Sources : les données quotidiennes agrégées de transactions par carte bancaire CB permettent d’établir un baromètre de la consommation des ménages à haute fréquence. Elles ne couvrent certes pas l’ensemble de la consommation compte tenu des autres moyens de paiement, mais en représentent une partie importante (de l’ordre de 60%) et peuvent être utilisées pour établir une tendance. Les données dont nous disposons couvrent à ce jour les semaines 2 à 26 (soit jusqu’au 28 juin).
Pour étudier l’existence éventuelle de lien entre comportement de consommation et risques sanitaires, la corrélation entre les variations de dépenses et le nombre d’hospitalisés Covid‐19 pour 10 000 habitants par semaine/département au mois d’avril, a été effectuée.
Une baisse pendant le confinement pour les produits non essentiels et une forte reprise ensuite.
⇒Une approche globale
Alors que le montant total des transactions par carte bancaire CB était en recul de 50% en début de confinement par rapport à 2019, il s’est un peu redressé jusqu’à début mai tout en restant largement inférieur à son niveau de 2019 : entre -40 et -30%. En période post confinement celle‐ci retrouve un niveau proche voire même légèrement supérieur à 2019.
l’INSEE tablait dans sa note de conjoncture de décembre 2019 sur une croissance de la consommation des ménages de l’ordre de 2,5% au premier ou au deuxième trimestre 2020 (en valeur et en glissement annuel) . Il importe par ailleurs de tenir compte de la baisse des retraits d’espèces en DAB (en juin 2019, de 15% inférieurs à ceux de 2019), un recul encore plus massif durant la période de confinement. Ce phénomène a été intégré pour estimer la consommation totale chez les commerçants; celle-ci a bien rebondi mais se trouve de la mi‐mai à la fin juin à un niveau légèrement en dessous de sa valeur de 2019 (– 2%).
⇒ Ce rebond de la consommation ne correspond pas toutefois à une situation homogène suivant les secteurs d’activité.
3 catégories ont été distinguées :
− les secteurs dits essentiels (ouverts durant le confinement) représentent 72% du total des montants des transactions en 2019 et les 3/4 en 2020 (hormis les premières semaines du confinement) . Le niveau de consommation est un peu plus élevé qu’en 2019,
− les secteurs qui étaient fermés durant le confinement mais qui ont rouvert à partir du 11 mai (18% du montant total des transactions en 2019) : alors que la consommation relative à ces commerces était largement contrainte durant le confinement (30% seulement du niveau de 2019), elle connaît un rebond spectaculaire à partir du 11 mai (+ 20% au regard de 2019).
− les secteurs qui sont encore fermés en fin de confinement, jusqu’à la fin mai (tels que cafés, restaurants, cinémas…(10% du total) ; le niveau de consommation reste très faible (à 40% du niveau de 2019, puis à partir du 1er juin, plusieurs commerces qui restaient fermés depuis le 11 mai ont rouvert mais d’une façon graduelle sur le territoire, ce qui conduit à une augmentation sensible de la consommation sans toutefois retrouver au bout de quatre semaines le niveau de consommation de 2019.
⇒ 3 recherches de corrélation
– Selon l’intensité du covid : durant la période de confinement, la consommation a un peu plus chuté quand la crise sanitaire était plus forte (à l’aune du nombre d’hospitalisation Covid‐19 pour 10 000 habitants). Même si cette relation semble se confirmer en période post‐confinement, le pouvoir explicatif semble cependant très faible.
– Une recherche de corrélation entre la consommation et l’évolution du chômage a été faite. Par rapport à 2019, dans les départements où le nombre de demandeurs d’emploi a plus augmenté, la consommation a davantage chuté pendant la période de confinement ; ce lien faible ne se confirme toutefois pas dans les semaines qui suivent.
– Enfin, pour cerner les hétérogénéités possibles entre les ménages, l’étude a analysé la consommation par habitant dans six départements depuis le début de l’année : trois départements avec un niveau de vie élevé (Hauts‐de‐Seine, Yvelines et Rhône) et trois départements avec un niveau de vie parmi les plus bas en France (Nord, Aude et Creuse), qui connaissent tous les six une exposition variable au risque sanitaire Sans surprise le niveau de consommation moyen par habitant (transactions par carte bancaire) est sensiblement plus élevé en temps normal dans les départements à plus haut niveau de vie; en
période de confinement, alors que la consommation chute partout en 2020, les niveaux de consommation se rapprochent considérablement entre départements « riches » et « pauvres » en se réduisant à un étiage de consommation en biens essentiels. Au bout d’une semaine de déconfinement, chacun semble retrouver rapidement son niveau de consommation normal ou quasi normal.
⇒ Zoom sur deux secteurs : services aux entreprises et construction (transactions entre entreprises).
Pour la construction, ont été retenus les codes commerces en matériel de construction réservé aux professionnels (entreprises générales du bâtiment, plomberie, électricité, maçonnerie, charpenterie, couverture, béton, autres matériels), tandis que pour les services aux entreprises ont été observés les services de nettoyage/maintenance, audit et comptabilité, gestion et les services commerciaux.
Ces deux secteurs d’activité ont connu une chute brutale au début du confinement, plus encore le secteur de la construction. Le retour à la normale s’opère très graduellement dans le secteur des services aux entreprises, sans beaucoup de lien avec la fin du confinement, et sans phénomène de rattrapage de la consommation perdue. Le rebond dans le secteur de la construction semble avoir été plus rapide dans le courant du mois d’avril, et après quelques semaines hésitantes, il devient plus spectaculaire en post‐confinement avec un niveau de consommation très supérieur à celui de 2019.
Pour en savoir davantage : http://www.cae-eco.fr/Focus-no44-Consommation-des-menages-pendant-et-apres-le-confinement-que-nous-521
Lire aussi : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4630781