Quels sont les publics concernés par les contrats courts ?


"Les salariés en contrat court : des allers-retours plus fréquents entre emploi, chômage et inactivité ", Insee Première N° 1736, février 2019

4,5% des salariés sont en contrat court (moins de 3 mois dont la moitié d’une durée inférieure à un mois). Ces contrats sont en forte évolution et touchent toutes les tranches d’âge.

 

En 2017, en moyenne sur l’ensemble de l’année, 1,2 million de personnes âgées de 15 ans ou plus, qui sont en emploi au sens du BIT, occupent un contrat court, c’est-à-dire un contrat de moins de trois mois : 57% sont en CDD (hors apprentissage, contrat aidé, stage) et 43% effectuent une mission d’intérim. Près de la moitié des personnes en contrat court sont sur des contrats de moins d’un mois.

75% des embauches (hors intérim) réalisées sur une année se font en contrat court, dont 7,8% entre 1 et 3 mois, 58% un  CDD de moins d’un mois et 9% de moins d’un jour, alors que 13,9% sont embauchés en CDI et 11,3% en CDD de 3 mois et plus; rappelons qu’un même salarié peut être embauché plusieurs fois dans l’année, d’autant plus que le contrat est de courte duré.

 

⇒ Une nette hausse depuis 1982

 

4,5% des salariés sont en contrat court en 2017 (2,5% CDD et 1,9 en intérim court), une situation qui s’est amplifiée au fil du temps : 1% en 1982 (0,8% CDD et 0,2% intérim court), 3,6% en 2000 (2,2% CDD et 1 4% intérim court), entre 3,5 et 4,3% entre 2001 et 2010 (2 à 2,7% en CDD et 1,3 à 1,7% en intérim court).

 

⇒ Quels publics sont concernés ?

 

-En 2017, la part des contrats courts est plus élevée pour les ouvriers (10,6%, mais 22,4% chez les ouvriers non qualifiés de type industriel et 15,6% pour les ouvriers agricoles notamment en contrat saisonnier) et, dans une moindre mesure, pour les employés (5,5%, mais 7,3% pour ceux du commerce) alors qu’elle est beaucoup plus faible pour les cadres (1,5%, mais 16,8% pour les professions de l’information, des arts et des spectacles).

 

-Les contrats courts sont également plus fréquents parmi les personnes travaillant dans les secteurs pouvant recruter en CDD d’usage (spectacle, hôtellerie, restauration par exemple) : 16,8 % des personnes exerçant une profession de l’information, des arts et du spectacle sont ainsi en contrat court.

 

-Alors que les contrats courts concernaient spécifiquement les jeunes dans le début des années 80; ils sont désormais dans toutes les classes d’âge : en 1982, 61% des salariés en contrat court avaient moins de 25 ans, vs 39% en 2 000 et 27% en 2017.

En 2017, sont en contrat court, 27,1% des moins des 15-24 ans, 56,6% des 25-49 ans et 16,3% des 50 ans et plus. La majorité des jeunes en contrat court ont terminé leurs études initiales.

 

-Les femmes sont un peu moins souvent que les hommes en contrat court (46% des salariés en contrat court); elles représentent 58% des personnes en CDD court, mais seulement 30% des personnes en intérim court.

-Les salariés en contrat court sont plus souvent à temps partiel (en 2017, 29%, contre 19% pour l’ensemble des personnes occupant un emploi); le temps partiel de très faible quotité (moins d’un mi-temps) concerne 12% des salariés en contrat court, contre 4% des personnes occupant un emploi.

 

⇒ Ces publics sont demandeurs d’un emploi plus stable :

 

29% des salariés en contrat court (32% pour l’intérim court et 27% pour les CDD courts) souhaitent trouver un autre emploi, en remplacement ou en complément de leur emploi actuel. Les personnes en contrat court anticipent fréquemment la fin prochaine de leur contrat : 52% des personnes en contrat court souhaitant un autre emploi évoquent en premier lieu la recherche d’un emploi plus stable ou le risque de perdre leur emploi actuel, contre 16% pour l’ensemble des personnes occupant un emploi et en souhaitant un autre.

Vient ensuite le souhait d’augmenter ses revenus (18%), même si cette motivation est moins importante que pour l’ensemble des personnes occupant un emploi et en souhaite un autre (30%).

 

Malgré des conditions d’emploi globalement moins favorables, les salariés en contrat court sont plus nombreux que l’ensemble des CDD ou des missions d’intérim à déclarer avoir choisi ce type de contrat (34% contre 28). Notamment, la part des contrats courts « choisis » dépasse 60% pour les professions de l’information, des arts et des spectacles. Le caractère « choisi » du contrat peut être relatif : dans certains secteurs d’activité, l’offre d’emploi est fortement concentrée sur des contrats courts.

 

⇒ Que deviennent les titulaires de contrat court ?

 

Parmi les salariés en contrat court une semaine donnée en 2017, 25% ne sont plus en emploi trois mois plus tard : 15% se retrouvent au chômage et 10% deviennent inactifs. Par comparaison, parmi l’ensemble des personnes occupant un emploi à une date donnée, 4% sont sans emploi trois mois plus tard.

Les jeunes en contrat court basculent plus souvent vers l’inactivité, notamment parce qu’une partie d’entre eux reprend ou poursuit ses études.

 

Ces transitions fréquentes entre emploi en contrat court, chômage et inactivité se traduisent par un taux d’inscription à Pôle emploi plus élevé : 55% des personnes en contrat court y sont inscrites, contre 40% des personnes en CDD ou en intérim et 7% de l’ensemble des personnes occupant un emploi.

 

Parmi les personnes en contrat court, les réembauches et renouvellements de contrats chez le même employeur sont fréquents : 60% d’entre elles travaillent encore dans la même entreprise trois mois plus tard; cette situation est plus répandue pour les salariés les plus âgés, en particulier pour les femmes de 50 ans ou plus et pour les professions de l’information, des arts et des spectacles.

La moitié sont en emploi continu, 36% touchés fréquemment par le chômage et 14% dans une logique de petits boulots ou activités d’appoint.

Les femmes comme les jeunes et les plus de 50 ans sont plus souvent dans des petits boulots ou des activités d’appoint.

⇒ Des situations souvent précaires

 

En 2016, environ 17% des salariés en contrat court au 4e trimestre 2016 vivent dans un ménage en situation de pauvreté monétaire, contre 15% de l’ensemble des salariés en CDD ou mission d’intérim et 8% des personnes qui occupent un emploi; à titre de comparaison, le taux de pauvreté des chômeurs est de 38%; le risque de pauvreté est accru lorsqu’ils sont seuls à travailler dans leur ménage (40% des salariés en contrat court, et un taux de pauvreté de 31%, contre 25% pour l’ensemble des salariés en CDD ou mission d’intérim dans la même situation familiale).

Lorsqu’ils vivent dans un ménage où une autre personne au moins travaille, leur taux de pauvreté est quatre fois plus faible (7%) et proche de celui de l’ensemble des personnes en CDD ou en mission d’intérim dans la même situation (6%).

 

Lire l’article : https://insee.fr/fr/statistiques/3712196