Si les enseignants (notamment ceux en filière professionnelle) sont plutôt ouverts à améliorer l’adéquation enseignement-industrie, une majorité estime que cela est difficilement réalisable


« Les enseignants et l’adéquation entre la formation scolaire et universitaire et l’industrie », IFOP pour l’institut Lily, novembre 2014

 

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 601 personnes, représentatif des enseignants exerçant dans l’enseignement secondaire et supérieur. Le volet quantitatif a été réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 10 au 17 septembre 2014. Le volet qualitatif a été réalisé par questionnaire auto-administré en ligne réalisée du 30 septembre au 7 octobre 2014. La marge d’erreur est égale à 2,4

 

  • Si 39% des enseignants ont le sentiment d’être bien informés concernant les métiers de l’industrie, ils se sentent mieux informés sur les métiers de la fonction publique (66%) et des services (49%).

Les enseignants les plus expérimentés semblent être les mieux informés sur les métiers des différents secteurs évoqués, mais le cas de l’industrie paraît plus complexe, les connaissances sur les sujets des enseignants les plus âgés ne dépassant pas celles des plus jeunes. En revanche, elles se veulent assez logiquement plus importantes pour les personnes exerçant dans des filières professionnelles (52% bien informées contre 38% pour les filières générales).

 

41% ont le sentiment d’être bien informés des filières scolaires et universitaires qui mènent aux métiers de l’industrie, mais 53% des 60 ans et plus contre 38% des 30 à 39 ans ; ce sentiment est aussi corrélée au secteur d’enseignement (68% pour les enseignants en BTS ou DUT).

 

32% des enseignants déclarent avoir eu eux-mêmes une expérience professionnelle dans le secteur de l’industrie (dont 9% une expérience « majeure ») ; 49% des enseignants exerçant dans une filière professionnelle ont déjà travaillé dans le secteur de l’industrie, contre 29% des enseignants des filières générales et techniques.

Par ailleurs, 55% des enseignants ont un proche qui a eu une expérience professionnelle dans le secteur de l’industrie et 50% ont un membre de leur famille qui a connu une expérience de ce type.

 

52% ont déjà visité une usine au cours des cinq dernières années, dont 28% à plusieurs reprises ; 69% dans les filières professionnelles ; davantage aussi pour les enseignants provinciaux (55% contre 39% des enseignants franciliens).

 

40% des enseignants déclarent lire souvent des articles de presse économique, en particulier sur l’industrie ; ce sont plutôt les hommes (56% contre 27% des femmes) et les enseignants du supérieur (60%, notamment 75% des enseignants en BTS ou DUT, contre seulement 36% des enseignants du secondaire).

 

  • Les enseignants ont une image globalement positive des métiers de l’industrie, et leurs connaissances du milieu sont plutôt conformes à la réalité.

Les enseignants associent principalement « innovation » (85%), « qualification » (81%) et « exportation » (81%) aux métiers de l’industrie Pour autant, ils ne sont pas positifs concernant les conditions de travail (80% parlent de pénibilité et 57% de précarité) ; les perspectives ne leur semblent pas bonnes (63% considèrent que le terme « déclin » correspond à l’idée qu’ils se font des métiers de l’industrie),

L’analyse des résultats détaillés montre cependant que les personnes les mieux informées sont globalement les plus positives (notamment les enseignants des filières professionnelles).

 

Les résultats contrastent avec ceux observés auprès des jeunes de 15 à 25 ans en septembre 2013, lesquels avaient une vision plus déformée des métiers de l’industrie.

Une minorité des personnes interrogées juge qu’il n’y a pas vraiment de débouchés dans l’industrie en France et que ce ne sont pas des métiers d’avenir (32%) ; la encore, les enseignants des filières professionnelles croient davantage dans le prestige et dans le potentiel économique des métiers de l’industrie et réfutent davantage les idées selon lesquelles ils sont mal rémunérés (56% contre 49% en moyenne) ou ne constituent pas des métiers d’avenir (25% contre 32% en moyenne).

 

L’attractivité des métiers de l’industrie est néanmoins interrogée par les enseignants : 43% disent l’exercice d’un métier dans l’industrie attirant pour un jeune, un sentiment qui décroît quand on interroge sur l’opportunité pour leurs propres élèves/étudiants de travailler dans ce milieu (38%).

 

Notons que les enseignants les plus expérimentés se montrent plus convaincus de l’attractivité de la filière : 60% d’entre eux estiment que les perspectives des métiers de l’industrie sont attirantes (54% lorsqu’il s’agit de leurs propres élèves), contre 35% des enseignants de 30 à 35 ans et 27% des enseignants de moins de 30 ans. Les personnes exerçant en DUT, BTS ou licence professionnelle sont également plus positives que la moyenne au sujet de l’attractivité des métiers de l’industrie, que ce soit pour les jeunes en général (64%) ou pour leurs étudiants (58%).

 

Les médias sont considérés comme principaux responsables du manque d’attractivité des métiers de l’industrie par 50%, puis les entreprises industrielles (42%), loin devant les organisations patronales (28%) et les parents d’élèves (26%), et l’Education nationale (22%).

 

Ils mettent en évidence les synergies insuffisantes entre l’école et l’industrie ; 77% pointent le manque de discussions avec les élèves/étudiants autour de l’industrie et de ses métiers, n’écartant pas d’ailleurs leur responsabilité ; 83% estiment que beaucoup de leurs collègues ont une vision assez peu actualisée de l’industrie et de ses métiers, Mais ils mettent aussi en exergue les moyens limités dont ils disposent. Une minorité estime toutefois que les programmes ou les enseignements permettent aux élèves/étudiants de bien connaître les métiers de l’industrie (22%) et d’avoir une vision juste de ce que l’industrie est réellement (21%).

Par ailleurs, 37% jugent que sa filière d’enseignement prépare bien aux métiers de l’industrie (56% pour ceux de filière professionnelle).

 

39% des personnes interrogées considèrent qu’il est facile de faire intervenir des représentants de l’industrie ou pour un enseignant d’organiser une visite d’usine ou d’une entreprise individuelle.

55% sont réceptifs à des échanges plus poussés avec les entreprises industrielles, dont 46% à des visites d’usine (mais bien qu’intéressés, 51% jugent cela irréalisable du fait des questions de déplacement et de coûts).

 

61% perçoivent la proposition de former les professeurs aux réalités de l’industrie et de ses métiers dans le cadre de la formation continue comme intéressante mais difficilement réalisable ; une proportion qui culmine à 72% concernant l’organisation de stages d’immersion des professeurs dans les entreprises industrielles.

 

Le rapprochement entre l’école et l’industrie s’orchestre de manière progressive tout au long du parcours des élèves :

Le collège est modérément perçu comme valorisant des valeurs comme le sens des responsabilités (44% abondent en ce sens), le goût de l’innovation (39%), le management d’équipe (22%) et l’envie de créer son entreprise (14%).

Le lycée semble être davantage vecteur de ces valeurs : 66% pour le sens des responsabilités, 55% pour le goût de l’innovation, tout en continuant de pâtir d’insuffisances concernant le management d’équipe (37%) et l’envie de créer son entreprise (28%).

S’agissant de l’université, 77% des enseignants jugent qu’elle valorise le sens des responsabilités, 70% le goût de l’innovation, 56% le management d’équipe et 47% l’envie de créer son entreprise.

 

Dans le secondaire, 59% des enseignants des filières professionnelles évoquent souvent la possibilité de travailler dans le secteur de l’industrie avec ses élèves / étudiants, contre seulement 36% des enseignements des filières générales et techniques.

Dans le supérieur, 81% conseilleraient à leurs élèves/étudiants de travailler dans l’industrie (88% ceux du 1er cycle, les enseignants en licence, master ou doctorat l’étant moins avec 65%).