15 364 transmissions de PME et 5 638 cessations en 2014


"LA CESSION TRANSMISSION DES PME ET DES TPE", les carnets de BPCE l'Observatoire, mai 2017

 Mise à jour des données sur la cession-transmission des PME s’appuyant sur une antériorité de cinq ans et sur une méthodologie qui a peu varié; ce bilan est complété par deux analyses approfondies sur la transmission familiale et le vieillissement des dirigeants. 2 catégories d’opérations sont retenues et différenciées : celles pour lesquelles l’information disponible montre avec certitude qu’une cession a eu lieu et celles pour lesquelles la probabilité d’occurrence est élevée sans être certaine. Une 2éme partie de l’étude est consacrée à la cession-transmission des TPE et fera l’objet d’un autre article dans cette note.  

 

Au total 15 364 cessions ont été identifiées en 2014 (en recul de 6% au regard de 2013); 10 619 sont “certaines” (en recul de 4,6%); 4 745 sont “probables” (en recul de 9%).

Elles sont à comparer aux 5 638 cessations dont 63% sont le fait de cessations judiciaires (le % de cessation judiciaire est proche quelque soit la taille de l’entreprise) et au parc d’entreprise en début d’année de 211 647 PME.

Notons que les cessations sont proportionnellement plus nombreuses dans la tranche des 10-19 salariés (67% des cessations), que les cessions (52%) ou que les PME en stock (59%), alors qu’en proportion les cessations sont nettement moins nombreuses à partir de 50 salariés.

Les cessions-transmissions “certaines” au nombre de 10 619 sont pour les 3/4 le fait d’entreprises de moins de 50 salariés (dont 45% pour les 10-19 salariés). La répartition du type de cession est assez proche quelque soit la taille des entreprises, avec une tendance à ce qu’il y ait plus proportionnellement de holding et de transmission familiale chez les 50 salariés et plus.

Les cessations-transmissions “probables”  au nombre de 4 744 sont un peu plus le fait de changement de dirigeant actionnaire (51,7%) qu’intrafamilial (48,3%); l’intrafamilial est plus présent dans les 50 salariés et plus.

Le taux de cession a diminué entre 2013 et 2014, moins chez les 10 à 19 salariés (-3,6%) et les 20-49 salariés (-5,4%) que dans les tailles supérieures (-7,5 à -7,6%); par ailleurs le taux de cession des plus petites entreprises a tendance à croître, même s’il reste inférieur à celui des entreprises de plus de 20 salariés, et surtout de plus de 50 salariés.    

 

Ce bilan quinquennal confirme des conclusions antérieures qui mettaient à mal certaines idées reçues :

– la probabilité de cession dépend davantage de l’effectif que de l’âge de leur dirigeant; cet écart s’explique largement par une probabilité de cession plus forte parmi les entreprises organisées en groupe, caractéristique elle-même étroitement corrélée à la taille. Si l’on observe les entreprises indépendantes, le critère d’âge est certes plus marqué mais la taille reste déterminante.  : à chaque âge, la hiérarchie des taux de cession reproduit celle des effectifs.

-Une autre idée reçue consiste à assimiler cession des PME et absorption par une grande entreprise; or celles-ci captent 1 à 2% des entités de moins de 100 salariés et environ 5% au-delà. Il reste que pour les structures de plus de 100 salariés, plus de 40% des repreneurs sont des holdings ou des repreneurs multiples, souvent représentatifs de groupes. Il faut néanmoins garder à l’esprit que les groupes détenant une filiale de type PME ou ETI ont in fine pour principale entité productive une PME dans 80% des cas et une ETI dans 10% des cas.

 

La transmission familiale Même en présence d’enfants au sein des entreprises où ce modèle est privilégié, la moitié de leurs dirigeants craignent de ne pas trouver de repreneur familial.

Ce type de reprise reste soumis à une triple condition : l’équité (la répartition du patrimoine ne doit pas léser les autres héritiers), l’appétence (la direction d’une PME ne confère pas une forte reconnaissance sociale dans une société française dominée par les « grands corps ») mais aussi la compétence (acquise en interne ou par une formation). Les disparités sectorielles en la matière sont d’ailleurs révélatrices : la transmission familiale est beaucoup plus fréquente quand la maîtrise de l’activité peut être acquise par l’expérience ou une formation courte (construction, agroalimentaire, industrie, commerce et transports) et plus rare quand elle suppose une forte spécialisation (restauration, information et communication, services aux entreprises…).  

 

Sur les 1 217 transmissions familiales observées trois années révolues après la cession,  le taux de survie est toujours supérieur : 93% pour les 10-49 salariés vs 71%; 95% pour les 50-249 salariés vs 85% et 97% pour les ETI vs 91%, soit en moyenne 93% vs 77.

Les cessions ordinaires affichent une croissance forte dans 10% vs 9% pour les reprises intrafamiliales, mais leur progression est moins régulière (47% en croissance modérée ou en stabilité contre 63% pour une cession au sein de la famille.

“Le diagnostic est donc sans ambiguïté : la transmission familiale est aujourd’hui à la fois utile et efficace pour l’économie nationale.”  

 

Par contre le vieillissement des dirigeants semble s’accélérer : de 14,6% en 2005, la proportion des 60 ans et plus est passée à 17,2% en 2010 et à 21,1% en 2014; la part des 66 ans et plus, après avoir progressé de 0,6 point entre 2005 et 2010, a gagné 2,5 points les 4 années suivantes pour atteindre 8,6%.  

 

Ce risque ne se manifeste pas avec la même intensité selon les secteurs qui se répartissent en 3 groupes, les deux premiers avec un taux de cession élevé parmi les dirigeants âgés (commerce de détail, IAA, information et communication), mais qui se révèle très insuffisant pour les activités immobilières, le commerce de gros et l’industrie manufacturière, dont 11,6% des dirigeants ont 66 ans et plus, et une 3éme catégorie avec des taux de cession faibles (santé et l’action sociale, services aux personnes) avec des risques à court terme et à moyen terme pour les HCR et les services aux entreprises , alors qu’en construction le fort taux de disparition semble réguler.  

 

Au plan territorial, les disparités sont également très marquées: la situation est difficile pour une vingtaine de départements qui cumulent une part de dirigeants de 66 ans et plus supérieure à 10% et un taux de cession au-delà de 55 ans inférieur à la moyenne (notamment en Corse, Guadeloupe, Martinique et Guyane), mais aussi en Alsace et Moselle, Oise, Marne, l’Indre, Creuse, Ariège, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône ou Paris.

À l’opposé, de nombreux départements, notamment sur la façade ouest, disposent de taux de cession après 55 ans assez élevés pour éviter un vieillissement accentué des chefs d’entreprise : l’Ille-et-Vilaine, le Finistère, la Mayenne, la Sarthe, la Loire-Atlantique, le Maine-et-Loire, la Gironde… On retrouve aussi dans cette catégorie certains territoires phares de la transmission familiale comme le Jura, le Loir-et-Cher ou l’Aveyron.