Source : les déclarations sociales nominatives (DSN)
Si on peut se réjouir de la hausse des embauches, la progression du flux des départs l’explique pour bonne part.
⇒ Les embauches
♦ Au 2éme trimestre 2022, en France métropolitaine, 6 615 100 contrats de travail sont signés dans le secteur privé (hors agriculture missions d’intérim, et particuliers employeurs).
Le nombre d’embauches accélère au 2éme trimestre 2022 (+6,1% après +1% au trimestre précédent) et se situe 8,1% au-dessus du niveau atteint au 4éme trimestre 2019. Les embauches progressent pour le 6éme trimestre consécutif.
Les CDD du 2éme trimestre comptent pour 82,8%.
♦ La hausse des embauches concerne notamment les établissements de moins de 10 salariés (+11,6% après -12,5% au 1er trimestre 2022) ainsi que ceux comptant entre 10 et 49 salariés (+7,4% après +11%) et dans une moindre mesure dans les établissements de plus de 50 salariés (+2% après +4,6%).
♦ Cette progression concerne exclusivement le secteur tertiaire (+6,6% après +0,9% au 1er trimestre 2022), tandis que les embauches se replient dans l’industrie (-0,2% après +1,9%) et dans la construction (-4,6% après +1,3%). Dans les trois cas, les embauches dépassent leurs niveaux d’avant la crise sanitaire.
♦ Les embauches augmentent de façon marquée pour les CDD (+7,3%, à 5 479 300, après +1%) et de manière plus modérée pour les CDI (+0,4%, à 1 135 800, après +0,7%).
Les embauches en CDD dépassent le niveau atteint avant la crise sanitaire (+6,2%), et plus encore pour les CDI (+18,2%).
♦ En parallèle, le nombre de nouvelles missions d’intérim recule (-0,6% après +2,1% le trimestre précédent) pour atteindre 5 416 900 en métropole, hors agriculture, dépassant son niveau d’avant-crise (+5,5% par rapport au 4éme trimestre 2019).
⇒ Mais les fins de contrat accélèrent
♦ 6 519 300 fins de contrat soit +6,4% après +0,4%, dépassant de 6,9% le niveau atteint au 4éme trimestre 2019.
Cette hausse concerne plutôt les établissements de moins de 10 salariés (+11,2% après -12,9%), et ceux entre 10 et 49 salariés (+8,3% après +9,4%), moins plus de 50 salariés (+2,6% après +4%).
♦ Cette hausse est principalement portée par le secteur tertiaire (+6,7% après +0,2%) ; elle est moins forte dans la construction (+1,4% après 0%) et dans l’industrie (+2% après +4,1%).
♦ 5 410 900 CDD ont pris fin, dont 81% des contrats de moins d’un mois ; leur nombre accélère (+7,1%), notamment au regard du 4éme trimestre 2019+5,2%).
Les moins d’un mois arrivés à terme progressent le plus vite (+8,2% après +0,5%), vs une hausse modeste des plus d’un mois (+1% après +1,5%). Les ruptures anticipées de CDD augmentent de 9,3% (après -2,7%).
♦ Le nombre de fins de CDI repart à la hausse (+3,3% après -0,6%), dépassant de 15,9% le niveau atteint avant la crise. Les démissions de CDI continuent de progresser pour le 6éme trimestre consécutif.
Dans le même temps, les fins de période d’essai, les ruptures conventionnelles et les licenciements pour un motif autre qu’économique rebondissent (respectivement +4,9%, +4% et +2,4% après -4%, -5,2% et -1%). Les licenciements économiques se replient (-10,8% après +11,9%), de même que les départs en retraite après un CDI (-5,5% après +6,4%).
Au 2éme trimestre 2022, les fins de CDI se partagent entre les démissions 44,1%, les fins de période d’essai (19,9%), les licenciements (16,3%), les ruptures conventionnelles (11,4%), les départs en retraite (5,5%).
Au final, le flux des embauches conduit à 95 800 salariés en plus au regard du 1er trimestre, notamment au sein des CDD (+ 68 400), contre 27 400 pour les CDI.
Pour en savoir davantage : Les embauches accélèrent au 2e trimestre 2022 | Dares (travail-emploi.gouv.fr)
“Démission silencieuse : les entreprises prises à leur propre jeu”, Les Échos Entrepreneurs du 01/10/2022 : une lecture éclairante des statistiques de l’emploi. Sebastien Olleon.
“Ces comportements ont pris de l’ampleur quand les entreprises, confrontées à une concurrence mondiale exacerbée, ont tenté de fonctionner différemment. Quand leur modèle taylorien d’exécution de tâches précises et successives ne permit plus d’obtenir un niveau satisfaisant de qualité et de réactivité, elles demandèrent aux salariés des efforts supplémentaires pour faire preuve d’adaptabilité et de coopération.
Et par peur de perdre le contrôle de l’exécution de tâches désormais moins définies et plus complexes, elles multiplièrent les procédures, les indicateurs et les pratiques coercitives de management. Créant ainsi un cadre stérile, voire stressant, de plus en plus démotivant pour les salariés.
Si pendant le confinement, les salariés ont « fait le job”,…. la pandémie a aussi profondément changé le rapport des salariés à l’autonomie. Car dans la majorité des cas, ils ont su gérer avec succès cette crise hors normes en s’affranchissant de process et de contrôles inadaptés pour se concentrer avec leur encadrement de proximité sur l’essentiel.
Pourtant, très peu d’organisations ont engagé le travail nécessaire pour capitaliser sur les acquis de cette période. La plupart sont revenues aux pratiques anciennes de défiance, de contrôle, de reportings qui alimentent d’autant plus puissamment les stratégies de retrait qu’elles sont la négation du remarquable esprit des équipes pendant la pandémie….
Les salariés prennent alors les entreprises à leur propre jeu : puisqu’on les prive excessivement d’autonomie et qu’on gaspille leur temps dans les transports sans véritable raison, ils n’ont en retour aucune raison de faire davantage que ce qui est stricto sensu dans leurs attributions. Et réservent leur supplément d’engagement aux sphères privées ou associatives.