Ce séminaire annuel s’est inscrit dans le prolongement du rapport produit en 2010 sous le triple timbre du CAE, de la Datar et de l’Académie des technologies sous le titre : Créativité et innovation dans les territoires. Il a cherché à répondre à la question où en sommes-nous aujourd’hui en matière de dynamiques territoriales et de dynamiques d’innovation ?
Les métropoles (aires urbaines de plus de 500 000 habitants), constituent des acteurs essentiels des régions. Or les dernières années ont connu un phénomène nouveau : la métropolisation croissante des activités. S’interroger sur le rôle des métropoles dans les dynamiques d’innovation est alors nécessaire.
On observe alors, entre les régions, des redistributions de revenu, dans lesquelles les régions « riches » (en PIB) vont financer les régions « pauvres » en PIB, ce qui se traduit par des disparités interrégionales croissantes en matière de PIB par habitant et des disparités moins marquées entre les régions en termes de revenu par habitant.
La prise en compte de cette démarcation entre richesses créées (PIB) et revenu conduit à souligner une nécessaire distinction entre le lieu où les richesses sont créées et celui où elles sont dépensées. Il faut être attentif au fait que la dynamique territoriale s’appuie sur quatre leviers (travaux de Laurent Davezies, repris par Vincent Pacini) :
– le levier productif (exporté, source d’emplois et de revenus locaux) représente environ 16% des revenus d’un territoire ;
– le levier présentiel (revenus de production liés à la consommation sur place) 15 à 20% des revenus ;
– le levier résidentiel (habitants dont retraités, touristes, navetteurs : ce sont des revenus captifs) environ 48% des revenus d’un territoire ;
– l’amortisseur social public des transferts sociaux au tertiaire non marchand environ 16% des revenus d’un territoire.
Les métropoles captent les créations d’emplois tandis que les territoires périphériques “décrochent” ». Ces métropoles représentent aujourd’hui :
– près de 46% des emplois ;
– plus d’emplois à potentiel que les autres (cadres, ingénieurs, etc. sont à 61% localisés dans ces métropoles) ;
– et connaissent une croissance plus forte de leurs activités que le reste de la France
Là où une seule métropole existait en 2010, 22 seront désormais distinguées sur le territoire national au 1er janvier 2018, en élargissant la métropole aux ensembles de 400 000 habitants (dans une aire urbaine de 650 000 habitants), faisant de la France le champion du monde des métropoles.
Par contre, les réussites territoriales des espaces périphériques ne doivent absolument rien à un quelconque centre. Elles reposent plutôt sur l’innovation endogène, selon une logique d’entrepreneuriat, sans aucun facteur lié à une éventuelle irrigation d’un lieu périphérique par un centre “.
Les politiques publiques doivent se garder d’une approche trop centralisée et uniforme. Stimuler le développement des territoires nécessite de penser à la fois :
– la dynamique des activités économiques, et la façon de les stimuler ;
– la qualité de vie des espaces, et les coûts de la métropolisation, afin d’œuvrer pour éviter que certains territoires demeurent non attractifs,
La dynamique territoriale est également liée à des aspects relatifs à la qualité de vie des populations. Celle-ci dépend de la sécurité des biens et des personnes, de l’intensité de la vie associative et culturelle, d’inégalités pas trop fortes, des facilités et logement et de transport et d’emploi.
Deux paramètres sont significatifs :
– le solde naturel, qui résulte du phénomène démographique lié au solde entre naissances et décès ;
– le solde migratoire, qui prend en compte les arrivées de nouveaux habitants, mais aussi le départ des anciens. Ce solde migratoire est particulièrement intéressant car il permet de saisir l’évolution résidentielle et le fait qu’un territoire peut attirer (ou non) des habitants. On va ici percevoir les migrations liées au passage à la retraite ou au changement de région lié à une quête d’emploi et / ou d’un cadre de vie plus agréable