Les femmes sont moins tournées vers l’entrepreneuriat que dans d’autres pays, du fait de leur propre jugement sur leurs capacités d’entreprendre et le risque encouru.


« L’entrepreneuriat féminin, document d’étape » N°2013-06, Centre d’analyse stratégique, avril 2013

Le propos ici est de reprendre quelques données d’un travail en cours, qui sera complété ultérieurement.

 

La France présente parmi les pays développés un des pourcentages les plus élevés de femmes ne se sentant pas capables de créer une entreprise, mais un taux correct d’opportunités perçues par elles, et finalement un des plus faible taux d’intention de se lancer. Elles ont également moins l’intention de créer des entreprises que les hommes ; dans l’enquête GEM, l’écart sur la décennie (2001-2009) est très significatif, avec 15,9% des hommes contre 9,3% des femmes déclarant une intention de se lancer dans l’entrepreneuriat à court terme ; les taux de créations, y sont de 3,7% pour les femmes contre 7,4% pour les hommes. Ce constat reposerait notamment sur des représentations où les qualités requises pour entreprendre seraient masculines.

 

Trois variables subjectives « d’intériorisation » (se sentir apte à être entrepreneur, la peur d’échouer, le fait de détecter des opportunités pour se lancer) expliquent ces décalages.

 

Dans l’analyse pays par pays, le « facteur femme » n’a pas d’effet statistiquement significatif en Allemagne, au Danemark, voire même aux États-Unis et en Espagne, alors que la France se distingue par le rapport le plus négatif quant à la peur d’échouer. L’écart hommes femmes serait le fruit d’une intériorisation des freins ; les variables subjectives utilisées intègrent en effet les représentations associant création et masculin, particulièrement marquées pour la France.

 

L’enquête patrimoine de l’Insee montre que le rapport au risque est plus marqué chez les femmes chefs d’entreprise que chez les hommes ; les comportements de prudence sont plus fréquents parmi les femmes, une proportion qui varie en fonction notamment de l’âge et du niveau de diplôme.

 

Trois facteurs objectifs de la création d’entreprise

 

-La difficulté de concilier vie professionnelle et vie familiale peut être vue à la fois comme un obstacle ou un facteur positif, l’entrepreneuriat offrant une plus grande liberté pour gérer ses horaires. Par exemple, Paris Pionnières souligne que la conciliation vie professionnelle et familiale n’est pas une difficulté majeure pour la création et le développement de leur entreprise ; le Baromètre Caisse d’Épargne confirme ce constat puisque la peur de rompre l’équilibre familial n’est citée qu’au dixième rang des difficultés par 17 % des femmes et 21 % des hommes.

Dans l’enquête patrimoine de l’INSEE, où l’on observe l’impact de la présence d’enfants dans le ménage sur le fait d’être entrepreneur, le fait d’avoir un enfant ne joue pas significativement sur le fait d’être entrepreneur lorsqu’on est une femme. De plus, dans SINE, le fait d’être en couple avec enfant joue positivement sur le taux de survie.

 

– L’importance de l’expérience : les femmes, plus souvent « primo-entrepreneurs », seraient moins préparées ; l’existence d’un « plafond de verre » les auraient privées d’expérience de direction

 

– L’importance d’avoir un réseau : l’environnement social et professionnel (qualifié plus largement de réseau) est considéré comme un facteur important dans la décision d’entreprendre et dans les performances de l’entreprise. Plusieurs travaux sur l’entrepreneuriat féminin indiquent que les femmes bénéficieraient d’un réseau peu étendu, qu’elles utiliseraient moins d’une façon tournée vers une stratégie professionnelle.