiffres ont ensuite été redressés grâce aux données présentes dans le fichier Siren de l’Insee, daté du 31 décembre 2021.
Enfin une étude sur la reprise d’entreprises qui affirme que les entreprises susceptibles de transmission ne seront pas toutes transmises et que l’offre de repreneurs n’est le plus souvent pas en phase avec l’offre des cédants.
⇒ Les entreprises potentiellement à reprendre
♦ Le nombre d’entreprises et d’emplois susceptibles d’être concernés :
-En termes de taille, 413 000 entreprises de moins de 50 salariés sont concernées, 1/3 ayant des salariés.
67% des entreprises susceptibles d’être reprises n’ont pas de salarié (79% pour l’ensemble des entreprises), 27,2% de 1 à 9 salariés, 5,1% entre 10 et 49 salariés et 0,7% au-delà.
-D’un point de vue sectoriel, la répartition des entreprises potentiellement à transmettre dans les 10 prochaines années est proche de celle de l’ensemble des entreprises : les entreprises de services sont les plus nombreuses (71%), viennent ensuite les commerces (15%), la construction (9,8%) et enfin l’industrie (4,2%).
Toutefois, la situation par activité diffère en ce qui concerne les tailles d’effectif : les services sont les plus nombreux à ne pas avoir de salarié (70,7% vs à l’opposé le commerce avec 54,9%), alors que l’industrie a à son actif plus souvent des 10 salariés et plus ( 12,7% des entreprises industrielles vs à l’opposé 5,3 dans le BTP et 5,7 dans les services.
♦ Si l’on observe la part des dirigeants dans les entreprises à reprendre au sein des moins de 50 salariés, ceux du commerce et des services sont les plus nombreux dans la tranche des 10-49 salariés (66 et 60,7%), vs 40 pour l’industrie et 55 pour la construction.
♦ Faute de repreneur, ce sont donc environ 80 700 salariés par an qui se trouveraient chaque année menacés par la disparition de leur entreprise.
En effet, la majorité des salariés travaillent dans des entreprises de services (504 300, soit 62,5% des emplois concernés), 165 400 emplois dans les commerces, 95 930 dans les entreprises de la construction et enfin 41 440 au sein d’entreprises industrielles, totalisant 807 000 emplois ; en prenant l’hypothèse d’un départ en retraite du dirigeant à l’âge de 65 ans, chaque année 80 700 emplois sont potentiellement menacés de disparaitre si ces entreprises ne sont pas reprises .
Noter dans la note que la répartition des emplois par taille n’est pas pertinente dans la mesure où pour chaque activité, le % de 1-9 salariés et celui de 10-49 salariés est le même pour chaque activité.
♦ Il existe une corrélation entre la taille de l’entreprise et l’âge du dirigeant : plus le nombre de salariés est élevé, plus la part de dirigeants de 55 ans ou plus, est forte.
Ainsi, 50% des entreprises industrielles franciliennes ayant entre 10 et 49 salariés seront à transmettre à court ou moyen terme, tandis que ce sera le cas pour seulement 21% pour les commerces n’ayant aucun salarié.
⇒ Mais toutes ces entreprises ne sont pas concernées par la recherche de repreneur
♦ Certaines seront reprises par un membre de la famille ou un employé, d’autres n’ont pas la capacité à générer un résultat supplémentaire pour rembourser la dette de reprise ; à cela s’ajoute parfois des freins liés à la localisation de l’entreprise.
♦ Le commerce constitue une problématique à part : il existe plus de commerces à céder que de repreneurs potentiels, cette tendance s’accentuant au fil des ans, les jeunes entrepreneurs préférant se tourner vers la création d’un e-commerce. Ce qui motive l’achat d’un commerce n’est pas forcément l’entreprise (le fond), mais plus souvent l’emplacement de la boutique.
♦ Pour les 6 050 entreprises franciliennes de 50 salariés ou plus, la problématique de la transmission est différente ; leur transmission est généralement résolue avant ou, plus rarement, au moment de la cessation d’activité du dirigeant, soit par une succession en interne, soit par l’arrivée d’un chef d’entreprise extérieur, qui bien souvent possède une expérience en tant que dirigeant ; ces entreprises, lorsqu’elles affichent une bonne santé économique, sont convoitées par de nombreux candidats à la reprise.
♦ La cessation d’activité du dirigeant ne constitue pas la cause unique de cession des entreprises : en Ile-de-France le départ en retraite ou son anticipation est à l’origine de 60% des transmissions d’entreprises.
♦ Il est par ailleurs communément admis qu’environ 60% des transmissions d’entreprises se font sur le « marché caché » (l’information que l’entreprise est à vendre n’est pas rendue publique) et 40% sur le « marché ouvert ». C’est au sein de ce marché caché que se réalisent les plus « belles » transactions. Les dirigeants d’entreprises privilégient le marché « caché » tant qu’ils le peuvent.
⇒ Le deal cédants et repreneurs potentiels
♦ La majorité des cédants sont des personnes en âge de préparer ou prendre leur retraite : 50% ont 60 ans ou plus et 58% des cessions sont motivées par la retraite du chef d’entreprise.
♦ Les repreneurs sont 5 à 10 plus nombreux que les cédants sur le marché « ouvert » ; la plupart des repreneurs cherchent le même profil d’entreprises : une entreprise de services en bonne santé, avec un chiffre d’affaires important et dont l’activité constitue une niche.
La réalité de l’offre est différente : il s’agit de structures beaucoup plus modestes exerçant dans des secteurs d’activité autres que ceux souhaités par les repreneurs. En effet, la plupart des repreneurs visent une entreprise ayant au minimum 10 salariés et réalisant plus d’1 million d’euros de chiffre d’affaires annuel, mais les entreprises ayant de telles caractéristiques représentent moins de 10% des offres disponibles sur le marché ouvert.
De plus, beaucoup d’entrepreneurs privilégient la création d’entreprise plutôt que la reprise d’une entreprise déjà existante.
De ces faits, nombre de cédants des entreprises les plus conséquentes en taille qui n’arrivent pas à vendre leur entreprise à la valeur souhaitée, préfèrent continuer leur activité en attendant une meilleure conjoncture.
Pour en savoir davantage : Panorama 2022 de la cession-reprise d’entreprises en… (cci-paris-idf.fr)