Près de 80% des entreprises de sous-traitance sont artisanales ; 26 000 sont actives dans la vingtaine d’activités qui constituent le cœur de la sous-traitance industrielle et emploient 130 000 actifs avec un chiffre d’affaires de 13,4Md€ (dont 5,3 en sous-traitance partielle)


« Tableau de bord des entreprises artisanales de sous-traitance industrielle : Chiffres clés : pratiques et besoins de fi­nancement », ISM, décembre 2014

Sources :

– INSEE : base de données « démographie des entreprises »

– ACOSS/URSSAF : établissements employeurs de moins de 20 salariés actifs

– Enquête sur les pratiques et besoins de financement, avec une étude menée en deux temps :

* Une enquête nationale par voie téléphonique en septembre 2013 auprès de 1402 entreprises artisanales (tous secteurs dont 65 entreprises de sous-traitance industrielle).

* Un questionnaire spécifique sous-traitance diffusé par les CMA (d’Alsace, Nord-Pas de Calais, Rhône-Alpes, Pays de la Loire), aux entreprises actives dans ces activités sur leurs territoires (par voie postale ou courriel), entre décembre 2013 et mars 2014) ; 290 questionnaires complets en retour.

Les résultats sont donc plutôt indicatifs de la situation des TPE employeuses.

 

Les entreprises artisanales sont de l’ordre de 80% des entreprises de sous-traitance industrielle et de 78% des créations 2013 hors autoentrepreneurs :

 

Nbre total

entreprises

Dont artisanales

% entreprises

artisanales

Nbre total

de création

Dont artisanales

Compris auto-entrepreneurs

Dont artisanales non

Compris auto-entrepreneurs

2003

31 866

24 537

77

1 574

1 409

1 409

2008

31 547

24 857

79

1 833

1 637

1 637

2013*

32 066

25 913

81

2 623

2 466

2 057

Evol 2013/2008

+0,6

+5,6

 

+67

+75

+46

         * y compris autoentreprises

 Ces entreprises sont fortement intégrées dans les filières industrielles, majoritairement positionnées sur des savoir-faire de spécialité.

Le nombre d’entreprises artisanales est prépondérant (au-delà de 80%) dans les deux principaux secteurs (décolletage et mécanique industrielle, chaudronnerie) ; il est moindre (autour de 50%) dans les activités de boulonnerie, visserie, ressorts, dans la fonderie et dans l’industrie électronique ; certains groupes d’activités sont en recul, notamment les activités de fabrication de moules et modèles (-28%), les activités de l’industrie électronique (-18%) ou du caoutchouc/plastique (-10%), alors que l’activité de chaudronnerie est en forte croissance (+18 %).

 

Décolletage,

Méca indust

Chaudron-

nerie

Caoutchouc

plastique

Traitement

métaux

Forge

découpage

Moules

modèles

Industrie

électronique

Boulon-

nerie

Fonderie

2003

12 877

6 374

1 206

1 518

1 161

614

335

231

221

2007

12 454

6 836

1 206

1 497

1 100

525

305

246

204

2013*

13 431

7 545

1 097

1 555

1 107

442

272

247

217

Evol 2013/2008

+4,3

+18,4

-8

+2,4

-4,7

-28

-18

+6,9

-1,8

 130 000 actifs dont 98 802 salariés en 2013, en baisse constante (en 2001, 115 400 salariés, en 2007, 108 500, en 2010, 101 700) ; 4 activités sont particulièrement affectées : le décolletage (-40% des salariés depuis 2000), la fabrication de moules et modèles (-32%), l’installation de structures métalliques chaudronnées (-22 %).

 

En 2013, 43% des entreprises n’ont pas de salarié (35% en 2009), 41% ont au moins 3 salariés (47 en 2009), dont 15%, 10 et plus (17% en 2009) ; les entreprises sans salarié sont concentrées dans les activités de forge-estampage-matriçage (69% fonctionnent sans salarié), la réparation de machines et équipements mécaniques (59%), les activités de chaudronnerie (réparation d’ouvrages en métaux 49%, installation de structures métalliques et chaudronnées 50%). Dans les autres activités, les entreprises employeuses sont majoritaires avec une taille moyenne comprise entre 5 et 8 salariés

La création d’activités reste dynamique, mais il s’agit principalement d’unités sans salarié.

 

La principale région de localisation des entreprises est la région Rhône-Alpes, notamment au sein des départements du Rhône, de l’Isère, de Haute- Savoie, de la Loire et de l’Ain ; on constate une très bonne correspondance avec celle de l’emploi  industriel salarié en France, exception faite de la Région Ile-de-France où le tissu artisanal est peu dense dans ces activités (exception, la Seine-et-Marne, et dans une moindre mesure le Val-d’Oise) ; Les autres départements présentant un tissu développé sont les départements du Nord, des Bouches-du-Rhône, de la Gironde, de Moselle, de Loire-Atlantique, du Bas-Rhin, de Seine-Maritime et de Haute-Garonne.

Comparativement à leur population, les départements des Ardennes, de la Haute-Marne, du Doubs et du Jura affichent également des densités élevées, témoignant de la survivance d’un savoir-faire territorial dans ces activités

Entre 2003-2013, certains bassins historiques de la sous-traitance industrielle sont en recul :  -17% en Haute-Savoie, -10% dans le Rhône et le Doubs, sont par contre en progression, les Bouches-du-Rhône, le Var, la Loire-Atlantique ou le Bas-Rhin.

L’étude propose une carte des localisations par grande activité.

 

En 2013, 34% ont connu une baisse de leur activité (au même niveau que l’ensemble des entreprises artisanales) et 41% font le constat d’une dégradation de leurs marges (+9 points au regard de l’ensemble des entreprises artisanales et +8 points au regard de 2012), du fait d’une pression sur les prix de la part des clients/donneurs d’ordre et de l’augmentation des coûts de production.

Toutefois 9% font état d’une hausse de leurs marges, un résultat obtenu le plus souvent par des stratégies combinées : positionnement sur des travaux de niche, développement de la clientèle, répercussion des hausses de coûts sur les prix ou renégociation avec les fournisseurs.

 

37% des entreprises sont dans une situation financière préoccupante ou très préoccupante (28% pour l’artisanat dans son ensemble), due en grande partie aux retards de paiement des clients/donneurs d’ordre (36% sont régulièrement payées avec retard et 29% plusieurs fois par an) ; en outre,  69% sont payés 45 jours et plus après la facturation; noter aussi que 30% ont des commandes avec des délais irréalisables.

Les entreprises de 3 à 9 salariés semblent plus touchées.

 

Corollaire de la dégradation de l’activité et des marges, les trésoreries sont en baisse par rapport à l’année précédente chez 35% des entreprises (26% en 2012) ; 38% déclarent avoir des problèmes de trésorerie (21% pour l’ensemble de l’artisanat).

Ces problèmes de trésorerie sont liés à la nature du marché de ces entreprises (en BtoB) et ne sont pas uniquement conjoncturels ; 19% ont des problèmes permanents de trésorerie (contre 7% dans l’ensemble des entreprises artisanales) ; par ailleurs, 14% déclarent avoir souffert d’impayés de façon répétée.

 

35% (21% de l’ensemble des entreprises artisanales) ont mobilisé des financements externes pour investir, soit à travers des prêts bancaires (37% contre 16) ou du crédit-bail (21% contre 7). 

Concernant les besoins de trésorerie, ils sont 36% ; le découvert bancaire est moins sollicité (26% au lieu de 34% pour l’ensemble de l’artisanat), au profit notamment du prêt bancaire de trésorerie (10% contre 3%) ; 11% ont recours à l’affacturage (contre 3%), 6% au crédit commercial fournisseur et 7% au Dailly.

Concernant le fonds de roulement, ils sont 19% : 16% ont injecté des fonds personnels (contre 22%), 4% ont eu recours à la famille (contre 3%).

Noter que ceux en société ont constitué leur capital social en faisant appel principalement à la famille et en second à des associés.

 

Mais 49% empruntent quand ils ne peuvent pas faire autrement (69% pour l’ensemble des artisans) ; toutefois, 22% recourent systématiquement au prêt bancaire ; cette part augmente au-delà de dix salariés (15% en deçà, près de 35% au-delà).

47% déclarent avoir intégralement autofinancé des projets en 2013 (contre 27% pour l’ensemble des entreprises artisanales).

L’autofinancement ne pouvant suffire, près des ¾ ont mobilisé un financement externe dans les douze derniers mois (17 points de plus que l’ensemble des entreprises artisanales).

 

Ceci étant, 44% ont sollicité un prêt bancaire dans les douze derniers mois (19% pour l’ensemble des entreprises artisanales).

Le principal poste d’investissement financé par prêt bancaire concerne le renouvellement de matériel (17%, mais 20% ont été autofinancés), suivi par les achats de véhicule (12% et 8% autofinancés), l’achat d’équipements nouveaux (10% et 10% autofinancés), 6% un projet immobilier (4% autofinancés), 6% de l’immatériel (autofinancés principalement) et 3% la création de nouveaux produits (autofinancés principalement).

85% des entreprises ont obtenu satisfaction à leur demande de crédit, un taux similaire à celui des entreprises artisanales dans leur ensemble. 42% ont dû produire une garantie (gages ou hypothèques sur l’investissement, sur le patrimoine personnel et d’associés).

 

Noter que 42% ont au moins 2 banques (contre 20% des entreprises artisanales).

Les relations avec les banques sont bonnes dans 70 % des cas, mais 30% sont insatisfaites de leur banque principale (contre 20)

 

37% détiennent un diplôme de l’enseignement supérieur et disposent plus souvent d’outils de gestion que la moyenne des entreprises artisanales :

– 50% ont un compte de résultat prévisionnel (33% l’ensemble de l’artisanat)

– 46% un plan de trésorerie prévisionnel (29%)

– 65% un tableau de bord de suivi de l’activité (48%)

Pour les questions financières, ils demandent d’abord conseil à leur expert-comptable (79%), puis à leur banque (33%), à des relations personnelles (14%) ou professionnelles (15%), rarement à la CMA (6%), à la CCI (3%), ou à leur organisation professionnelle (2%)

Les fonds de garantie de l’artisanat (SIAGI, SOCAMA) demeurent très largement méconnus (12%) ; 1% y ont eu recours. 5% déclarent par ailleurs avoir mobilisé une aide : le CICE, la Caisse d’assurance Retraite et Santé (CARSAT), Bpifrance (notamment la Prestation Technologique Réseau).

 

En termes développement à venir (3 citations possible), 67% affichent un objectif de stabilisation de l’activité (60% en première citation), mais aussi 36% un objectif de développement (48% en 2012), 14% celui de « sortir des difficultés », 13% de préparer leur transmission (11% ont plus de 60 ans).

              43% souhaitent prospecter, développer les marchés (mais seulement 11% en première citation), 30% envisagent d’investir dans l’outil de travail pour développer les capacités de production et 16% rationaliser les moyens pour baisser les charges d’exploitation (mais seulement 2% en première citation). En raison de difficultés financières, 27% déclarent avoir reporté des investissements.