La DREAL et les DDT(M) des Pays de la Loire en partenariat avec le CEREMA, les CCI, Nantes Métropole et la Communauté de Communes du Pays de Pouzauges ont réalisé entre juillet 2017 et juin 2018 une étude prospective sur la logistique du dernier kilomètre, l’ecommerce et les leviers d’actions dans les centres villes et les centres bourgs. L’étude a été confiée aux bureaux d’études Logicités et Samarcande.
3 séries d’entretiens qualitatifs auprès des acteurs publics et économiques et des associations de commerçants ont été menées entre décembre 2017 et janvier 2018 à Ernée, Pouzauges et Sablé-sur-Sarthe, territoires d’enquête choisis pour cette étude. Ces entretiens ont été complétés par des enquêtes auprès des commerçants points relais.
L’augmentation annuelle globale du nombre de colis en circulation est aujourd’hui supérieure à 15%. Cet accroissement spectaculaire du volume global transporté s’accompagne d’une fragmentation des envois, de plus en plus dispersés géographiquement, et qui concernent des colis de plus petite taille.
Un des enjeux est la rapidité des livraisons, un des principaux défis auxquels sont confrontés les acteurs logistiques du e-commerce. Mais dans le même temps, la gestion des flux retour se pose (des taux de 20 à 50% dans les secteurs de la chaussure et de l’habillement).
⇒ Contrairement à une idée reçue, les espaces ruraux, ou les petites et moyennes villes de territoires ruraux, sont autant concernés par l’e-commerce que les espaces urbains.
D’ailleurs, 53% des e-commerçants français sont implantés dans des villes de moins de 20 000 habitants; les ruraux sont aussi presque autant econsommateurs que les urbains.
⇒ Les comportements d’achat et le rapport à la mobilité diffèrent toutefois :
→ La dépendance à l’automobile en zone rurale, favorise les drives et les commerces de transit sur des points de passage automobile entre le travail et le domicile.
→ L’e-commerce élargit le choix de produits, plus restreint dans les petites villes et les zones rurales et constitue alors un moyen de réduction de l’isolement et de fixation de l’habitat. Le prix, autre motivation importante d’achat, l’est encore plus en zone rurale souvent caractérisée par un accès plus limité aux produits, un choix restreint et des prix élevés.
Sans oublier la carence en commerce.
→ Enfin, l’e-commerce à travers la démultiplication des solutions de livraison, retraits et dépôts de colis, constitue un point d’ancrage de lien social. Le turnover des points relais est moins important en zone rurale. Ils constituent un élément de pérennité et de fidélisation des relations commerçant-client.
⇒ Les résultats de l’enquête
♦ Sur la perception et la réalité de la vacance commerciale :
– Les taux de vacance commerciale en centre-bourgs sont élevés (15-20%); par ailleurs, des commerces s’éloignent des cœurs de ville; certains locaux souffrent de leur petite taille, parfois de leur vétusté, et de loyers élevés qui incluent généralement la surface d’habitation attenante souvent inutilisée,
-Le stationnement n’apparaît pas comme une cause première des difficultés (suffisamment de places, gratuité ou zone bleue) ; en revanche, les détours pour accéder aux centres-bourgs sur les trajets du quotidien domicile travail sont pénalisants,
♦ Sur la place du e-commerce, les principales conclusions sont les suivantes :
*Le numérique, qui semble à première vue éloigné des préoccupations des commerçants (peu de sites internet en propre), s’avère être intégré chez les commerçants par plusieurs fonctions : nombreux comptes pro Facebook (la moitié des adhérents de l’association des commerçants de Sablé-sur-Sarthe), inscriptions aux market places de proximité, fonctions de point relais,
*Mais l’usage qui est fait de ces outils numériques de vente est perfectible ou peut aboutir à des échecs (Pulse à Sablé-sur-Sarthe),
*De même, les bénéfices du e-commerce sont mal mesurés : quel est l’impact sur la notoriété d’un commerce d’une page pro Facebook ou quel est réellement le taux de réachat chez un commerçant point relais (1 client sur 10 est une proportion souvent évoquée)
*Si l’e-commerce n’est pas réellement vu comme une menace, il n’apparaît pas comme une réelle opportunité, perçu souvent comme complexe et éloigné du métier de base du commerce physique,
♦Sur l’importance des points relais, les grands traits identifiés sont les suivants :
Ils constituent un maillon du lien social entre commerce physique et commerce dématérialisé (permettant aux commerçants d’échanger avec leur clientèle),
Et sont un moyen d’augmenter à moindre coût la notoriété du commerce, constituant un apport de rémunération (de l’ordre de 300€ par mois)
Et un intérêt environnemental puisqu’ils consolident les flux de livraison,
Ils imposent néanmoins des contraintes d’espace de stockage (plus prégnants dans les centres-bourgs ruraux où les surfaces commerciales sont plus réduites) et de disponibilité temporelle (nombreuses opérations à réaliser lors de la réception des colis et lors des retraits).
Ils constituent un moyen de faire évoluer le magasin en un « espace multi-services » de retrait mais aussi de dépôt de colis, et pouvant accueillir des fonctions postales (Relais Postaux Urbains)
3 objectifs sont proposés :
Objectif n°1 : faire des territoires ruraux et des petites villes des territoires numériques
Objectif n°2 : faire du e-commerce un vecteur de développement économique
Objectif n°3 : adapter le territoire urbain et rural au e-commerce