L’évolution des chiffres d’affaires, marges et trésorerie des TPE et PME.


"Que nous disent les comptes annuels 2022 de 1,4 million de petites et moyennes entreprises ?", Banque de France, bulletin N°246/6, mai juin 2023

Méthodologie : fichier FIBEN de la Banque de France relatif aux PME localisées en France, soumises à l’impôt sur les sociétés, et n’appartenant pas au secteur financier.
L’étude exploite les comptes annuels 2008-2022 de 1,404 million d’entités légales, regroupées en 1,264 million d’entreprises, intégrant des TPE (89% des entreprises observées) disposant de bilans sociaux sur la période 2019-2022.

Les TPE concernées sont localisées d’abord dans le commerce et HCR (26%), l’immobilier (24%), les services aux entreprises (21%) et la construction (12%), alors que les PME le sont d’abord dans le commerce et HCR (36%), les services aux entreprises (18%), la construction (16%) et l’industrie (15%).

 

2022 manifeste une progression favorable, comparée à 2021, des chiffres d’affaires, valeurs ajoutées et marges des TPE et PME.

⇒ Progression du chiffre d’affaires et de la valeur ajoutée

♦ Après le choc d’activité de 2020 lié à la crise Covid, le chiffre d’affaires des TPE augmente fortement, pour la deuxième année consécutive : +13,1% en 2022, après +12,5% en 2021 et  -2,5%en 2020, tout comme celui des PME,  avec une hausse de 12% en 2022, de 11,6% en 2021, après un recul de 4,8% en 2020.

Plusieurs facteurs participent à la hausse du chiffre d’affaires en 2022, : d’une part la hausse du secteur des HCR dont le chiffre d’affaires avait lourdement chuté en 2020 et qui se redresse plus tardivement que dans les autres secteurs, d’autre part l’inflation.  

 

♦ La valeur ajoutée augmente fortement en 2022, aussi bien pour les TPE (+13,3%) que pour les PME (+9,4%). La hausse soutenue de la valeur ajoutée suggère que nombre d’entreprises ont répercuté la hausse du coût des intrants dans leurs prix de vente.

Les charges de personnel ont rebondit fortement en 2021 et 2022, et dans une moindre mesure en 2022 du fait de la progression des embauches.

 

♦ L’excédent brut d’exploitation (EBE) des PME (hors TPE) augmente de 4,6% en 2022, alors que pour les TPE, il diminue de 2,6%, notamment du fait de la progression sensible des charges de personnel et de la quasi disparition des aides du fonds de solidarité en 2022.

 

♦ Le taux de marge recule pour les TPE entre 2021 et 2022, mais il reste supérieur à celui de l’avant covid (31% vs 27 en 2019), alors que pour les PME, il reste semblable en 2022 et en 2021 (25%).

Le taux de marge des TPE est systématiquement supérieur à celui des PME (31% en moyenne sur la période 2019‑2022, contre 23%), parce que les charges de personnel des TPE sont structurellement plus faibles, qu’elles sont souvent exemptées de la CVAE et que le secteur de l’immobilier (aux taux de marge supérieurs aux autres secteurs) est élevé. 

⇒ Le taux d’endettement et la trésorerie

En raison d’une dette qui varie peu et de capitaux propres qui se renforcent, le taux d’endettement baisse. 2022 est une nouvelle fois marquée par un renforcement sensible des capitaux propres des TPE (+10%, après +12% en 2021 et +8% en 2020) et des PME (+8%, après +10% en 2021 et +5% en 2020). Ce résultat ne doit pas être surinterprété, découlant pour les TPE de la surreprésentation du secteur immobilier.

 

Il n’y a pas d’inquiétude généralisée sur le remboursement des PGE, où les TPE sont 81% des entreprises bénéficiaires et 28% des montants accordés (soit 553 800 microentreprises pour 40Md€ de prêts), tandis que les PME représentent 14% des entreprises bénéficiaires et 47% des montants accordés (soit 98 900 entreprises pour 68Md€). Plus de 95% des entreprises remboursent correctement leur PGE.

 

Au 1er trimestre 2023, l’accès au crédit des PME reste semblable à la situation d’avant crise Covid, malgré une remontée des taux. 

Après les hausses record enregistrées entre 2019 et 2021, la trésorerie des PME baisse en 2022, mais reste à un niveau élevé. La trésorerie médiane des TPE, exprimée en jours de chiffre d’affaires, s’établit à 76 jours en 2022 (12 jours de moins qu’en 2021), mais 25 jours de plus qu’en 2019 et celles des PME ressort à 59 jours en 2022 (11 jours de moins qu’en 2021, mais 18 jours de plus qu’en 2019).

 

Si l’on se concentre sur les entreprises présentes 4 années de suite, environ les 2/3 des TPE ont vu leur trésorerie (rapportée au chiffre d’affaires) augmenter entre 2019 et 2022 ; il en est de même pour les 3/4 des PME. 

 

Selon la cotation Banque de France afin d’apprécier l’évolution de la capacité de remboursement des entreprises à un horizon de 3 ans, la proportion d’entreprises ayant une cote inéligible est plus importante chez les TPE (65%), plus fragiles, que chez les PME (40%). Cependant, au‑delà de cet écart structurel, la crise sanitaire n’a pas bouleversé la capacité de remboursement des entreprises. Pour les TPE, 69% en 2020, 64% en 2021 et 65% en 2022) et pour les PME, 47% en 2020 et 40% en 2022.

 

Pour en savoir davantage : https://www.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/bdf246-7_eti_web.pdf

Et pour les ETI

L’analyse des comptes 2022 des ETI témoigne d’une bonne situation financière pour relever les défis de 2023. En 2022, les indicateurs financiers se sont améliorés (chiffre d’affaires, valeur ajoutée et excédent brut d’exploitation) et ont dépassé les niveaux d’avant-crise. Même si la trésorerie, mesurée en jours de chiffre d’affaires, s’est dégradée par rapport à 2021, les niveaux demeurent supérieurs à ceux de 2019.

 

Les encours de crédit se sont accrus et le renforcement plus important des capitaux propres a permis d’afficher de meilleurs taux d’endettement par rapport à 2021. En conséquence, les ETI bénéficient de ressources propres accrues pour faire face aux investissements de 2023 et leur santé financière, mesurée par la cotation Banque de France, s’améliore encore.

 

Pour en savoir davantage : https://www.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/bdf246-7_eti_web.pdf