L’analyse de la Médiation du crédit sur la situation financière actuelle des PME et des TPE


« La médiation du crédit aux entreprises, rapport d’activité 2013 », non daté, lu en avril 2014

Le travail de proximité que la Médiation du Crédit mène auprès des entreprises lui permet de suivre étroitement leur situation financière ainsi que le comportement des établissements de crédit.

 

Une distribution peu dynamique des crédits aux entreprises en 2013

En 2013, l’endettement bancaire et obligataire des sociétés non financières (hors entreprises individuelles) a continué de progresser (+ 1,7% en rythme annuel), une progression qui s’explique exclusivement par la croissance de l’endettement obligataire (+ 4,9% sur un an), l’encours des crédits bancaires s’étant légèrement contracté (-0,1%), du fait de deux mouvements divergents : la poursuite de la progression des crédits à l’investissement (+ 1,9%) et de la diminution des crédits de trésorerie (- 6,1%) et des autres crédits (-0,7%).

L’encours mobilisé des crédits aux PME indépendantes, s’élevait à 362,4 Md€ en octobre 2013 ; Il a continué à progresser en glissement annuel (+ 0,5%) mais plus lentement que l’année précédente.

Cependant, la distribution du crédit aux PME est relativement hétérogène (dynamique dans certaines régions, beaucoup plus faible dans d’autres).

 

Selon les enquêtes de la Banque de France auprès des PME, celles qui ont demandé un crédit à leurs banques ont bénéficié d’un taux d’obtention des crédits à l’investissement très satisfaisant (90% en moyenne depuis le début de l’année) même si, selon le dernier baromètre KPMG-CGPME, une partie des dirigeants de PME (37%) déclarent se restreindre dans leurs investissements et réduire leurs demandes aux banques en raison des difficultés d’accès au crédit.

 

Leur taux d’obtention des crédits de trésorerie a été inférieur mais a sensiblement progressé au cours de l’année 2013, pour atteindre 75% au troisième trimestre. Cependant, selon l’enquête de la BPI et celle de l’IFOP réalisée pour le compte de la CGPME et de KPMG, beaucoup de PME, notamment les TPE déclarent rencontrer des difficultés de trésorerie ou d’accès au crédit.

A cette situation, s’ajoute un phénomène d’autocensure en ce qui concerne la demande de crédit. Cette situation n’apparaît pas catastrophique au regard de la situation prévalant dans les autres pays de la zone euro.

 

Les TPE tendent, en cas de difficulté, à solliciter davantage, dans un premier temps, leur crédit-fournisseur, et parfois la CCSF avant d’entrer en médiation ou de s’adresser directement au tribunal de commerce ; dans un contexte conjoncturel difficile, qui accroît en outre l’hétérogénéité des situations et des secteurs, les TPE se montrent réticentes à investir et ont tendance à ne demander de financement qu’en cas de besoin incontournable.

 

La faiblesse des bilans en 2012 a eu pour conséquence une dégradation des cotations de certaines entreprises et a ainsi réduit leur éligibilité au financement bancaire, expliquant en partie l’augmentation des garanties exigées par les banques. Les PME se plaignent aussi de l’alourdissement des procédures et des délais de réponses à leurs demandes de crédit et critiquent également l’éloignement des centres de décision par dessaisissement des chargés d’affaires au profit des comités de crédit, ainsi que les changements trop fréquents de leurs

 

A ce jour, l’Observatoire a rendu publics trois rapports sur le financement des entreprises : rapport sur le financement des PME-ETI, avril 2011-rapport sur l’accès au financement des très petites entreprises, septembre 2011-rapport sur le financement des PME-ETI, juillet 2012.

Le premier rapport avait montré que les PME et ETI françaises avaient préservé, pour l’essentiel, leur situation financière, avec une trésorerie en 2010 supérieure à celle dont elles disposaient avant le début de la crise financière, les situant au-dessus de la moyenne européenne ; ce renforcement de la trésorerie des PME était associé à un comportement de précaution, exercé aux dépens de l’investissement ; la progression de la trésorerie et la hausse de la rentabilité depuis le milieu des années 1990 ne s’étaient pas traduites par des investissements dynamiques sur la période, le taux d’investissement des PME restant structurellement plus faible que celui des ETI et des grandes entreprises ; en 2013 cette caractéristique s’est renforcée.  Le taux de marge des PME a de nouveau baissé en 2012, venant diminuer leur capacité à autofinancer leurs investissements, tandis qu’en parallèle elles faisaient l’effort de maintenir leur trésorerie.

 

L’Observatoire a décidé d’orienter les travaux menés en 2013 vers la question des liens entre marges des entreprises, financement et investissement ; le rapport qui sera publié en 2014 approfondira ces questions et celle d’un nouveau rapport sur le financement des TPE.