Méthodologie : enquête sine 2014-2017
Les autoentrepreneurs se différencient assez nettement selon qu’ils créent en activité principale ou à titre de complément, tant en ce qui concerne les activités créées que ce qui a trait à leur profil.
Rappelons qu’en 2014, un créateur sur deux est un auto-entrepreneur, mais que 60% seulement exerceront leur activité.
Tous secteurs d’activité confondus, les chances de débuter une activité sont plus grandes en province (61%) qu’en Île-de-France (55%). L’écart est très net dans certaines activités comme le commerce (12 points), la construction ou l’enseignement (7 à 8 points) ; en revanche, il est peu marqué dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques ou la santé humaine et l’action sociale.
♦ 54 % des auto-entrepreneurs qui démarrent en font leur activité principale :
Ceux qui exercent plutôt en activité principale sont localisés dans les activités les plus classiques et “physiques” telles le commerce, la construction, les services aux particuliers, les HCR et les transports; ce sont aussi les activités qui demandent le plus d’investissements. A l’inverse ceux qui ont choisi une activité complémentaire sont dans des activités plus intellectuelles et sollicitant peu d’investissement telles le service aux entreprises, l’informatique, la santé, l’enseignement ou les activités artistiques.
Pour les auto-entrepreneurs qui se lancent en activité principale, 6% exercent une autre activité rémunérée en 2014, contre 71% de ceux démarrant en activité de complément. De plus, 54% déclarent qu’ils n’auraient pas créé une entreprise sans ce régime, contre 71% de ceux débutant en activité de complément.
♦ Un régime qui se féminise progressivement
Entre 2010 et 2014, la part des femmes dans les immatriculations a augmenté de 34 à 37%, comme pour les créations d’entreprises individuelles classiques (34 à 38%). Elles démarrent plus souvent leur activité (67%) que les hommes (56%). En revanche, le fait d’exercer une activité principale ou de complément n’est pas différencié selon le sexe.
Les femmes sont quasiment absentes du secteur de la construction (2% des immatriculations en 2014), très minoritaires dans celui de l’information-communication (19%), mais largement majoritaires dans la santé humaine-action sociale (78%) et les autres services aux ménages (60%). Pour les créateurs d’entreprises individuelles classiques de 2014, le taux de féminisation de ces deux secteurs est respectivement de 65 et 58%.
♦ L’âge, l’expérience et le diplôme favorisent le démarrage, plutôt en activité de complément
Âgés de 38 ans en moyenne à l’immatriculation, les auto-entrepreneurs de la génération 2014 sont légèrement plus jeunes que leurs prédécesseurs de 2010 ou que les créateurs individuels classiques de 2014 (39 ans).
Les moins de 40 ans sont plus présents parmi les auto-entrepreneurs que les 40-49 ans et surtout que les plus de 50 ans (30% vs 21,5, puis 12 à 7%); les moins de 30 ans étaient moins nombreux en 2010 (27%); ils sont aussi plus nombreux que les entrepreneurs classiques individuels (25%), le fait de la présence des étudiants ?
Seuls les plus de 60 ans se démarquent en choisissant bien plus une activité de complément (66,3% vs 41,8 à 45,6 pour les autres tranches d’âge).
Ceux sans diplôme qualifiant ont le taux de démarrage le plus faible (51,6% vs 59 et même 64% pour les bac +2 et au-delà), mais choisissent davantage quand ils deviennent actifs, une activité à titre principal (66 et pour les CAP 60 vs 46 à 52% pour les autres niveaux de diplôme), exerçant principalement dans le commerce et la construction. Les diplômés du supérieur réussissent mieux à passer le cap du démarrage (65%); ils s’orientent davantage vers le secteur plus porteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques.
Les nouveaux inscrits de 2014 sont plus souvent qu’en 2010 des diplômés du supérieur, de deuxième ou troisième cycle (29% après 24).
En termes d’expériences professionnelles, les moins expérimentés ont les taux les plus faibles de démarrage, mais les taux les plus élevés d’activité à titre principal; à l’inverse, les plus expérimentés (au moins 10 ans) ont de fort taux de démarrage et choisissent plus souvent une activité complémentaire.
Ainsi, avec l’âge, l’expérience, les diplômes, les auto-entrepreneurs débutent plus facilement une activité, laquelle leur fournit un revenu d’appoint dans la plupart des cas. À l’inverse, les plus jeunes, les moins expérimentés ou diplômés deviennent moins souvent actifs, mais il s’agit alors généralement d’assurer leur propre emploi.
♦ Surtout des chômeurs et des salariés du privé
À l’inscription en 2014, les auto-entrepreneurs sont essentiellement des salariés du privé (38%) et des chômeurs (28%), loin devant les personnes sans activité professionnelle (15% dont 5% de retraités). Les auto-entrepreneurs devenus actifs présentent presque le même profil.
Ceux qui font de leur projet leur activité principale sont plus fréquemment des chômeurs (42%) et moins souvent des salariés du privé (24%). Les proportions s’inversent pour une activité de complément, avec seulement 14% de chômeurs contre 52% de salariés du privé.
Ainsi, 2 catégories se distinguent : l’une cherche à assurer son propre emploi alors que l’autre cherche avant tout un complément de revenu. Le profil des auto-entrepreneurs démarrant en activité principale ressemble davantage à celui des créateurs individuels classiques qu’à celui des auto-entrepreneurs en activité de complément.
♦ Un investissement initial faible, voire nul
À leur immatriculation en 2014, 50% des auto-entrepreneurs n’ont rien investi pour monter leur projet (5 points de plus que pour la génération 2010). De manière générale, les moyens investis sont plus modestes en 2014 qu’en 2010, aussi bien pour les auto-entrepreneurs que pour les créateurs individuels classiques.
Les auto-entrepreneurs en activité principale engagent davantage de moyens financiers que pour une activité de complément : en 2014, 18% des premiers ont investi au moins 4 000€ contre seulement 7% des seconds ; inversement, seuls 39 % des premiers avaient un capital nul contre 55 % des seconds.
Les secteurs où la mise de fonds est le plus souvent nulle (l’enseignement, l’information-communication ainsi que les activités spécialisées, scientifiques et techniques) sont plus propices à fournir un revenu d’appoint.
♦ Des projets plus souvent “aidés” qu’en 2010
Plus d’un tiers des auto-entrepreneurs inscrits en 2014 a bénéficié d’un dispositif d’aide publique (6 points de plus que pour la génération 2010) : 34% des auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 ont eu recours à l’Accre (après 28% en 2010) et 44% des créateurs individuels classiques. Parmi les auto-entrepreneurs ainsi aidés, 69% sont devenus actifs (contre 55% des autres) et les trois quarts d’entre eux exercent alors en activité principale.
♦ Une clientèle essentiellement locale
Parmi les projets concrétisés en 2014, 62% s’adressent à une clientèle locale ou de proximité. Les auto-entrepreneurs en activité de complément ont une clientèle moins nombreuse que ceux en activité principale, qui eux-mêmes touchent un nombre plus restreint de clients que les créateurs d’entreprises individuelles classiques. Ainsi, parmi les auto-entrepreneurs en activité de complément, 41% ont un seul ou deux clients contre seulement 27% de ceux exerçant en activité principale et 13% des créateurs individuels classiques.
À l’opposé, les projets qui atteignent plus d’une dizaine de clients représentent moins d’un auto-entrepreneur sur quatre en activité de complément, mais plus d’un sur trois en activité principale, et six sur dix parmi les créateurs individuels classiques.
♦ Des auto-entrepreneurs encore timides sur la « Toile »
En 2014, comme en 2010, seule une minorité d’auto-entrepreneurs tire pleinement parti des ressources offertes par Internet et les réseaux sociaux pour leur activité : six auto-entrepreneurs actifs sur dix n’utilisent jamais les réseaux sociaux et n’ont pas de site internet consacré à leur activité ; ceux qui démarrent en activité de complément sont 65% dans ce cas contre 57% en activité principale. La situation est similaire pour les créateurs d’entreprises individuelles classiques, dont 61% sont absents à la fois d’Internet et des réseaux sociaux.
https://www.insee.fr/fr/statistiques/4189659?sommaire=2662841