Les freins à l’entrepreneuriat et les pratiques de management chez les femmes


" les caractéristiques entrepreneuriales : résultats France, Allemagne, Italie", fondation WIF/ BNP Paribas, mai 2018

Objectif de l’étude : quelles sont les freins à l’entrepreneuriat et l’entrepreneuriat féminin en particulier ? Comment s’inspirer des bonnes pratiques dans d’autres pays proches ?

Méthodologie : 400 réponses dont 225 en France (74% de femmes), 77 en Italie (62% de femmes), 65 en Allemagne (femmes quasiment).

 

L’hétérogénéité et le petit nombre de répondants conduisent à interpréter avec prudence les résultats; toutefois, abordant des questions souvent peu traitées, les tendances repérées sont utiles comme base de travaux pour d’autres études à venir. Par ailleurs, en ce qui concerne la France, la difficulté pour comparer les résultats de cette étude, réside dans le fait que l’on dispose de peu de données permettant des comparaisons.

 

⇒ Profil des répondantes : 

 

40% des femmes sont seules contre 21% des hommes, en particulier en Allemagne où 80% des femmes sont célibataires et sans enfant. En France, les femmes sont trois fois plus nombreuses que les hommes à ne pas avoir d’enfant (29% contre 10%) alors qu’en Italie c’est l’inverse (50% des hommes n’ont pas d’enfant contre 24% des femmes). 

Au sein des créations d’entreprises Françaises, cette situation est rare, la très grande majorité vivant en couple, notamment avec enfant.

-73% des répondants et des répondantes ont plus de 35 ans, sans différence notable sur le sexe ou le pays.

-Les entrepreneurs sont plutôt très diplômés avec une moyenne de 75% détenant un Master ou diplôme d’Ecole de Commerce et seulement 16% en moyenne ayant un Bachelor ou équivalent. Les hommes ont 2 fois plus souvent un Phd et les femmes plus souvent un Master (44% contre 33% pour les hommes).

Ces quelques caractéristiques manifestent un public très spécifique.

 

⇒ Profil des entreprises :

 

-Les ¾ sont des créatrices dont 90% en France, 80% en Allemagne et seulement 51% en Italie.

47% des femmes ont pris la décision d’entreprendre après 35 ans, pour les hommes la décision s’est faite plus tôt dont 36% durant leurs études contre 23% pour les femmes.

-Au global 63% des entreprises ont moins de 10 salariés et 12% plus de 50; en Italie 24% ont plus de plus de 50 salariés, sont plus anciennes et plus souvent des entreprises familiales reprises.

–Une majorité des répondants déclarent un CA annuel inférieur à 500K€. Les femmes, plus souvent sur des micro structures, sont 55% à avoir un chiffre d’affaire annuel inférieur à 500 KE contre 44% des hommes. Ils sont deux fois plus nombreux à avoir un CA supérieur à 10 millions d’euro;  En Italie toutefois, elles sont 40% à avoir un CA entre 1 et 5M€

 

Les femmes ont des structures en moyenne plus petites, avec moins de chiffre d’affaires que celles des hommes.

Les femmes ont un rapport au capital de leur entreprise différent de celui des hommes, souhaitant globalement plus garder le contrôle et ceci même en neutralisant l’effet taille des entreprises.

Dans la perspective d’une augmentation de capital, les femmes déclarent plus orienter leur stratégie de développement sur une diversification des produits, alors que les hommes privilégient davantage la création de filiales ou d’acquisitions.

 

-Elles sont en majorité dans le secteur de l’industrie, du commerce ou de l’agroalimentaire en Italie. Les entreprises en France sont plus souvent dans le conseil (40%), le e-commerce, le service aux personnes et les hautes technologies. En Allemagne, c’est le conseil (48%), l’agroalimentaire et la logistique.

-51% des femmes et 28% des hommes déclarent une mixité parmi les fondateurs. Cette tendance est encore plus forte en Italie avec 83% des femmes contre 42% en France et 50% en Allemagne

 

⇒ Les Motivations à l’entrepreneuriat

 

3 motivations priment : “le salariat ne convenait pas”, “être utile à la société”, ” le soutien de l’entourage”.

Celles ci sont assez proches quel que soit le sexe, les hommes citant plus souvent le rejet du salariat et les femmes le soutien de l’entourage.

Dans les 3 pays, la raison d’entreprendre est principalement liée à l’environnement salarial insatisfaisant, ce sentiment étant amplifié pour les moins de 35 ans. La seconde motivation: l’engagement sociétal, est plus présente chez les moins de 35 ans. Cette motivation étant moins citée en Allemagne. La satisfaction des clients et la fierté de créer des emplois sont également partout une forte motivation. Il n’y a qu’en Italie où le modèle familial joue un rôle important avec 80% des répondants qui ont des parents entrepreneurs contre 35 à 37% en France et en Allemagne.

 

⇒ Les freins à l’entrepreneuriat

 

3 freins assez communs : 

-Le plus marquant et le plus commun se trouve dans les contraintes familiales (entre 63 et 76%, mais 90% pour les femmes en Italie),

-Le besoin de mettre en adéquation vie professionnelle et valeurs (39 à 46%), mais davantage en Allemagne (57-63%),

-L’autocensure ou le trop peu de confiance en soi (63-86%), sauf les italiens très repreneurs (11-19%)

 

4 autres freins sont nettement moins cités :

-Le fait que les femmes ne prennent pas assez de risques (6-25% sauf 42% pour les femmes en France),

-Le fait de manquer de modèles satisfaisants (24-33%),

-La résistance au stress moins bonne que pour les hommes (3-13% sauf femmes en Italie 22%),

-L’accès plus difficile au financement (38-42% pour les femmes en France et en Allemagne).

 

Noter que très peu se disent déçus de ce qu’ils vivent.

 

⇒ Les pratiques de management des femmes et des hommes

 

Il est intéressant de remarquer que dans les pratiques repérées comme les plus habituelles (orientées business, équitables et humaines, clairement communiquées, intuitives, consensuelles), les femmes, quand elles jugent ces pratiques, se notent mieux que les hommes, alors que les pratiques des hommes sont jugées proches par les hommes et les femmes.

 

 

⇒ Des stéréotypes femmes, hommes

 

Les stéréotypes ont été mesurés en présentant une liste fermée de 13 mots, les répondants devaient cocher un ou plusieurs mots en réponse aux questions : « diriez-vous que vous êtes… » puis « de manière générale, les femmes entrepreneurs sont… » et « de manière générale, les hommes entrepreneurs sont… »

 

Les femmes entrepreneurs seraient perçues comme combatives et courageuses, à l’écoute des équipes, pragmatiques et tournées vers l’action mais ne seraient pas politiques et autoritaires; par contre les femmes se perçoivent pragmatiques, à l’écoute des équipes et participatives, Intuitives et combatives mais pas autoritaires.

 

Les hommes entrepreneurs seraient ambitieux, sûrs d’eux ,  stratèges, autoritaires mais Ils ne sont pas à l’écoute et éthiques; ils se perçoivent comme stratèges, pragmatiques, à l’écoute des équipes, combatif et pas autoritaires.